On ne hurlera pas avec les loups.
Le principe de non-affectation des recettes budgétaires de l'État, interdisant de lier juridiquement une recette à une dépense, implique qu'une baisse de rentrées fiscales affecterait l'ensemble du budget de l'État et que le gain opéré à partir d'une diminution de la TIPP pourrait alors se traduire par une baisse du niveau de rémunération des fonctionnaires, y compris ceux qui utilisent leur véhicule pour se rendre sur leur lieu de travail.
Ou par une autre baisse.
C'est le jeu du chat et de la souris mais à finalité assurée : c'est toujours le chat qui gagne.
Les arguments du désir d'accession à la propriété invoqués pour justifier la construction en campagne sont faibles. D'abord parce qu'on peut devenir propriétaire d'un appartement.
Il s'agit davantage d'un signe de désir d'avoir « son château au milieu de ses terres » qui traduit un refus de la mise en société et de la politique.
La politique (polis = ville) n'appartient qu'à la ville et n'appartient qu'à elle. Qui pourrait avoir voix au débat qui n'habite pas la ville ?
S'exclure de la cité, c'est aussi s'exclure du débat démocratique.
Cette urbaphobie n'est pas nouvelle. Elle peut renvoyer à une simple aversion ou à une angoisse pathologique.
Ainsi va-t-on s'installer au vert tout en polluant quotidiennement l'environnement ne serait-ce que pour aller acheter une baguette de pain et, aussi, pour se rendre à son travail dans la ville voisine.
Par habitant, la ville pollue dix fois moins que l'habitat rurbain. Par habitant, elle dépense beaucoup moins d'énergie. Par habitant, elle mange moins de foncier et préserve davantage la bio-diversité et les terres agricoles.
La ville est non seulement plus juste et louable, elle offre aussi le seul habitat écologique digne de ce nom.
Les ruraux d'hier n'étaient pas ceux qui habitaient la campagne, mais ceux qui vivaient de la campagne.
Penser qu'on revitalise la campagne en créant un bourg-dortoir est une bien étrange illusion.
La nature préférerait qu'on la laisse tranquille et qu'on s'en préoccupe un peu moins. La transformer en jardin public n'est pas ce qu'on peut faire de mieux.
On sent le parfum maurassien dans ce retour impossible à une France de l'Ancien régime et cette peur du côté rebelle et modernisateur de la ville. Une odeur qui fait aussi sentir sa contradiction : décentraliser l'habitat mais installer un pouvoir fort et puissant.
Mais à l'époque de Maurras on ignorait ce que polluer signifiait tout autant que les conséquences désastreuses de la pollution.
Un diagnostic a été établi qui fait consensus, comme son remède : il va falloir diviser par quatre les émissions de CO2.
La ville n'est pas un monstre. Il suffit de se la réapproprier en la réhabilitant.
Faire baisser la pression fiscale sur les carburants serait un signe contraire à celui qui doit être envoyé, et, de toute façon, serait vain.
Car le problème de demain ne sera pas le prix, mais l'approvisionnement.
Il restera du pétrole, certes, très cher et pour les plus gros acheteurs. Pas pour nous.
Croire qu'une substitution énergétique est une solution possible relève de la même myopie. Un véhicule produit plus de CO2 pendant sa phase de construction que pendant toute sa durée de vie.
Quant au véhicule électrique qu'un Breton nous promet, c'est une farce. Si le parc automobile français était remplacé par des véhicules électriques, il faudrait doubler le nombre de centrales nucléaires.
Autant dire que nous en aurions une, cette fois, à Plogoff…
Peut-être deux…..
Come gather 'round people Wherever you roam And admit that the waters Around you have grown And accept it that soon You'll be drenched to the bone. If your time to you Is worth savin' Then you better start swimmin' Or you'll sink like a stone For the times they are a-changin'. Bob Dylan
Le 12 juin 2008
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne