Associé au dessinateur Gildas JAVA, Didier SQUIBAN nous offre un album de mots, de notes et de couleurs comme autant de pensées sur la vie, sur sa vie ; une partition improvisée qu’il se plaît à jouer sans retenue, avec cette touche d’esprit qui le rend si singulier. Avec des QR-codes pour étendre l'aspect documentaire sonore et visuel.
Couverture du livre Didier SQUIBAN - Gildas JAVA - Pensées fugitives . ABP
« Pensées fugitives »… comme un clin d’œil aux « Visions fugitives », cycle musical de vingt pièces pour piano, composé entre 1915 et 1917, par Serge PROKOFIEV.
« Pensées fugitives »… Au format 16x16 cm, un particulièrement délicieux, humoristique, substantiel recueil d’une quarantaine de pages de solide et noble grammage, agglomérant, pour notre plus grand plaisir et, en ces âpres temps, notre soif de salvateurs sourires, de bien fines pensées et de croustillantes anecdotes où, à tout instant, le subtil trait d’esprit est roi.
« Chez vous, on ne badine, peut-être pas avec l’amour.
Sachez que chez nous, en Bretagne, on ne rigole pas avec l’humour ».
Associant le « bonjour d’Alfred », au « démat de Dider » (il ne manque pas une lettre au prénom, c’est sa version bretonne - NDLR), cette annonciatrice formule d’accueil, disposée, par l’auteur, au seuil des pages qui vont suivre donne le ton à la musique souriante des mots et des notes qui nourrissent ce joyeux et pertinent ouvrage.
Didier, Dider, ne conclue-t-il pas son avant-propos avec cette consonante formule d’inspiration maritimo-musicale :
« Le thon est donné, le Ré grave ».
Il s’agit d’un limpide, lumineux et pittoresque propos décliné en 24 chapitres, cette fois, en référence aux 24 préludes et fugues pour piano seul, composés par Dimitri CHOSTAKOWITCH.
Ces deux référentes et spécifiques évocations de compositions pianistiques, laissent, bien sûr, entrevoir la propre qualité professionnelle et artistique de l’auteur de ces vivifiants feuillets, qui n’est autre que le prolifique pianiste, compositeur et arrangeur finistérien, Didier SQUIBAN qui manie avec, autant de brio, de finesse et de vélocité (Ce n’est pas qu’une marque urbaine de cycles en libre accès ! - NDLR), ses touches d’humour que celles, « Gwenn ha du », de son légendaire et, depuis plus de 40 ans, domestique compagnon, incarné par son atypique piano à queue Blüthner de Leipzig.
Pour rendre ses pages encore plus attractives, rythmées et, par ordre alphabétique : amusantes, inspirées, pittoresques, plaisantes, récréatives, réjouissantes…, avec son sens aigu de l’humour et de la dérision (qu’avec simplicité et humilité, il véhicule, le plus souvent… en « auto » - NDLR), le brillant concertiste classique et jazzman celtisant, exceptionnel « touche à touches » breton, a fait appel à, notamment, l’un des « pensionnaires » de son « Hôtel De La Grève » .
Créé en 2022, ce label produit, parmi nombre d’autres artistes de toutes disciplines, des pianistes comme Dominique MARTIN , Caroline FAGET , Matthieu JUBIN , dont nous avons, sur nos pages en ligne et au travers de nos chroniques, eu le plaisir de vous faire découvrir leurs respectifs opus instrumentaux solo qui « parlent » breton.
H.D.L.G. s’apparente à un collectif de créateurs, une forme de label artistique ayant pour objectif de vous faire découvrir des musiciens, des dessinateurs, des graphistes, des poètes… et de provoquer des projets originaux et des collaborations inédites !
C’est donc, dans ce contexte artistique multidisciplinaire, le dessinateur, illustrateur et graphiste, Gildas JAVA que Didier SQUIBAN a sollicité pour enrichir son projet rédactionnel et littéraire, d’une quarantaine de dessins, en pleine page, qui illustrent, en vis-à-vis, les textes, paginés au fil des feuillets, dans l’axe d’un même et constant biais, eux-mêmes, apparaissant sur des fonds de pages graphiques esquissés ou estompés, réalisés par ce poète du trait contemporain.
Les couleurs sont, tour à tour, vives, contrastées, ou en camaïeux, avec de très beaux effets d’ombres et de lumières ou de contre-jour.
Gildas JAVA a fait des études d’arts appliqués à Rennes et aux Beaux-Arts de Lorient. Après avoir terminé sa formation académique, il a travaillé pour diverses agences de communication, en région parisienne.
En 2007, il décide de retourner en Bretagne et s’installe à Brest.
