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Après François Caradec, décédé jeudi à Paris, on vient d'apprendre la disparition d'un autre écrivain breton important : Charles Le Quintrec, poète et romancier, est mort hier vendredi à 12 h 30 à l'hôpital de Lorient. Il était âgé de 82 ans. Ses obsèques auront lieu mardi prochain, 18 novembre, à 14 h3 0, en l'église Saint-Patern de Vannes.

Charles Le Quintrec était né le 14 mars 1924 dans une famille d'agriculteurs de Plescop, aux portes de Vannes, et le souvenir de cette enfance rurale devait profondément marquer toute son œuvre. Il fit ses études à l'école communale de Plescop, puis au lycée Jules Simon de Vannes. Après avoir obtenu son baccalauréat, de sérieux problèmes de santé le contraignirent à séjourner au sanatorium de la Musse, près d'Évreux, en 1943 et 1944. Une fois rétabli, il décida en 1948 d'aller tenter sa chance à Paris. Il y travailla pendant six ans dans l'établissement parisien de la banque Scalbert-Dupont, dont le siège était dans le nord de la France, puis, en 1955, il entra comme journaliste à "La Bretagne à Paris", hebdomadaire qui avait été créé par le journal "Ouest-France" le 1er novembre 1946.

En 1960, Charles Le Quintrec devint également reporter polyvalent à la rédaction parisienne du quotidien. Il prit la direction de "La Bretagne à Paris" en 1964, après le départ en retraite de son principal animateur jusque là, Pascal Pondaven, et il allait l'assurer jusqu'en 1983. À ce poste, Charles Le Quintrec allait collaborer étroitement avec divers personnalités bretonnes dont le poète Antony Lhéritier, André-Georges Hamon, Morvan Duhamel et surtout Pierre-Jakez Hélias qui fit paraître pendant des années une chronique hebdomadaire, également publiée dans le quotidien "Ouest-France", et dont la somme allait former le matériau de base du "Cheval d'orgueil," futur grand bestseller; paru en 1975 dans la collection 'Terre Humaine' de Plon (il allait être diffusé à trois millions d'exemplaires, toutes éditions confondues)...

À partir de 1973 et jusqu'en 1986, Charles Le Quintrec assura aussi la chronique littéraire du journal "Ouest-France", se liant avec de nombreux écrivains, participant activement à la Vente annuelle des écrivains bretons à Paris ainsi qu'au jury du Prix Bretagne, aux côtés de ses amis Henri Queffélec, Paul Guimard, Louis Le Cunff, Jean Marin, Hervé Le Boterf, Morvan Lebesque et bien d'autres écrivains bretons.

En 1943, alors qu'il était en sanatorium, Charles Le Quintrec avait commencé à écrire ses premiers poèmes, réunis en recueil sous le titre "Verts et drogues", qu'il devait faire paraître en 1946 sous le pseudonyme de Charles-Henri Girod. Encouragé par Hervé Bazin rencontré en 1948, il publia, sous son nom cette fois, un autre recueil : "Les Temps obscurs" (1953) qui obtint en 1954 le Prix Gérard de Nerval, puis en 1957 chez Grasset "Les Noces de la terre" qui reçut en 1958 le prix Max Jacob, et en 1962 "La Lampe du corps" chez Albin Michel, devenu depuis dix ans déjà son éditeur pour des romans. D'autres recueils devaient suivre chez ce même éditeur : "Stances du verbe amour" (1966), "La Marche des arbres" (1970), "Jeunesse de Dieu" (1975), "Le Songe et le sang" (1978). L'œuvre poétique de Charles Le Quintrec devait être reprise en quatre grands volumes : "La Lumière et l'argile" (1971), "Le Règne et le Royaume" (1983), "La Source et le secret" (1990) et "Danses et chants pour Élisane" (1998).

Charles Le Quintrec a aussi laissé plusieurs volumes de souvenirs : "Le Pain perdu" (1974), "Des matins dans les ronces" (1980), "Bretagne est univers" (1987) et son journal : "Les Ombres du jour" (1985), "Les Lumières du soir" (1987), "L'Espérance de la nuit" (1996) et "Demain dès l'aube : Journal IV 1994-2004" (2006). Il fut encore l'auteur de plusieurs précieuses anthologies : "Les Grandes heures littéraires de Bretagne" (1978), "Anthologie de la poésie bretonne 1880-1980" (1980), "Littératures de Bretagne" (1992) et "Poètes de Bretagne" (1999).

