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- Interview -
Frédéric Mitterrand à Quimper : «Dans quelques semaines, je soutiendrai, à l'Assemblée Nationale, un texte de loi au sujet des langues régionales»
Jeudi 9 juin. Congrès des villes moyennes. Quimper. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand est interrogé par les élus locaux. Naïg Ar Gars, conseillère régionale UDB pose la question
F. Lécuyer pour ABP le 11/06/11 12:22

Jeudi 9 juin. Congrès des villes moyennes. Quimper.

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand est interrogé par les élus locaux. Naïg Ar Gars, conseillère régionale UDB pose la question de la place des langues régionales dans la politique culturelle française. Politique jugée «trop parisienne» par l'élue autonomiste s'appuyant notamment sur le dernier rapport de la Cour des Comptes qui parle d'«une politique culturelle de plus en plus parisienne, s'agissant notamment» poursuit-elle «des musées mais aussi des fonds culturels alloués en général; au patrimoine et aux équipements culturels situés “en province”, comme on dit dans certains milieux parisiens.»

Réponse intégrale de Frédéric Mitterrand

«Pour vous répondre tout de suite, première chose, je lis quelque fois ça et là que je serais réticent à l'égard des langues... mais en aucun cas, en aucun cas... je suis au contraire très attentif à cette question. Je peux vous dire que lorsque je fais des déplacements en Corse ou en Bretagne comme aujourd'hui je prends la mesure de la question. Je dois vous dire aussi que je prends la mesure de la question lors de mes déplacements en Outre-mer car l'Outre-mer est un domaine dans lequel l'action culturelle a été, par période me semble-t'il, un peu négligé. Et là aussi je vois le réservoir extraordinaire de langues qui se trouvent. Je ne parle pas de la Guyane où il y en a 27, mais je pense par exemple au créole, à la Martinique et à la Guadeloupe et je précise que dans la mesure où le but est d'arriver à une harmonie entre les langues régionales et la langue française proprement dite, j'ai engagé un plan de traduction en créole des principaux chefs-d'oeuvre de notre littérature de manière à ce qu'il y ait un véritable pont entre les deux. Et moi je vois la question des langues régionales dans le cadre d'un contexte plus large. Qui est de veiller d'abord à ce que, dans notre pays, il n'y ait pas une masse importante d'enfants et d'adolescents qui sont à l'école sans plus parler notre langue et que, par ailleurs, une manière d'aborder notre langue et de se sentir confortable en quelque sorte, excusez-moi cette familiarité, avec la langue de ses ancêtres voire de sa famille. Donc je ne vois pas du tout de différence entre les deux. Il n'y a pas un combat pour la langue et une combat pour les langues. C'est comme ça que je vois les choses. Et ne croyez pas qu'il y ait de ma part une réticence, il n'y en a pas».

«Deuxième chose que j'observe, d'une part les langues régionales sont inscrites au texte même de la Constitution, mais que évidemment quand on présente cet argument,on considère que ce qui est inscrit dans la Constitution, peut être aussi accompagné par un certain nombre de textes réglementaires et de textes de loi. Je vous précise que dans quelques semaines, je soutiendrai, à l'Assemblée Nationale, un texte de loi à ce sujet... qui permettra un certain nombre d'avancées auxquelles je pense que vous serez sensibles».

«La troisième chose que je voudrais dire c'est qu'il ne faut pas toujours demander tout à l’État. L'une des raisons des difficultés que rencontrent certaines langues régionales c'est qu'on en les parle plus dans la famille. Et que quand les enfants arrivent dans les écoles ou qu'ils suivent la filière de la langue régionale à laquelle ils sont attachés, ils apprennent cette langue comme si c'était une langue étrangère ce qui n'était pas le cas il y a 30 ans ou 40 ans. Et donc... d'une part, moi je suis tout à fait partisan que l’État et notamment le ministère de la Culture et de la Communication qui a la main sur cette question notamment, fasse la part du chemin qui est nécessaire et qui est légitimement demandée par les défenseurs des langues régionales et les associations, mais il faut aussi qu'il y ait un véritable travail sur soi, qui soit effectué, de manière à ce que nous puissions marcher d'un même pas».

