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Jean-Pierre Le Mat, porte-parole du collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne, à Plonéour-Lanvern, le 28-04-14.
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Courbes de l'ancien régime et de l'innovation en train de se croiser selon Marc Halévy
- Compte rendu -
Des tensions mais déjà une riche histoire pleine d'avenir pour les Bonnets rouges
Le porte-parole du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », Jean-Pierre Le Mat, nouvellement promu à la place de Christian Troadec, qui s’est mis en retrait, s’est déplacé à Plonéour-Lanvern pour une rencontre-dialogue avec les Bonnets rouges du Sud-Cornouaille.
Par Christian Rogel pour ABP le 29/04/14 17:12

Le porte-parole du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » , Jean-Pierre Le Mat, nouvellement promu à la place de Christian Troadec, qui s'est mis en retrait ( voir notre article ), s'est déplacé à Plonéour-Lanvern pour une rencontre-dialogue avec les Bonnets rouges du Sud-Cornouaille. Il a résumé la courte histoire des Bonnets rouges, montré la dynamique du « relocaliser les décisions en Bretagne » et, dans un dialogue vif, mais, sans ruptures, fait une mise au point sur les relations entre le collectif et les comités locaux. Un expert-comptable a, ensuite, dans des termes très pédagogiques expliqué la situation apocalyptique des comptes de l'Etat et le pillage des PME que cela engendre, ainsi que le blocage économique pour des raisons psychologiques.

Une conjonction de malaises

L'apparition de bonnets rouges sur les têtes est venu de la coagulation de plusieurs malaises dans les secteurs économiques bretons, certaines filières agricoles et agroalimentaires, dans les transports routiers, le tout renforcé par l'aggravation de la pression fiscale. L'annonce de l'imposition de l'écotaxe, prévue début 2014, a fourni une occasion magnifique, car il y avait là « une Bastille à prendre » . Il confirme que, sans que les personnes concernées aient porté des bonnets, la date de naissance du mouvement a été le 2 août 2013, lors de l'abattage du portique écotaxe de Guiclan (près de Morlaix) ( voir notre article ). C'est, suite à une demande locale, émanant d'abord de Redon, qu'ont été lancés les comités locaux des Bonnets rouges en décembre 2013.

Les Bonnets rouges font avancer la recherche sur les opinions des Bretons

C'est Jean-Pierre Le Mat, parce qu'il est un spécialiste des «big data » qui, devant les 35 000 doléances individuelles des Bretons, recueillies en janvier et février 2014 , a eu l'idée de confier à des universitaires l'analyse de cette masse qu'il a fallu mettre en 3 catégories, puis faire regrouper en «nuages de mots » par les ordinateurs. Ce fut le travail de l'équipe de Yannis Haralambous à Sup Télécom Bretagne (Brest-Plouzané) et il a donné une base solide à la charte de revendications en 11 points présentée à Morlaix-Garlan le 8 mars dernier ( voir notre article ). Ce n'est pas fini, puisque des sociologues ont demandé à pouvoir travailler sur ces mêmes doléances.

Le quiproquo au sein du mouvement des Bonnets rouges

Sans faire allusion aux débordements peu informés d'un très mauvais plumitif, Jean-Pierre Le Mat a estimé qu'il y avait eu un quiproquo à partir de ces 11 points que des autonomistes et des indépendantistes ont interprété comme le signe que « le mouvement des Bonnets rouges leur appartient » . A son sens, alors qu'il dit avoir été initié à l'autonomisme en Irlande, ils n'ont pas mesuré, ni le fait que tous les Bonnets rouges, même, s'ils évoluent, ne veulent pas poser une opposition de principe entre la Bretagne et la France, mais, surtout que l'autonomie était un vieux mot qui ne pouvait pas être brandi n'importe comment et qui doit être dépassé pour une idée plus dynamique. Il a bien parlé de la première crise au sein du mouvement en indiquant qu'il y avait un fort courant d'échange avec les comités. Il est quand même surpris par le changement dans les têtes de beaucoup de Bretons.

Une description rapide de la population des Bonnets rouges

De sa participation aux réunions dses comités locaux des Côtes d'Armor, Jean-Pierre Le Mat a été frappé par deux choses : beaucoup de participants vivent le sentiment de la précarité, soit, à court terme (intérimaires, salariés d'entreprises en péril), soit, parce qu'ils exercent une profession indépendante dont l'avenir est bouché par les impôts. Dans le secteur privé s'étend l'idée que plus personne n'est protégé. A contrario, on n'y voit pas de salariés à statut protégé (fonctionnaires). Une catégorie particulière : des femmes qui sont grand-mères et expliquent leur présence par le désir de faire quelque chose pour que leurs petits-enfants aient une vie meilleure.