Le portrait de ce dessinateur, n’est, ici, de notre part, qu’une bien piètre esquisse ; pour le compléter, rendez-vous, par exemple, sur le site du Festival du polar 2026, le « Chien jaune ».
Sur l’un des deux rabats internes des « Pensées fugitives », le dessinateur, également qualifié d’« improvisateur de talent », au coeur de la préface du livre, titrée « 24 préludes et fugues… Et plus si affinités », rédigée par le pianiste et auteur, Gildas est, ainsi, présenté au lecteur :
« Gildas JAVA est dessinateur de bandes dessinées. Il fréquente assidûment les scènes de jazz et se plaît à réaliser des performances lors de concerts, saisissant l'instant, l'ambiance et l'atmosphère des nuits bleues si chères aux mélomanes ».
A la lecture de ces quelques mots, nous comprenons, mieux encore, les affinités artistiques et humaines qu’il peut exister entre Didier et Gildas qui, côté bons mots ou simple notation, n’est pas en reste, non plu, avec les traits d’humour qu’il adjoint à ses expressifs traits graphiques.
Citons : « En Bretagne, il pleut des cordes, une seule solution : laissez choir ». (Voir illustration, en bas de page du site Culture et celtie, l'e-MAGazine ) ou, aussi synthétique que presque licencieux, restant, bien évidemment, nous l'espérions, dans le registre des autres évocations musicales, mais ici, connotées paillardes, l’empreinte graphique d’une « marque de propriété », gravée « Dudule », sur le dessin d’un élément d’acier fixe situé sur le quai d’un port, pour, à l’aide d’une aussière, y amarrer un bateau. Vous nous suivez…
Au-delà de nous faire sourire, franchement rire et, même, réfléchir, les textes autant pétillants que poétiques jaillis du fort vif esprit de Didier nous permettent de revenir, souvent dans l’intimité artistique du musicien et en contre-champs, sur les coulisses de quelques pages d’une œuvre considérable et une carrière mondiale menée avec sensibilité, créativité, toujours humour et humanisme.
Pianiste, compositeur et arrangeur, Didier SQUIBAN s'est également illustré comme directeur d'orchestre de jazz (Sirius). Son œuvre musicale est l'heureux alliage des musiques traditionnelles bretonnes, de l'improvisation jazz et du romantisme classique. On lui doit, pas moins d’une trentaine d’albums.
Au cours d’un remarquable itinéraire breton, hexagonal, européen, international, les rencontres ont été très nombreuses et ont créé un fertile terreau générant, ici, une captivante et authentique narration de quelques uns de ces moments d’échanges artistiques et/ou amicaux qui jalonnent et embellissent un brillant parcours.
Vous retrouverez, ainsi, quelques croisements de routes et d’humeurs durables ou plus furtifs avec, notamment, Pierre-Yves MOIGN, Manu LANN-HUEL, Yann-Fañnch KEMENER, Jean-CHEVALIER, dit Popof, Dan AR BRAZ, Stephan EICHER (qui reste, malgré la phonétique patronymique, tout à fait… abordable – NDLR), Christophe MIOSSEC, Yvette HORNER…
Au fil des pages, ces anecdotes rapportées sont chapeautées ou conclues par de savoureux aphorismes, calembours ou jeux de mots choisis, au plus près des situations vécues et relatées.
Pour exemple, dans l’ordre précédent des quelques personnes citées :
« Je n’ai jamais aimé donner des cours de piano, c’est pour ça que je demande, au moins, 5 000 € de l’heure ».
« Celui-là, il est mondialement connu… Surtout à Brest ».
« Le but de tout musicien, dans la vie, c’est d’être bien accompagné ».
« Certains musiciens jouent juste… C’est pas faux ».
« Bague à part, le mariage a du bon ».
« D’un pas au trépas, il suffit souvent d’une seule marche. Morale de l’histoire : Attention à la marche ! ».
« J’ai été 4 ou 5 fois fou amoureux dans ma vie. Avec le temps, je m’aperçois que j’étais plus fou qu’amoureux ».
« La vie est un risque… surtout quand tu te lèves ».
Comme vous le percevez, déjà, c’est une cascade ininterrompue de réflexions, tour à tour, acidulées, clairvoyantes, absurdement logiques, toujours bien senties et pertinentes.
« Cerise sur le gâteau », « caramel salé sur le kouign amann », « chocolat sur le Paris-Brest », comme il vous plaira, mais sachez que, et c’est une originale et judicieuse idée, toutes les pages textuelles sont accompagnées d’un ou plusieurs QR-codes. Pour l’ensemble du livre, nous en avons décompté 37 !