«Ça c'est une première série de réponses, deuxième série de réponse,le rapport de la Cour des Comptes. Alors que j'ai le plus grand respect pour la Cour des Comptes, qui exerce un contrôle sérieux, quelque fois tatillon - et tant mieux ! - sur l'usage des deniers publics. Mais je dois dire que là en l’occurrence, c'est pas parce qu'il me concerne, mais le rapport qui a été fourni me semble un peu léger, et d'ailleurs il ne me concerne pas parce que dans un rapport fait sur les musées, la seule personne qui n'a pas été interrogée, ça a été le ministre ! Donc je pense que là il y a un petit problème. Ensuite, les neuf musées qui ont été inventoriés sont tous des musées de la région parisienne. Alors je comprends qu'effectivement, lorsqu'on fait un rapport sur les musées de la région parisienne on ait tendance à expliquer que la région parisienne prend tout mais je crois que vous m'avez entendu sur ce que j'ai dit précédemment, moi je fais le contraire donc je ne me reconnais pas non plus du tout dans l'assertion générale de ce rapport. Et puis je constate que ce rapport a pris beaucoup de temps à être rédigé et que peut-être comme ce qui prend beaucoup de temps, la noble assemblée n'était pas si satisfaite que ça de ce résultat et qu'elle a hésité pendant un certain temps avant de le rendre public».


Soulignons que, selon Le Télégramme de vendredi, le ministre de la Culture a déclaré la veille à Brest qu'il ne prendrait aucune initiative en faveur des langues régionales.

Les semaines à venir devraient nous éclairer sur cet étonnant rétropédalage ministériel.

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 1371 lectures.
Fabien Lécuyer est spécialisé dans l'enquête journalistique, les mouvements "en marge" du bipartisme et les mouvements indépendantistes .
Voir tous les articles de de F. Lécuyer
Vos 10 commentaires
iffig cochevelou Le Samedi 11 juin 2011 12:56
Voilà plus de cent ans que l'Etat français tente d'exterminer notre langue, et il faudrait lui trouver des excuses : quand on veut tuer son chien , on l'accuse de la rage !
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Léon-Paul Creton Le Samedi 11 juin 2011 14:24