Les Bonnets rouges sont sur la courbe verte de l'innovation

Montrant un schéma dressé par Marc Halévy, un phycisien qui théorise sur les complexité Jean-Pierre Le Mat montre que les revendications des Bonnets rouges les placent là où la courbe rouge du vieux monde va se régénérer dans une courbe verte de l'innovation, de la prise en main par soi-même, de l'effervescences des petites inventions et des nouveaux modes de vie. C'est pourquoi pour définir l'avenir, il faut éviter le vieux vocabulaire, trop chargé en vieilles idées et préférer ce qui permet d'obtenir l'adhésion comme « relocaliser les décisions » .

Le redressement passe par le constats que les entreprises de service, comme Veolia, Orange, GDF-Suez, Alstom, etc. ne pourront plus continuer sur leur trajectoire, sauf à passer sous contrôle étranger. L'avenir est aux «champions régionaux » , tels que le consortium Redéo est en train de mettre en place pour le gaz et, bientôt, pour l'épargne ( voir notre article ). Les 16 milliards d'euros que possèdent les Bretons devraient s'orienter vers des services qui les concernent et qui seront moins chers.

L'affaire des « prisonniers politiques »

Nombre de Bonnets rouges ont critiqué le collectif pour sa lenteur à définir sa position sur la mise en cause et l'incarcération (18/04) de plusieurs personnes accusées d'avoir abattu le portique écotaxe de Pontorson. Ce n'est que le 21 avril que Christian Troadec a pris position, alors qu'il n'avait eu qu'une allusion au début de la manifestation pour la réunification de la Bretagne, à Nantes, le 19 avril.

Jean-Pierre Le Mat a expliqué que le collectif avait voulu s'assurer que les actions n'avaient rien qui puisse être considéré comme criminel et qu'il avait fallu obtenir un contact avec les avocats, lesquels ont déconseillé toute action massive prématurée, dans l'intérêt même des mis en examens. La défense sera sur une base politique et des rassemblements silencieux pourront avoir lieu.

La dégradation économique vue par un expert-comptable

Yves Brun, expert-comptable, est venu, à la fois montrer que la situation des comptes de l'État est plus que grave, et que beaucoup d'entreprises bretonnes sont en danger de mort. Il a promis de chercher plus avant à analyser les comtes de l'État, sur lesquels,dit-il, les journalistes économiques ne font pas des analyses bien informées. La moitié de l'énorme déficit est constitué par les intérêts à payer pour la dette !

Il a dépeint la situation de nombreux commerces, cabinets, petites sociétés pris en cisailles entre l'augmentation des charges et la baisse du chiffre d'affaires, car, la population diminue sa consommation par peur de l'avenir. C'est avant tout une question psychologique. Le carcan imposé par l'administration coupe les ailes de toute personne ayant une bonne idée à exploiter. L'avenir est dans des formes nouvelles d'activités, par exemple, plus de grandes industries, mais de la micro-industrie avec les imprimantes 3 D. Comme Jean-Pierre Le Mat, il constate que des gens lui parlent spontanément des idées promues par le mouvement des Bonnets rouges et lui font part de leur adhésion.

Face à la désertion des banques, comment trouver de l'argent?

Les banques ont déserté l'économie locale, car elles exigent des délais de remboursement exagérément courts (5 ans), alors que les taux sont dès bas. La Banque publique d'investissement est plus ouverte, mais est freinée par ses confrères. Il faut de nouvelles sources comme le crowdfunding (apport volontaire par des individus avec une rémunération réelle ou symbolique) ou les projets co-financés par de multiples associations d'investisseurs (clubs Cigale), comme celles qui ont permis le parc éolien de Béganne, près de Redon.

Débats : la situation de la pêche et les manières de soutenir les Bonnets rouges mis en cause par la Justice

La situation de la pêche en Finistère est grave et les marins-pêcheurs voudraient que les Bonnets rouges les aident à faire la lumière sur les blocages qui tiennent, soit aux comités de pêche nouveau style, soit aux vieilles méthodes des chambres de commerce et d'industrie ( voir notre article ).

Des participants à la réunion ont demandé que le collectif VDTB s'implique plus dans la défense des personnes de Dinan et de la région qui sont inculpées pour l'affaire du portique de Pontorson. Une réunion entre le collectif et les comité des Bonnets rouges de Dinan est programmé le soir du 29 avril.

