Lettre ouverte de la Coordination aux élus des Collectivités territoriales
Madame, Monsieur,
Le 18 octobre, vous allez débattre et voter sur le financement du projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes. Votre responsabilité d'élu(e) est donc engagée vis-à-vis des contribuables.
Estimé aujourd'hui à 556,5 M€ – mais qu'en sera-t-il demain ? – le plan de financement fait appel à 254 M€ de fonds publics : 138,5 M€ pour l'État et 115,5 M€ pour les collectivités, alors que l'État et les collectivités sont sur-endettés.
L'engagement financier qui vous est proposé est aberrant pour toutes les raisons suivantes :
- C'est un projet d'État et cet aéroport serait à 100 % privé (le 1er en France !). Ni l'infrastructure aéroportuaire ni la route ne sont des compétences de vos collectivités. À l'heure où les budgets des collectivités sont étranglés et ne permettront pas d'assurer pleinement les charges qui relèvent de leurs compétences, ce financement est absurde ;
- Les infrastructures ferroviaires tenues d'accompagner ce projet ne sont pas prises en compte dans cette délibération et les collectivités seront de nouveau sollicitées pour contribuer à leur financement (150 millions d'euros pour le tram-train, 3 milliards d'euros pour une ligne nouvelle Rennes-Nantes). Le franchissement de la Loire et l'entretien de la piste à Nantes-Atlantique pour Airbus, n'apparaissent pas non plus. Ces montants seront bien plus importants que ceux demandés aujourd'hui et la situation financière des collectivités ne sera pas forcément améliorée ;
- Le nouveau syndicat mixte emprunterait les fonds nécessaires et les collectivités paieraient chaque année le montant de remboursement de l'emprunt et de l'intérêt, ce qui au final peut correspondre à une somme double de celle annoncée au départ ;
- Le retour à une meilleure fortune est un leurre : il s'agira de don… à une entreprise qui réalise 2 milliards de bénéfices annuels et qui décroche un grand nombre de contrats publics actuellement. En effet la « meilleure fortune » signifie « au-delà du bénéfice attendu » . Faut-il mettre davantage les points sur les « i » ?
- Le montant global du financement des collectivités a été acté cet été par les trois présidents des principales collectivités, sans aucun processus démocratique… :
- Il est précisé dans la délibération que « la concession est accordée aux risques et périls du concessionnaire » et qu'aucun financement public ultérieur n'est prévu. Mais pensez-vous que Nantes et sa région pourront accepter la fermeture de sa plate-forme aéroportuaire si la structure était en déficit ? Certainement pas. Dans ce cas (qui n'est pas totalement improbable, la plupart des aéroports étant en déficit), les collectivités seraient alors contraintes à soutenir financièrement la structure.
Nous tenons à vous rappeler que :
- l'aéroport actuel Nantes-Atlantique est déjà un aéroport international, bien desservi, non saturé et sûr, qui pourrait être optimisé ;
- cette réalisation fragiliserait les emplois locaux. Nord Loire, elle détruirait plusieurs centaines d'emplois agricoles directs et indirects. Sud Loire, elle fragiliserait la zone d'activité de Nantes-Atlantique, notamment Airbus/EADS et ses partenaires locaux, avec des conséquences économiques et sociales importantes. Une grande partie des emplois promis ne serait qu'un transfert d'activité, amplifiant le déséquilibre entre le sud et le nord de l'agglomération.
Pour toutes ces raisons, nous vous demandons de voter contre la délibération qui vous sera proposée le 18 octobre sur le financement du projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, et nous vous prions d'agréer, Madame, Monsieur, nos salutations distinguées.
Pour la Coordination, le secrétariat.
Contact : secrétariat de la Coordination :
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