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Ilka Schonbein est une des comédiennes les plus talentueuses en Europe. Pourtant elle ne parle pas. Ou si peu. Danseuse, marionnettiste (elle construit elle-même ses marionnettes) elle a une grande expérience du théâtre de rue et harangue les spectateurs, confortablement installés dans leur fauteuil. Elle invite les vieux démons de l'Europe : la Shoah, la domination masculine, la souffrance de la vieillesse ... et la recycle en images aigües, insolites, souvent choquantes.
Samedi 23 octobre au Strapontin à Pont-Scorff, Laurie Cannac, mise en scène par Ilka Schönbein, donnait pour la 150e fois un spectacle déroutant et étonnant : “Faim de loup” inspiré du Petit chaperon rouge. Cinquante minutes de performance d'actrice, où, seule sur scène et sur un grand lit, elle va successivement interpréter le petit chaperon rouge, le loup et la grand-mère, étant parfois l'un et l'autre successivement (masque sur l'arrière de sa tête figurant le loup). La voracité de la petite fille insolente se goinfrant de spaghettis et de ketchup la métamorphose en loup. Le symbolisme des couleurs joue beaucoup aussi : trop grandes chaussures rouges de la grand-mère, ballons rouges qui évoquent les fleurs qu'elle va ramasser dans la forêt, panier rouge, vin rouge ... (eh oui dans le conte de Grim, elle apporte un litre de rouge à sa grand-mère, n'en déplaise à Perrault).
Images terrifiantes, où l'on comprend bien que le conte n'est pas pour les enfants, mais pour tous. Que le loup n'est pas seulement un mammifère de nos forêts disparues, mais un ennemi intérieur qui peut rôder dans nos forêts intérieures ou urbaines...
Pour en savoir plus sur l'une et l'autre de ces actrices d'importance :
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