Depuis ses origines, la photographie a partie liée avec la gravure et l’intervention sur la couche sensible. Photogramme, estampe, dessin, calligraphie, Philippe Ughetto joue et se joue du trouble de la représentation. Il invite le regardeur à s’approcher, à se reculer, à s’approcher de nouveau pour scruter l’image ; il le conduit à en explorer la surface plane et la réduction de la profondeur en transparences et en opacités.
Mettre à plat avant même l’image, à la prise de vue, en travailler la trace, exécuter et interpréter surimpressions et incrustations, figurer les inversions. Lumière dessous et lumière dessus. Quel terme, quelle démarche priment dans ces histoires bien naturelles ? Au spectateur de se construire un monde, de se composer une esthétique du signe, entre histoire(s) et nature(s), de dialoguer avec les formes et les dessins photogéniques.
La feuille de bambou se fait calame, instrument et signe d’une écriture qui danse dans la transparence de la surface sensible. Idéogramme à déchiffrer, entre l’aplat et le tracé ? Peut-être, plus sûrement quête de significations et de correspondances à imaginer, d’une symbolique à rêver ou à raisonner entre l’herbier et la calligraphie.
Du bambou au maïs, du pas esquissé et du déhanchement des herbes individuelles au ballet qui se déploie sur la page scénique, s’amplifie toute une chorégraphie complexe, allégorie peut-être de la vitalité et de la spiritualité. Danse extatique ou chamanique où il est question des mythes d’origine et des plantes qui nourrissent, du vide et de la croissance, de la vie et du calme des passions.
Terre et mer, les couteaux et les écailles renouent à l’insondable cette spiritualité du signe. Trois, sept, neuf…, chiffres ou nombres jusqu’à l’infini ? Par unités ou par paires, en foules denses, par arrangement ou dispersion. Idéogrammes, algorithmes et constructions mathématiques, la surface photographique les réunit tous en une invitation sans ombre autant au jeu et à la contemplation qu’au raisonnement et à la méditation.
De l’esthétique de la gravure, Philippe Ughetto entretient les oppositions franches, pour mieux exposer que, noir sur blanc ou blanc sur noir, l’un ne s’interprète que dans la transparence et la clarté de l’autre. Spéculant le réalisme et l’abstraction, il avère la naturalité des herbiers et des planches scientifiques, pour mieux alléguer la symbolique des formes naturelles.
Jean Marie Baldner, septembre 2016
Du 28 janvier au 11 mars 2017
Salle n°3 de l'Imagerie
Rue Jean Savidan
Lannion (22)
Entrée Libre
Horaire :
Du mardi au samedi, de 15 h à 18 h 30.
Le jeudi de 10 h 30 à 12 h 30 et de 15 h à 18 h 30.