Rassurez-vous, il ne s’agit aucunement, pendant votre parcours de lecture, de la mise en place d’un constant contrôle vaccinal, validé par ces modules de carrés noirs disposés dans un quadrilatère à fond blanc, qui ont connu un franc succès au moment de la crise sanitaire de 2019.
Ce ne sont que de fort intéressants appendices culturels qui n’ont pour but que d’élargir le champ lexical de chaque feuillet.
Pour exemple, dès qu’en fin de préface, vous lirez les délicieux propos « bidirectionnels » de Didier :
« J’aimerais vous dire, pour finir, avant de commencer, que toute les pensées ou anecdotes qui vont suivre sont entièrement vraies… à 99% », vous scannerez le tout premier QR-code et accéderez, ainsi, en ligne, à un documentaire de plus de 26 minutes, réalisé en juin 2012, pour TV RENNES et l’émission d’alors, « Le Métropolitain », proposée par Stéphane BESNIER.
Le journaliste est reçu chez le pianiste, comme, malicieusement, il le précise, en son « pied à mer », baptisé « Kastellic », le petit castel, à Molène.
Ponctué de plusieurs et belles séquences musicales, évoquant ses débuts puis l’actualité de son parcours et ses projets du moment, vous retrouverez, notamment, l’artiste ploudalmézien, devant son ¾ de queue Blüthner, sur lequel certains d’entre-vous apprendront, deux particularités. ( En fin de chronique de Culture et celtie, l'e-MAGazine , nous reproduisons, ce QR-code).
Au chapitre 2, titré « Tante Mimi », au sein duquel Didier évoque, en la prime enfance de ses 7 ans, son professeur de flûte, puis de piano, vous retrouverez un superbe petit film de près d’une dizaine de minutes où, 35 ans après, Didier SQUIBAN rencontre son initiateur, Pierre Yves MOIGN qui, parmi bien d’autres sujets sur la musique bretonne jouée au piano, l’interroge, notamment, sur le choix de donner des concerts dans les chapelles et se rappelle du premier Hanter-dro étudié, par l’élève.
Le tout illustré de magnifiques séquences musicales, in situ et en concert.
En parallèle aux sujets intrinsèquement « squibanesques », les QR-codes, peuvent, aussi, par exemple, donner accès à des compléments musicaux qui viennent abonder le rédactionnel.
Citons, pour le chapitre 4, intitulé « Agrégé ou désagrégé », l’écoute en ligne de « Round Midnight », interprété par Théolionus MONK, dont, pour son agrégation de musique, passée à Paris, Didier avait livré sa version. Celle-ci avait, son rapport écrit en témoigne, particulièrement été appréciée par le jury, transcrivant son très vif enthousiasme par une note de… 7/20 !
Paru chez GéOrama éditions, cet ouvrage « Pensées fugitives » nous a pleinement séduits, tant par le fond que par la forme.
Vous vous distrayez, vous apprenez ; avec les QR-codes, vous écoutez des illustrations sonores, parfois inédites, comme la très rare interprétation de « Jenovefa », avec Dan AR BRAZ à la guitare et Didier SQUIBAN, au piano (1996), visionnez d’attractifs documents, pour certains d’entre-vous, vous découvrez un autre Didier SQUIBAN (mais pour avoir, avec lui, le plaisir et l’honneur d’échanger, au téléphone, quelques amicaux propos, il s’agit du même, pétri de talents, de connaissances et d’humour ciselé).
Nous vous invitons, sans réserve aucune, à vous procurer, pour vous-mêmes ou pour offrir à ceux à qui vous souhaitez, vraiment, du bien ce « coloré et effervescent comprimé d’humour » qui, par sa truculente composition de bons mots, calme les maux quotidiens, souvent liés à l’actualité de notre époque, quelque, peu anxiogène.
C’est un excellent et « ravigoteur » livre de chevet dont vous pouvez, chaque soir au coucher, voire 3 fois par jour, user et abuser, par touches récurrentes… en dépassant la dose prescrite !
« La mort n'en vaut la chandelle que si l'on a bien vécu auparavant », écrit le « médecin spécilaiste du moral », Didier SQUIBAN.
Il vous reste le choix : vivre dans la moroisité ambiante… ou, grâce à ces bienvenues « Pensées fugitives » de Didier SQUIBAN, mourir… mais, de rire !
Gérard SIMON
Didier SQUIBAN - Gildas JAVA - "Pensées fugitives".
Format : Broché - Dimensions : 15,5cm x 15,5cm.
Parution : Septembre 2025.
Edition et distribution : GEORAMA .
ISBN : 978-2-487742-11-6 / EAN : 9782487742116.
Illustration sonore de la page : Didier SQUIBAN et Dan AR BRAZ - Version inédite de "Jenovefa" (1996) - (Extrait de 01:15).
© Culture et Celtie
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