« Naïg Ar Gars, conseillère régionale UDB pose la question de la place des langues régionales dans la politique culturelle française. »
Pourquoi ce genre de question est encore posé aux « Pinocchio » français, franco-bretons et gallo- gréco romains ? Pourquoi un certain nombre de « militants bretons » et soi-disant « partis dévoués corps et âmes à la cause bretonne » s’obstinent inlassablement à la poser à intervalles plus ou moins réguliers, sans se sentir un tantinet ridicules ? Cela me semble ahurissant ! Quelqu’un veut-il encore illusionner les Bretons sur l’utilité et l’efficacité de nos gardes ruz ha gwen du corps et de l’esprit?
Voilà des décennies et des décennies que cette question ne devrait plus être posée. Il n’y a que le gâtisme, la sénilité des structures et des hommes qui fassent perdurer ce genre de questionnement répétitif ! Du radotage ! La réponse en parole et en actes est connue depuis fort longtemps…
Indignez-vous bien entendu ! C’est de bon ton et de bonne lecture ces temps-ci ! C’est bien de poser les bonnes questions ? O.K !!! Mais elles ne seront bonnes seulement quand nous aurons « IMposé » les réponses! Cette aptitude autorisera toutes les bonnes questions que vous voudrez, « aux voyageurs de commerce » de l’état jacobin français.
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Emilie Le Berre Le Samedi 11 juin 2011 17:26
Tout ça n'est que de l'enfummage. La naïveté des bretons est déprimante.
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Yann le Bleiz Le Mardi 14 juin 2011 10:51
Soyons clair, l'état refuse de signer les textes internationaux liés au droit des minorités nationales (dont font parti les Bretons) malgrè les recommandations régulières de l'ONU et de l'Union Européenne.
Pourquoi l'état ne souhaite pas signer ces textes, si ce n'est pour pouvoir les violer à sa guise...?!
Monsieur Mitterrant, votre travail n'est pas d'y réfléchir, mais à faire en sorte que l'état français se conforme aux droits de l'homme.
Les bretons attendent donc la signature de ces textes internationaux! Le reste c'est du baratin!
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Amaury Mauzé Le Mardi 14 juin 2011 17:23
Pourquoi continuer à s'adresser à l’État français, qui ne nous écoute pas (ou fait au moins semblant, quand je vois cet article) ?
Serions-nous pas satisfait de le faire nous même (au moins ce serai fait) ?
Pourquoi continuer à nous plaindre, sur des questions dont ils vont nous dire ce qu'on veut entendre pour que nous arrêtions de nous plaindre, et ne pas agir?
Nous avons les moyens d'agir, donc agissons par nous-même, et là nous pourrons montrer que nous sommes capable de trouver nous-même solutions à nos problèmes, effacer petit à petit l’État français de notre paysage breton (qui soit dit en passant n'a rien à faire là), et retrouver notre indépendance.
LA FRANCE NE SE BOUGERA PAS POUR LA BRETAGNE, ALORS BOUGEONS NOUS POUR ELLE.
KENTOC'H MERVEL EGET BEZAÑ SAVTRET.
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Caroline Le Douarin Le Jeudi 16 juin 2011 03:11
Pourquoi, pourquoi ? M. Creton et M. Mauzé, mais parce que la Bretagne est en France, justement.
Madame Le Gars a très bien fait de lui poser cette question. Il faut les "user", les "bassiner"... Après avoir dit à Brest qu'il allait ne prendre aucune initiative, il a dû en entendre de toutes sortes pendant sa virée à Ouessant.
Résultat, entre Brest et Kemper, il a soudain décidé de pondre un texte, et il nous l'annonce à Kemper où il a déclaré aussi être "très attentif". C'est moins négatif, non ?
Par contre son dernier paragraphe pour moi est hors sujet... juste du baratin pour se faire valoir.
AGIR vous dites ?
Oui. Alors qui vient à Nantes samedi ? Même si...
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Amaury Mauzé Le Jeudi 16 juin 2011 11:23
Marcher dans la rue ne fait pas avancer les choses, ça n'y changera rien, ils ne se bougerons pas plus, car ils en ont rien à foutre. Je serai à Nantes samedi, pour prendre des contacts avec différentes associations qui seront présente.
Et pour la Bretagne en france, c'est ce que la france veut vous faire croire, je l'ai cru avant de savoir.
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Léon-Paul Creton Le Jeudi 16 juin 2011 11:51

