Franck Cammas et ses hommes passent en deuxième place, dans “L'aire de glace”

- Communiqué de presse -

Les quatre leaders ont passé la première marque virtuelle de la limite des glaces, dans un vent de sud-ouest qui se renforce à plus de 30 noeuds avec des rafales à 45 noeuds. Les navigateurs font le dos rond en maintenant toutefois des vitesses proches de 20 noeuds.

Vincent Borde Par Franck Cammas - Groupama le 24/03/12 2:25

Communiqué de presse du 23 mars 2012 17 h 23

Le point culminant de la tempête australe qui balaye le Pacifique Sud est attendu pour samedi soir (heure française) lorsque le centre de la dépression sera proche de la flotte et que la deuxième marque virtuelle de la limite des glaces (47° S - 130° W) sera en vue. La brise devrait alors dépasser les 40 noeuds avec des rafales supérieures à 50 noeuds sous les grains. Mais cette violence des éléments ne devrait durer que quelques heures car la perturbation, qui remonte de l'Antarctique depuis deux jours, va ensuite replonger vers le Sud en se comblant lentement. Heureusement, le plus fort de ce coup de chien devrait passer en plein jour, ce qui est une bonne nouvelle quand la lune nouvelle n'apporte aucune luminosité lors des courtes nuits de six heures.

Se maintenir au contact

La stratégie de course est donc totalement différente depuis jeudi lorsque les leaders sont entrés dans la zone au Nord des glaces. L'objectif premier de tous les skippers et de leurs équipages est de sortir de cette dépression en parfait état. Non seulement pour le matériel car il reste encore 5 000 milles à couvrir, mais surtout pour les hommes qui sont déjà marqués par la fatigue cumulée avec le froid de l'air et l'eau glaciale qui court en permanence sur le pont. Les derniers pointages indiquent que Groupama 4 est en-dessous de ses possibilités de vitesse pour justement préserver le bateau. Franck Cammas et ses hommes ont ainsi perdu un peu de terrain sur les néo-Zélandais, soit environ dix milles en une demi-journée. Il en est d'ailleurs de même pour les Américains et les Espagnols qui ont aussi levé le pied.

Dans ces conditions extrêmes, le but est de ne pas se faire décrocher. Si Camper maintient son rythme parfois supérieur de deux noeuds vis-à-vis des autres concurrents, il va certes gagner encore de la marge ces prochaines 36 heures, mais cela ne devrait pas dépasser les cent milles dimanche matin. C'est justement à ce moment-là que les voiliers vont pouvoir incurver leur route vers le Sud-Est, en direction du cap Horn. Le vent restera de secteur sud-ouest à ouest en diminuant à 25-30 noeuds, c'est donc un bord de vent de travers qui est au programme après la deuxième marque virtuelle de la limite des glaces. Puis, en début de semaine, le final vers le cap Horn s'annonce très rapide avec un flux de nord-ouest de 20-25 noeuds.

Longer l'aire de glace

La Direction de Course de la Volvo Ocean Race avait décidé en début de semaine de remonter de 2° la limite des glaces suite à l'observation de quelques icebergs au nord du 50°S. Le risque de rencontrer des growlers est donc très faible mais c'est le froid piquant venu de l'Antarctique qui est le plus dur à supporter pour l'équipage de Groupama 4. Une eau de mer à 5°C, une température de l'air proche de 3°C à la nuit tombée et surtout un vent réel de plus de 35 noeuds qui génère un vent apparent sur le pont de plus de 60 km/h. La perception du froid est donc intense à l'extérieur et rien ne permet vraiment de se réchauffer à l'intérieur, à l'exception des quelques heures où le moteur est mis en route pour recharger les batteries.

En permanence douchés par les embruns et la mer, marinant dans un air saturé d'humidité, Franck Cammas et ses hommes attendent le passage du cap Horn programmé pour mercredi comme une véritable délivrance ! Dans ces conditions brutales aux portes des glaces antarctiques, le froid engourdit les corps particulièrement sensibles aux chocs, rendant toute manoeuvre extrêmement pénible. Ce week-end sera le pire de la Volvo Ocean Race pour tous les équipages.

A noter que le voilier chinois a décidé de faire demi-tour vers la Nouvelle-Zélande suite à la rupture de la mèche de safran tribord ayant provoqué une voie d'eau que l'équipage de Sanya a circonscrite.

Enfin, le voilier émirati n'est pas favorisé par les prévisions météorologiques : Abu Dhabi, avec 475 milles de retard, n'a pu accrocher la dépression australe et va devoir traverser une zone de vents faibles ce week-end. Ses chances de recoller au peloton sont infimes...