un enseignant à temps plein, s'il vous plaît, pour nos enfants.
C'est avec la plus grande stupeur que nous venons d'apprendre que notre demande de poste supplémentaire à l'école bilingue publique de Loperhet s'est soldée par l'obtention d'un demi-poste. L'inspecteur de circonscription, M. Rumeau avait assuré les parents d'élèves de cette ouverture si l'effectif annoncé était présent à la rentrée. L'effectif est atteint et même dépassé. Faut-il s'enchaîner aux grilles de l'école, mener une grève de la faim pour être entendus ? Que veut dire un demi-poste ? Cette notion de demi-poste semble être une invention récente : les élèves apprennent une moitié du temps dans des conditions satisfaisantes et l'autre moitié du temps dans de mauvaises conditions !
Avec 28 enfants du CP au CM2, réunis dans une seule classe, nous nous demandons comment les élèves pourront progresser : pourront-ils améliorer leur maîtrise de la langue orale et écrite, faire de l'anglais, apprendre la multiplication et quelques rudiments de division dès le CE1, reconnaître le Complément d'Objet Direct en CE2, s'initier aux techniques modernes de la communication, à l'histoire des arts et dans une classe bilingue, ne l'oublions pas s'il vous plaît, apprendre à s'exprimer, lire et écrire en breton ? La seconde classe bilingue, regroupant tous les niveaux de maternelle, n'a pas de meilleures conditions d'encadrement avec ses 33 élèves.
Nous savons pertinemment que l'apprentissage de la lecture en CP requiert une présence importante de la part de l'enseignant. Que feront les 22 autres élèves pendant ce temps ? du travail en autonomie ? Des instituteurs expérimentés nous disent n'avoir jamais vu cela : quand ils ont commencé leur carrière il pouvait y avoir 18 ou 20 élèves dans une classe à plusieurs niveaux, jamais 28. Faut-il en conclure que les conditions d'enseignement sont plus précaires maintenant alors que le gouvernement communique énormément sur la réussite scolaire de tous ?
Nous pensons que maintenir cette classe à 28 élèves même à mi-temps est conduire nos enfants à l'échec. Quels parents peuvent prendre une telle décision ? Où faut-il inscrire nos enfants ? dans des établissements privés et payants ?
Nous nous étonnons que, dans le même temps, le gouvernement prenne des mesures importantes pour organiser du soutien en petit groupe et maintienne des classes aussi chargées. Des groupes plus réduits semblent être une condition à un enseignement performant.
Afin que nous puissions réaffirmer notre confiance en l'école publique, et envisager un peu plus sereinement l'avenir de nos enfants, c'est avec beaucoup d'émotion et d'inquiétude que nous demandons que ce demi-poste devienne un poste à plein temps.
Div Yezh Daoulaz - Loperc'hed