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 François-Régis Hutin (photo crédit Ministère de la Culture et de la communication)  Remise des insignes de Commandeur dans l'ordre des
Arts et des Lettres le mercredi 8 février 2006
François-Régis Hutin (photo crédit Ministère de la Culture et de la communication) Remise des insignes de Commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres le mercredi 8 février 2006
- Enquete -
Enquête sur Ouest France, le plus grand journal francophone au monde

Après le départ soudain de Didier Pillet, directeur de l'information auprès du président directeur général du groupe Ouest France la grande question qui se pose à nouveau maintenant avec plus de force que jamais est celle de la succession de François-Régis Hutin

Gilles Delahaye pour OMEB le 30/11/07 20:58

Après le départ soudain de Didier Pillet, directeur de l'information auprès du président directeur général du groupe Ouest-France la grande question qui se pose à nouveau maintenant avec plus de force que jamais (cela fait déjà près de 15 ans qu'on en parle), c'est celle de la succession de François-Régis Hutin.

Celui-ci semble garder une très bonne forme physique, mais il a tout de même 78 ans... Ce qui vient d'arriver à Didier Pillet n'est pas une simple affaire de personnes, ni de divergences de points de vue, comme un communiqué officiel du groupe l'annoncera probablement dans les heures qui viennent. Didier Pillet apparaissait tout de même dans l'organigramme du groupe comme un des plus proches collaborateurs du PDG et il en était, dans bien des circonstances, le porte-parole officiel à l'extérieur. Il avait pratiquement fait toute sa carrière dans ce journal où il était entré, il y a 38 ans, Ce départ brutal est le révélateur des très graves tensions qui traversent aujourd'hui le groupe, rivalités internes, mais aussi très fortes pressions extérieures. Les enjeux politiques et économiques sont en effet considérables. Le groupe Ouest-France a acquis peu à peu une puissance qui ne peut laisser personne indifférent et le fait qu'il soit coiffé par une holding contrôlée elle-même par une association régie par la loi de 1901, le rend réellement indépendant des puissances financières.

L'Association pour le Soutien des Principes de la Démocratie Humaniste détient en effet 99,90 % de la société civile SIPA (Société d'Investissements et de Participations) laquelle possède :

99,97 % de Ouest-France (Presse Quotidienne Régionale)

84,34 % de Publihebdos (Presse Hebdomadaire Régionale)

67,80 % de Précom (Régie Publicitaire)

40,17 % de Sofiouest, actionnaire à 67 % du Groupe Spir Communication, deuxième groupe français de presse gratuite et principale source de profit du groupe

« L'Association pour le Soutien des Principes de la Démocratie Humaniste » échappe à toute influence extérieure puisque ses membres se cooptent. Ils sont aujourd'hui au nombre de douze : Jean Boissonnat, Michel Camdessus, Jacques Duquesne, Louis Estrangin, Bruno Frappat, D. Guiraud, François-Régis Hutin, François-Xavier Hutin, Roger Lavialle, Yvonne Le Goaziou et J. Moreau. Ces personnes, dont beaucoup sont très âgées, se situent en droite ligne dans la tradition démocrate-chrétienne des fondateurs du journal l'Ouest-Éclair en 1899 et du journal Ouest-France en 1944 : Louis Estrangin a 93 ans, François-Régis Hutin a 78 ans, Jean Boissonnat également 78 ans, Jacques Duquesne 77 ans, François-Xavier Hutin 75 ans, Michel Camdessus 74 ans, Roger Lavialle 68 ans... Âgé seulement de 62 ans, Bruno Frappat fait figure de benjamin. La plupart ont un passé de militants catholiques, anciens scouts, anciens de la JOC, de la JEC, etc. ou ont exercé des responsabilités dans la presse catholique, au sein de groupe Bayard-Presse (La Croix, etc.) ou de son rival le groupe Malesherbes (La Vie, etc.).

En revanche, le contenu rédactionnel du journal, lui, s'est totalement affranchi de cette tradition confessionnelle et ne diffère plus guère de celui des autres quotidiens français, si ce n'est dans une partie de ses éditoriaux et par la place faite en "une" aux grandes fêtes chrétiennes que sont Noël et Pâques. Il n'a plus aucune relation particulière entre la hiérarchie catholique et les dirigeants du journal et l'immense majorité des journalistes n'affiche aucune référence chrétienne et, politiquement, semble plus proche du Parti Socialiste que des courants centristes. On l'a bien vu lors de la dernière campagne présidentielle où Ouest-France, jadis si proche du MRP, n'a pas vraiment manifesté une grande sympathie pour François Bayrou...

Fils de Paul Hutin, originaire de Lorraine, François-Régis a manifestement beaucoup de mal à passer la main. Né en 1938, Philippe Amyot d'Inville était entré dans le groupe en 1974 et était devenu en 1994 directeur général, puis en 1997 vice-président directeur général, mais son patron, déjà âgé de 68 ans, ne manifestant aucune envie de partir, il lui avait fait alors clairement savoir que lui-même partirait en retraite à l'âge normal (Philippe Amyot d'Inville est décédé d'un cancer en juin 2006). François-Régis Hutin fit donc appel en mars 1997 à Michel Nozière, dont la famille avait longtemps dirigé La Voix du Nord et partageait largement les valeurs de Ouest-France. Michel Nozière était alors PDG des Dernières Nouvelles d'Alsace, passées dans le groupe Hersant. Michel Nozière prit un certain nombre de décisions importantes, dont des réductions d'effectifs et le lancement de Dimanche Ouest-France, mais, n'ayant pas vraiment les coudées franches et ne voulant pas rester un éternel dauphin sous les ordres d'un patron ne voulant toujours pas partir en retraite, il finit par claquer la porte pour prendre la présidence du quotidien La Voix du Nord (300 000 exemplaires) qui avait été dirigé par son père, à Lille.

Appelé à son tour comme dauphin, l'avocat parisien Francis Teitgen fut nommé directeur général en 2001, avant son départ brutal en février 2006 pour "divergences sur l'organisation et la conduite des sociétés du groupe". À chaque fois, ces départs se sont produits avec très peu de "vagues" grâce aux gros chèques que la bonne santé financière du journal a permis de faire aux ex-dauphins. On a évoqué un temps le nom de sa fille Jeanne-Emmanuelle, puis celui d'un de ses gendres, époux de Sophie, la deuxième fille de François-Régis, Mathieu Fuchs (41 ans), comme successeurs possibles. Mathieu Fuchs est directeur délégué de Dimanche Ouest France et a d'autres responsabilités dans le groupe. Aujourd'hui, on parle de plus en plus de Louis Échelard, 57 ans, un homme qui a fait tout sa carrière au Crédit Mutuel, avant d'être appelé par François-Régis Hutin en avril 2006 à la direction générale du groupe SIPA Ouest France avec la mission d'"assurer la pérennité et le de développement de toutes les entités qui le composent". C'est un financier et un gestionnaire, plus qu'un homme de presse et c'est aussi un homme extrêmement discret... Les semaines qui viennent pourraient nous réserver de nouvelles surprises...

Gilles Delahaye

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Vos 1 commentaires
  Excursiones terrestres por San Petersburgo
  le Mercredi 1 juin 2011 11:15
Je trouve votre blog en utilisant google et je dois dire, c'est parmi les meilleurs articles bien écrits que j'ai vu depuis longtemps.
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