Caroline Le Douarin…Je sais peu de choses mais que la Bretagne soit en France, ça je le sais, et encore c’est une détermination conventionnelle! Et ce, depuis près de soixante années en conscience et j’y vis depuis près de soixante dix, hormis mes années de navigations diverses autour de cette planète. En plus de la Bretagne, je peux même vous dire, où se trouvent des petits ports et leurs pays d’origine comme Bugo, Cébu, Tolédo, Beaumont, Puerto Ordaz, Mukhallà ou Kompong Som, Matadi et Port-Vendres, mais le temps passe et Saïgon ne sera jamais pour moi, Ho Chi Minh ville. J’arrête là !
Oui je sais que la Bretagne se trouve, exactement là où cette notion géographique s’est toujours trouvée depuis des centaines de milliers d’années. Elle était même Bretagne et historique avant que la France n’existe.
Le véritable problème c’est que les bipèdes, qui occupent cette entité spatiale soient eux, en France et surtout que cette France se soit installée, elle, dans leur tête ! Après toutes les tribulations historiques que nous connaissons. Et que si ces manifs sont « utiles », j’ai considéré depuis les années 80, précisément 1981, que ce n’était pas cette méthode « unique et somme toute sécurisante », qui changerait le statut et la Vie des Bretons ! En mettant sac à terre « le naïf » _peu instruit_ qui sur les mers avait été très loin de l’information courante, devint militant, colleur d’affiches la nuit, pour les élections, Gilles Servat, Stivell et bien d’autres…Il a participé « ce naïf » aux réunions de cellules, de fédération, aux assemblées générales, aux fêtes du Peuple Breton où il a servi à table, lavé et essuyé des centaines d’assiettes…bref « le naïf » donnait dans le sacerdoce !!! Mais sa prise de conscience de ce qu’est un parti politique se faisait ! Oh lentement ! Oooh très lentement ! Dame il n’avait pas connu lui l’Université française (très formatrice), ses syndicats étudiants, l’UNEF… Mais « naïf » ne veut pas dire obligatoirement, idiot ! Imbécile (sans béquilles) ne veut pas dire non plus abruti, donc très rapidement Caroline j’ai pris la décision d’arrêter de prendre au sérieux ce jeux, ce militantisme stérile à la date butoir fixée au 10 ( ?) mai 81 ! Puisque que Fanch Mitt ; allait nous ouvrir une erre nouvelle…Quelle blague, hein ! Il fut un handicap de plus ! Il eut un effet démobilisateur de la part de ceux qui se placèrent dans la main de…DIEU qui souvent les dispersèrent ! Sans dire à ceux qui restaient : Croissez et multipliez-vous ! Certes non ! ( ;0))
Donc sans aucune illusion sur le neveu… plutôt sans envergure.
J’avais assez bien compris au mode de fonctionnement et les choix de l’action des partis et mouvements (groupuscules) bretons, que ceux-ci ne matérialiseraient JAMAIS ce qu’ils prétendaient, clamaient, affichaient et manifestaient (et que dire des Pc, Ps, RprUmp, etc…)!!! Petits et divisés « qu’ils étaient » ces combattants bretons, englués dans leurs idéologies ennemies(ces jeux vidéos manichéens, dont les manettes sont à Paris et ailleurs) et leurs intérêts particuliers. Je pense que vous « l’êtes » toujours…
Mai 81 ! Nous sommes en 2011 la Bretagne régresse inexorablement à peu près partout, dans tous les domaines ! ECHEC et presque MAT !
J’espère au moins que ma modeste défection personnelle de militant idéaliste, n’en ai pas la cause ?…
Je ne connais pas votre âge Caroline, mais trente ans sont passés, à droite ET à gauche vous utilisez toujours les mêmes vieux outils (Internet n'est souvent pas bien utilisé), les mêmes vieux réflexes, les mêmes mots, la même certitude de détenir le bon moyen d’action, la vérité…Mais je considère que si les idéologies opposées, ces facteurs de divisions permanents ne sont pas écartés, si l’unité Bretonne ne se fait pas sur un projet de fond, vous êtes condamnés à reproduire décennies après décennies les mêmes erreurs, les mêmes fonctionnements, les mêmes usures…le même résultat (?).
Mais au fond c'est peut-être un rite de passage de l'adolescence...à la vieillesse...
Agir ? Nantes je connais ! Comme marin lorsqu’il y avait encore une marine marchande, des cargos encore amarrés à ses quai et non toutes ces friches et vieux hangars délabrés durant des années ; Nantes aussi comme manifestant breton, et Rennes, et Guingamp, et Quimper, et Brest, et St Brieuc.
Une chose pourtant a bien changé : Je ne suis plus « naïf !!!... Mais si vous me convoyez, j’irai peut-être à Nantes…
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Gregor Le Lann Le Jeudi 16 juin 2011 15:11
On s'en fiche de vos textes de lois, on veut des actes, du concret!
(Une télé 100% en breton, une présence de la langue partout dans la vie publique. Bref, tout ce que cette bande d'Enarques parisiens ne nous accordera jamais. Entre nous, miser l'avenir du breton sur une politique du ministère de la culture, est-ce vraiment sérieux ?)
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Amaury Mauzé Le Vendredi 17 juin 2011 12:44
N'oublions pas le gallo, Gregor, c'est assez important aussi, nous ne pouvons pas défendre une langue "régionale" en en tuant une autre!
Pour ce qui est des actes, ils n'en sera rien, comme je l'ai dis dans mon précédent commentaire, c'est au peuple d'agir, et je ne pense pas que se balader dans la rue changera les choses (ça fait plusieurs décennies que ça n'a pas changé, malgré qu'on est tout le temps à manifester).
Je serai quand même à Nantes demain, pour affirmer mon soutient aux revendications bretonnes. D'autres moyens d'actions sont à réfléchir.
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