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- Lettre ouverte -
A-t-on aujourd’hui le droit d’enseigner l’histoire de Bretagne en Bretagne ?
L’urgence de la situation réclame une intervention en proportion. En effet,
frédéric Morvan Par Centre d'Histoire de Bretagne/ Kreizenn Istor Breizh le 9/04/16 0:24
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Déclaration du Centre d’Histoire de Bretagne/Kreizenn Istor Breizh.

A-t-on aujourd’hui le droit d’enseigner l’histoire de Bretagne en Bretagne ? L’urgence de la situation réclame une intervention en proportion. En effet, il y a urgence. Cela fait longtemps que les Bretons et les Bretonnes n’ont jamais été aussi influents, tant au point de vue politique – regardez le nombre de ministres d’origine bretonne ou ayant des attaches avec la Bretagne -, économique – il suffit d’énumérer le nombre de grands industriels bretons ou le succès très envié de Produit en Bretagne, et bien sûr culturel – la culture bretonne et de Bretagne est reconnue ; très vendable car très appréciée. Il est vrai que les Bretons hors de Bretagne l’ont véhiculée.

Et pourtant ? Si la langue bretonne reste très en danger, que dire de l’histoire de la Bretagne ? Bien sûr, les bouquins sur l’histoire de la Bretagne se vendent comme des petits pains. Il suffit de mettre le portrait d’Anne de Bretagne sur la couverture d’un magazine pour voir les tirages s’envoler. Les associations – surtout les plus récentes et les moins « institutionnelles », pour l’histoire de Bretagne marchent très bien. Et les adhérents s’y comptent par centaines, voire milliers. On peut donner ici comme exemple le Centre généalogique et historique du Poher, mais aussi le petit et très récent Centre d’Histoire de Bretagne/Kreizenn Istor Breizh. Comme je l’ai mentionné, au nom du CHB-KIB au plus haut responsable politique de Bretagne, la demande est présente et forte, mais si l’offre « privée » est là, les établissements « publics » sont les grands absents.

Ni l’État, ni les collectivités régionales ou locales, ne semblent vouloir y toucher que du bout des doigts. Et pourtant un nombre incroyable de politiques sont des historiens, ou ont des formations historiques, et connaissent l’histoire de la Bretagne. Ils écoutent, mais … alors que plusieurs projets s’appuyant sur la diffusion de l’histoire de la Bretagne sont aujourd’hui à l’origine d’activités économiques de grande ampleur (Vallée des saints, Projet Diorren, etc.).

Lorsque le CHB-KIB s’était rendu au ministère de l’Éducation nationale en mai 2014 pour parler de l’histoire de la Bretagne, la conseillère du ministre (alors à l’époque un Breton historien formé à l’université de Brest) m’avait dit, je la cite « je suis outré d’apprendre qu’il est très difficile d’enseigner l’histoire de la Bretagne dans l’Académie de Rennes ». En novembre 2014, le CHB-KIB rencontre, à la demande du recteur de l’Académie, trois inspecteurs, affaires culturelles, breton histoire-géographie. Il nous a fallu tout notre sens de la diplomatie pour que la réunion ne tourne au fiasco. Nous avons eu le droit – et il semblerait que le Recteur de l’époque lui-même ait mis la touche finale – à la diffusion d’un communiqué mentionnant que les enseignants d’histoire du Primaire et du Secondaire avaient le droit d’enseigner l’histoire de la Bretagne dans le cadre des programmes.

La bras droit du ministre de l’EN nous avait mentionné : « avec la réforme des collèges en préparation, les professeur d’histoire auront plus de souplesse dans leur enseignement et donc… ». Et c’est vrai que dans la réforme, on voit arriver les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), avec l’option langues et cultures régionales. Mais des témoignages de nos membres enseignants d’histoire nous arrivent. Que se passe-il ? C’est le grand flou…. Il semblerait que l’EPI langues et cultures bretonnes doit se faire en breton. Comme on n’a jamais parlé partout le breton en Bretagne… On n'avance guère.

Quant aux universités de Bretagne, s’il y a quelques actions dont celle organisée par Laurent Le Gall à l’université de Brest, c’est bien maigre. Quelques heureux élus qui ont fait quelques recherches sur l’histoire de Bretagne parviennent à y enseigner. Beaucoup d’autres, - et là le CA du CHB-KIB m’a demandé de le mentionner, de rompre mon silence - dont votre serviteur - même s’ils ont été au CNRS, n’y ont pas accès, leur dossier de candidature n’étant même pas « examiné » par le Conseil national des universités.

Pourquoi ? En fait la vraie question est de quoi a-t-on peur ?

Certains ont peur pour leur carrière s’ils enseignent l’histoire de Bretagne car on dit que c’est mal vu. D’autres, cadres de la fonction publique, pensent que cela ne peut que favoriser le nationalisme identitaire breton, participant ainsi à l’affaiblissement de la République. Et pourtant on dit que les Bretons constituent un des principaux pivots de cette République.

