Nous venons d’assister à des scènes qui remplissent nos coeurs d’émotion.
Saint Malo, qui n’était plus que le panthéon de Jacques Cartier et de François-René de Chateaubriand renaît de la froideur de ses murs. Un réchauffement fugitif a fait se presser la foule transie auprès de la gare. En ce mois de décembre 2005, un père noël d’un nouveau style est descendu du ciel avec des promesses par milliers.
C’est une contrefaçon du TGV.
Et il apporte un cadeau, une révélation qui nous fait davantage penser à l’épiphanie qu’à Noël. Oui, vous tous malouins et habitants des contrées alentours, vous qui ne rêvez que de vous rendre à Paris, là où il y a la mecque de la république, ce jour est arrivé où enfin vous allez pouvoir réaliser ce voyage exceptionnel en économisant quelques 20 voire 30 minutes de transport !
Le vieil homme sur le quai est resté muet. Lui qui fait la manche au même endroit depuis plus de 10 ans, après que le tribunal ait mis son entreprise en dépôt de bilan et que le fisc gourmand lui ait pris jusqu’à son dernier centime, n’en revient pas.
A Saint Malo, bon port de mer….. Aucun travail n’est arrivé……
Il est donc opportun de poser quelques questions.
A) La ligne LGV de Le Mans à Rennes devrait être réalisée si la décision prise par le gouvernement en décembre 2003 lors d’un comité interministériel de l’aménagement du territoire est respectée. On sait que l’enquête d’utilité publique devrait être lancée fin mai 2006 et que les travaux pourraient commencer en 2009.
1) On sait que la situation financière de la France est si catastrophique que le FMI est susceptible d’intervenir d’un jour à l’autre.
Question 1 :
Peu importe la nature d’un projet, encore faut-il avoir la capacité financière pour le réaliser. A-t-on les moyens d’un tel investissement ? Sauf à surcharger lourdement l’endettement des générations à venir, la réponse est non.
B) Des travaux de modernisation de voies de Rennes vers Brest et vers Quimper sont envisagés. Ils permettraient aux rames de rouler à 200 km/h au lieu des 160 km/h.Le président de la région Bretagne, J-Y Le Drian, affirme que ces lignes seront desservies par des TGV pendulaires. Le président de la SNCF, Louis Gallois, est plus prudent. Il dit : qu’il faut savoir si c’est possible techniquement. Un autre responsable de la SNCF, sous le couvert de l’anonymat, a déclaré : « le pendulaire a été une solution à laquelle on a pensé sur Paris-Strasbourg et sur Paris-Toulouse, mais qui a été abandonnée, car elle coûte cher par rapport aux gains de temps permis.
Question 2 :
Qui dit vrai ?
C) Non seulement la SNCF gomme le territoire et pense en vitesse/itinéraire, mais elle ne le pense que par rapport à Paris. La grande vitesse détériore la densité des relations de proximité inter et intra-régionales. Elle bénéficie sans surprise à Paris. (et pas à Saint Malo comme une certaine naïveté pourrait le laisser faire accroire)
Question 3 :
Que signifie aujourd’hui la poursuite aveugle d’une logique centralisatrice ?
Question 4 :
Où est la Région Bretagne ?
L’action publique en Bretagne doit être conduite par la région. Ceci est d’autant plus pertinent dans le domaine des transports que la mobilité quotidienne est avant tout régionale. L’échelon territorial en termes de mobilité, c’est la région, car il est à la charnière entre le global et le local et de plus il colle au mieux à l’éloignement des relations domicile/travail qui augmente avec la périurbanisation.
Et que l’on cesse de faire référence au tourisme. Les touristes extra-régionaux utilisent très peu le train. Ceux en provenance de France utilisent la voiture, 84%, en provenance de l’Ile de France, 82% et en provenance du Grand Ouest, 86%......
Nous l’avons déjà mentionné dans un précédent communiqué, mais d’autre pays, comme l’Allemagne ou la Suisse, ont placé le transport régional ferroviaire au centre de l’offre de mobilité alternative à la voiture, très souvent avec succès, comme c’est le cas avec le tramway ferroviaire de Karlsruhe (Allemagne) qui fait office à la fois de tramway urbain et de train léger express régional dans les communes environnantes. Pourquoi ne pas s’inscrire dans cette même voie en Bretagne ?
Question 5 :
A Monsieur le Maire de Dol-de-Bretagne.
Une ligne Lamballe – Mont St Michel pourrait voir le jour.
Pourquoi rester paralysé par le surcoût de la gestion SNCF ?
Ainsi la gestion d’un autorail par un seul conducteur-contrôleur, amène des baisses importantes de coûts : selon une étude de CROZET et HÉROUIN (1999), les coûts TER-SNCF s’établissaient à la fin des années 90 à 57 FF/km, contre 25 FF/km pour des services TER-SNCF potentiellement optimisés à 1 agent et 16 FF/km pour des services du type CFTA (en regard, le coût d’un service de bus interrégional s’élève à 10 FF/km environ).
Ce qui est impensable à la SNCF est réalisable et réalisé ailleurs.
Nous invitons les élus des communes qui voient passer ce TGV qui n’en est pas un à rejoindre l’esprit fédéraliste et à se libérer de la confiance aveugle dans un régionalisme qui n’est qu’un simulacre, un faire-semblant qui ne sert que les intérêts de la capitale.
Car demain, privilège de l’image oblige, et force de l’Etat impose, le TGV simulé fera que vous n’aurez plus aucune desserte réelle.
Jean-Yves QUIGUER Mouvement Fédéraliste de Bretagne