Mais c'est sans doute son œuvre romanesque qui l'a fait connaître du grand public, à commencer par "Les Chemins de Kergrist", paru chez Albin Michel en 1952 (et réédité en 1996). Au total, il aura fait paraître 17 romans.

De nombreux prix littéraires vinrent honorer son œuvre, parmi lesquels le Prix Apollinaire en 1975, le Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1978, le Grand prix de la Société des Gens de Lettres en 1981, la Bourse Goncourt de la poésie en 1990, le Prix Bretagne en 2005 et le Grand prix catholique de littérature en 2007...

• Les Temps obscurs (René Debresse Éditeur, 1953) ;

• Les Noces de la terre (Paris, Grasset, 1955) ;

• Les Chemins de Kergrist (Paris, Albin Michel, 1959, rééd. 1996) ;

• Les Grands habits (Subervie, 1968) ;

• La Lampe du corps (Paris, Albin Michel, 1962) ;

• Le Dieu des chevaux (Paris, Albin Michel, 1962) ;

• Le Droit au témoignage (1963) ;

• La Maison du Moustoir (Paris, Albin Michel, 1964) ;

• Alain Bosquet (Paris, Seghers, 1964) ;

• Le Mur d'en face (Paris, Le Cercle du Nouveau Livre, 1965) ;

• Stances du verbe Amour (Paris, Albin Michel, 1966) ;

• Le Chemin noir (Paris, Albin Michel, 1968) ;

• Un Buisson d'alléluias (1969) ;

• La Marche des arbres (Paris, Albin Michel, 1970) ;

• La Ville en loques (Paris, Albin Michel, 1972) ;

• Jeunesse de Dieu (Paris, Albin Michel, 1974) ;

• Le Château d'amour (Albin Michel, 1977) ;

• Les Grandes heures littéraires de Bretagne (Rennes, Ouest-France, 1978)

• Anthologie de la poésie bretonne 1880-1980 (Paris, Table ronde, 1980) ;

• Le Village allumé (Paris, Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1981) ;

• La Lumière et l'argile (1981 et Albin Michel, 2000) ;

• The Stones of Carnac (Rennes, Ouest-France, 1981) ;

• Le Christ aux orties (Paris, Albin Michel, 1982) ;

• Le Règne et le royaume (Paris, Albin Michel, 1983) ;

• La Bretagne de Charles Le Quintrec (Paris, Christine Bonneton, 1984) ;

• Lourdes (Seyssel, Champ Vallon, 1984) ;

• Les Ombres du jour (Paris, Albin Michel, 1985) ;

• Chanticoq (Paris, Albin Michel, 1986 et Livre de poche, 2000) ;

• Les Lumières du soir : journal, 1980-1985 (Paris, Albin Michel, 1987) ;

• Bretagne est univers (Rennes, Ouest-France, 1988) ;

• Les Nuits du Parc-Lann (Paris, Albin Michel, 1990 et Livre de poche, 2000)

• Belle-Ile en mer (Paris, Éd. Maritimes et d'Outre Mer, 1991) ;

• Littérature de Bretagne (Rennes, Ouest-France, 1992) ;

• Des Enfants de lumière (Paris, Albin Michel, 1992, rééd. Le Faouët, Liv'Editions, 1995) ;

• La Querelle de Dieu (Paris, Albin Michel, 1992 et Livre de poche, 2000) ;

• La Traversée du lac (Paris, Albin Michel, 1995) ;

• L'Espérance de la nuit : Journal, 1985-1993, Albin Michel, 1996) ;

• Vents d'étoiles (Le Faouët, Liv'Editions, 1998) ;

• Danses et chants pour Elisane (Paris, Albin Michel, 1998) ;

• L'Empire des fougères (Paris, Albin Michel, 1998 et Livre de poche, 2000);

• La Fête bretonne (Rennes, Ouest-France, 2000) ;

• L'Enfant de Brocéliande, (Paris, Albin Michel, 2000) ;

• Une Enfance bretonne (Paris, Albin Michel, 2000 et Livre de poche, 2002) ;

• Des Matins dans les ronces (Paris, Albin Michel, 2000) ;

• La Saison du bourreau, Albin Michel, 2001) ;

• Un Breton à Paris (Albin Michel, 2002 et Libra Diffusion, 2004) ;

• Le Pèlerin de Saint-Roch (Paris, Albin Michel, 2004, et Livre de poche, 2006) ;

• Demain dès l'aube : Journal IV 1994-2004 (Paris, Albin Michel, 2006) ;

• Terre océane (Paris, Albin Michel, 2006) ;

• Les Enfants de Kerfontaine (Paris, Albin Michel, 2007).

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