La partie débat de la réunion fut animée, mais elle a permis à des échanges entre membres des comités de tout le Finistère Sud et montré que le rapprochement des points de vue se fait dans ce genre de réunion.

Christian Rogel

Voir aussi sur le même sujet : Bonnets rouges, Pêche
Cet article a fait l'objet de 1959 lectures.
Christian Rogel est spécialiste du livre, de la documentation et de la culture bretonne.
[ Voir tous les articles de de Christian Rogel]
Vos 12 commentaires
Christian Rogel Le Mardi 29 avril 2014 22:32
Un des participants à la réunion estime que ce compte-rendu est trop complaisant vis-à-vis du collectif. Le travail d'un rédacteur de nouvelles est de reproduire ce qui a été dit. Les reproches faits aux collectif sont clairement résumés et la part du débat avec la salle est proportionnelle à la durée de temps qui y a été consacrée.
L'Agence Bretagne Presse ne cache pas les tensions, puisqu'elle les met dans le titre.
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Michael PAUL Le Mercredi 30 avril 2014 09:09
En gros, le site breizatao.com ne racontait pas que des idioties apparemment !!!
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Christian Rogel Le Mercredi 30 avril 2014 10:49
En résumé, il y a eu des accrochages verbaux entre un nombre très limité de gens du collectif et de quelques comités. Personne ne le nie.
Une partie a eu lieu via Internet et, pas mal sur Facebook que l'immense majorité ne regarde pas. Les 64 comités sont trop nombreux et trop peu branchés sur le collectif pour s'émouvoir tous.
Certains prennent un arbre pour une forêt et font croire que leurs rêves chimériques d'une Bretagne intégrale (?!!) est partagé au-delà de leur mini réseau.
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Lousi le Bars Le Mercredi 30 avril 2014 13:54
@ Christian Rogel, de quoi parlez-vous : "rêves chimériques d'une Bretagne intégrale" ?
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Christian Rogel Le Mercredi 30 avril 2014 14:25
Certains parlent de manière codée. Ici, c'est "mordrélien".
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Reun koupa Le Mercredi 30 avril 2014 18:55
N.ayant pas eu de secrétaire pour cette séance, j'adopte ce compte rendu qui me paraît assez complet
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Job LE GAC Le Jeudi 1 mai 2014 01:09
Je trouve que cet article représente bien la réalité du vécut des Bonnets Rouges;
De plus, il est très clair !
Dont acte pour M.Paul
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OLIVIER ROBERT Le Jeudi 1 mai 2014 06:12
Je suis désolé, je ne vois pas comment le comité des BR, va changer quelque chose sur l'économie Bretonne, quand le gouvernement veut accélérer l'accord Trans Atlantique, la mort annoncée de l'agro alimentaire BRETON
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PIERRE CAMARET Le Jeudi 1 mai 2014 10:55
Il est certain que si negociations il y a :La Bretagne devrait etre associee a ces negociations.
Quel est le classement de la Bretagne Agro Alimentaire dans l'hexagone ?????, en Europe ????
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Yves BRUN HASCOET Le Jeudi 1 mai 2014 14:10
A monsieur Olivier Robert
Il vaut mieux toujours agir que de ne rien faire. L'économie bretonne dépend de chacun d'entre nous et des règles que nous acceptons bien. Le mouvement des BR montre que même dans notre extrême ouest, on arrive a faire bouger les lignes. Il est vrai que c.est difficile mais nous n.avons pas peur des tâches qui paraissent impossibles. La ténacité, la compétence, l'intelligence de groupe sans attendre une aide quelconque, le courage et la foi dans ses projets permettent de gagner ces batailles. Il faut avoir cet espoir pour tenter de changer un monde qui s'impose a nous et que nous ne désirons pas. Prenons l'exemple de madame Frachon qui seule remit en cause l'utilisation du Mediator face aux laboratoires. Alors mettons tous notre énergie pour un monde nouveau qui dépend de nous.
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Christian Rogel Le Jeudi 1 mai 2014 17:53
@Reun Koupa
Tu as le droit de rediffuser ce compte-rendu, mais, n'oublie pas d'appliquer la licence de réutilisation Creative Commons qui signifie qu'on doit mentionner l'auteur (moi-même) et l'éditeur (ici, l'Agence Bretagne Presse).
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Pat22 Le Jeudi 1 mai 2014 18:03
JP Le Mat semble gravement confondre autonomie et indépendance. Je ne vois pas où il est allé chercher que l'autonomie serait « une opposition entre la Bretagne et la France ». Ce serait une organisation territoriale et démocratique différente à l'intérieur de la République, pas une opposition.
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