Pour le CHB-KIB, Frédéric Morvan, son président.

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Vos 2 commentaires :
Michel B. de la Th Le Samedi 9 avril 2016 12:34
"Comme on n'a jamais parlé partout le breton en Bretagne…" Comment peut-on encore affirmer cela ? Le gaulois est validé comme issu du brittonique donc en usage dans toute l'Armorique. De plus, l'usage de la langue bretonne, même avec des populations plus ou moins minoritaires, était évident sur toute la Haute Bretagne. On peut même supposer, sans crainte, que le breton était employé par des minorités dans la seconde marche de Bretagne. Cela était aussi le cas en Avranchin et en Cotentin de même que dans l'actuelle Vendée. Il n'y avait pas de "mur d'Adrien" de la langue bretonne. Le brittonique a aussi été parlé dans quelques poches bretonnes en France et au nord de l'Espagne, etc... Les langues, comme les monnaies, circulent un peu partout et s'installent ici et là. La Bretagne rayonne, le breton aussi ! Il ne faut pas être aussi manichéen et accepter la nuance et la prudence dans l'affirmation de certains "clichés" !
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Jacques Le Dimanche 10 avril 2016 18:06
"Comme on n'a jamais parlé partout le breton en Bretagne…"
D'accord avec le post précédent!
On touche là au fond du problème... On veut enseigner l'histoire de Bretagne, mais chacun veut s’accrocher à ses idéologies...!
Un docteur en histoire celtique (bien connu) qui a écrit plusieurs livres sur la toponymie bretonne me disait que selon ses études, ils avaient trouvé plus de noms de lieu en Breton en Loire-Atlantique qu'en Île et Vilaine!
(Sacrilège...! Car si on peut comprendre que les habitants d'un territoire conservent une toponymie dans une autre langue, cela devient difficile d'expliquer que des gens changent cette toponymie pour l'écrire dans une langue qu'ils ne parlent pas...!)
Fleuriot nous dit que le Breton était non seulement parlé en Bretagne, mais également le long de la Loire, dans le Cotentin et en Picardie...!
A cela, on aimerait savoir la différence entre le Gaulois parlé en Gaule sans aucune contestation et le Breton qu'on affirme non légitime....!
(Fleuriot, rappellant également que le Gaulois a continué a être parlé jusqu'à 7-8ème siècle... notamment en Auvergne, mais pas seulement...).
Même s'il est vrai que la langue Bretonne (issu des civils Britons) s'est maintenue sur des périodes plus ou moins longues en reprenant progressivement une limite linguistique Britto-Gaulois vs Britto-Gallo-Romain qui existait déjà au temps de l'Empire Romain (limite dont étrangement personne ne parle à part Fleuriot)!
Ce dernier rappelant qu'à l'époque des Villes comme Carhaix et Douarnenez, bien à l'ouest, parlait directement Latin... démontrant au passage que la prétendu progressivité du parlé avait du plomb dans l'aile!
On se rappelle du débat agressif qu'il y avait eu sur ABP, quand un fameux chevalier allemand du 15ème siècle évoquait la langue bretonne parlé à Nantes... Insultes et dénigrement d'un personnage pourtant reconnu pour la qualité de son travaille dans d'autres pays d'Europe...!
L'affirmation en question "Breton pas parlé dans toute la Bretagne" est à l'évidence bien trop directe pour être le reflet de l'histoire réelle.
C'est triste, car cela ouvre la porte à des absurdités sur une langue qui ne serait pas légitime auprès de l'ensemble de la population... (alors qu'une autre langue bien plus récente ne suscite pas autant de débat...)
Jusqu'à preuve scientifique du contraire, je préfère l'approche scientifique de L.Fleuriot!
(pour l'anecdote : Car à ce mythe du Breton qui n'aurait pas été parlé dans toute la Bretagne se superpose celui du Breton langue non écrite... Je viens de voir ce wkd une pierre du 12ème siècle gravée en langue bretonne...!)
Cela fait un lien avec le sujet.... Diwan enseigne très peu l'histoire de Bretagne! Doit-on s'en étonner?
Certaines personnes me l'on justifiées par le fait de ne pas apparaître comme "communautariste" (voir "Nationaliste", voir encore mieux "recroquevillé sur soi") et du fait ne pas risquer des pertes ou baisses des aides financières de l’Éducation Nationale française, qui sont déjà faibles...!
Comprendre : Connaissance de l'histoire de Bretagne = extrémisme!
La dédiabolisation de l'histoire de Bretagne et son enseignement légitime est encore un long chemin...!
(Heureusement qu'enseigner l'histoire d'un peuple fait parti des Droits de l'Homme, selon l'ONU....! Car sans l'ONU, sur l'exemple breton, la chose ne serait pas évidente pour tous...!)
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