Le 19 décembre 2006
Dessine-moi un bateau !
(L'absence de politique maritime régionale)
Nous venons de lire un article d'Alain Guellec dans le quotidien Ouest-France qui n'est pas sans heurter notre identité bretonne, et nous frapper de stupeur.
Il est question d'une Région de France dont le Conseil Economique et Social affirme « qu'il n'existe pas de véritable politique maritime concertée au sein de la Région » . Le journaliste ajoute : « regrettable, chacun en convient »
Nous avons enquêté.
S'agissait-il de l'Auvergne présidée par Valéry Giscard d'Estaing, ou de la région Centre présidée par Michel Sapin ?
Nous aurions alors compris que les mauvaises langues cherchaient querelle en ces temps de campagne électorale.
Que nenni. Il s'agit de la Bretagne.
« Regrettable » n'est alors qu'une litote.
L'article de Monsieur Guellec n'est pas sans humour, volontaire ou non. Il commence ainsi : « Allez, dessinez-nous quelque chose qui ressemblerait à une politique maritime ambitieuse pour la Bretagne ! C'était ça, en d'autres termes, l'invitation lancée par Jean-Yves le Drian au Conseil économique et social »
Noël approche. Une nouvelle année va commencer. Avant de quitter l'école le petit enfant a dessiné une Bretagne entourée par la mer sur un papier qu'il va offrir à ses parents.
C'est ce que vient de faire François Le Foll, rapporteur du Conseil économique et Social, dans un document dit « document d'étape »
D'aucuns pourront dire qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire. Mais il faut savoir que cette demande d'élaboration d'une « politique maritime régionale » n'est pas le fruit d'une prise de conscience politique.
Elle ne fait que s'inscrire dans le contexte de la publication, par la Commission Européenne, du Livre vert « Vers une politique maritime de l'Union : une vision européenne des océans et des mers » .
La Bretagne doit-elle attendre que l'Europe s'invente une politique maritime pour découvrir qu'elle est une péninsule, un pays de la mer, un pays pour la mer ?
Par subordination à Paris et par mésintelligence coupable, on a oublié Brest, dans sa vocation à être le premier port d'Europe. Les raisons évoquées, éloignement, hinterland, etc sont toutes contredites par la réalité. Il suffit de regarder la localisation des grands ports américains.
Il est aussi écrit dans ce document d'étape que : « la région n'interviendra que dans ses domaines propres tels que définis par la loi » .
On voit mal le Conseil économique et social écrire quelque chose de nature différente. Cette allégeance est superfétatoire.
En revanche, il n'est pas écrit, il n'est pas sous-entendu que la Région puisse peser de tout son poids pour faire modifier ces lois.
Parce ce que nos élus servent des partis nationaux et ne sont élus que par leurs choix et leurs décisions : sauvegarde d'une circonscription….
En cette veille d'une nouvelle année qui, tout en commençant va poursuivre celle qui l'a précède, le Mouvement Fédéraliste de Bretagne formule le vœu d'une rupture institutionnelle, sans laquelle cette poursuite infernale du même et de l'identique nous conduira aux portes d'une désolation sans nom.
Nous profitons de la possibilité de communiquer pour offrir tous nos vœux à tous les Bretons, ainsi qu'à tous ceux qui ne le sont pas, et pour renouveler nos remerciements à ABP pour le travail qu'elle effectue tout au long de l'année.
Bloavezh mat
Jean-Yves QUIGUER Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne