C’est à Montparnasse, quartier de la tour éponyme et de la gare ombilicale des Bretons, que se laisse photographier David Raynal. Pour une fois, c’est lui qui prend la pose et raconte son parcours. Un comble pour ce journaliste photographe de 36 ans, auteur de la toute récente couverture d’Armor immortalisant la célèbre tour plantée en plein cœur du Paris breton.
“Je ne suis pas parti de Bretagne, j’en suis simplement absent pour une durée indéterminée”, explique ce Cancalais exilé en capitale. Au gré de ses multiples collaborations pour la presse quotidienne (Le Figaro, Nice Matin locale de Corte, Ouest France à Saint-Malo, Le Télégramme) ou magazine (Bretagne Magazine, World ou Le Nouvel Ouest), David Raynal s’est forgé un style qu’il met aujourd’hui au service de la presse d’entreprise ou en faveur de l’édition indépendante avec le journal du Salon de l’autre Livre.
Avant de devenir rédacteur en chef de l’une des publications internes du groupe La Poste, récompensée en 2005 par un Top Com d’Or, David Raynal navigua sur Internet dans l’univers des start-up et des sites d’informations sportives et musicales en temps réel.
Le journalisme ? Après des études secondaires à Saint-Malo, de Droit à Rennes et d’Histoire à Paris, il entre à l’école de journalisme. “Tout petit déjà, j’aimais raconter des histoires et illustrer mes propos”, se remémore celui qui s’inscrit dans le sillage de son grand-père, Maurice Raynal, critique d’art, écrivain, et journaliste à L’Intransigeant qui fut, au début du XXe siècle, l’un des grands découvreurs du mouvement cubiste et de la peinture moderne.
L’art du portrait et du grand reportage
David Raynal n’a pas son pareil pour croquer l’intimité de personnalités bretonnes, comme Alan Stivell, Gilles Servat, Denez Prigent ou Nolwenn Korbell. Ses portraits d’I Muvrini ou de l’acteur Robin Renucci veulent également signifier ce métissage des cultures qui lui est si cher : “issu d’un peuple minoritaire, je suis passionné par les régions à forte identité”. Des Bretons de New York aux Acadiens ou aux Français de Pondichéry, il a promené son micro au sein de communautés et minorités culturelles. « À l’instar de tant de Malouins et de Cancalais, j’ai toujours eu les yeux rivés vers l’horizon » explique t-il.
David Raynal naît à Rennes où ses parents, tous deux artistes dramatiques, prennent part à l’aventure du Centre Dramatique de l’Ouest – aujourd’hui Théâtre National de Bretagne – et à la création de la maison de la culture de Rennes. Per Jakez Helias, dont ils ont adapté les nouvelles à la radio, est un intime de la famille. “Je suis tombé très tôt dans le chaudron celtique”, revendique David Raynal. Son père insiste pour qu’il reçoive une solide culture bretonne. Ajoutez à cela l’apprentissage de la danse dans les cercles celtiques et de la bombarde au conservatoire de Saint-Malo, avec Patrick Molard pour professeur : “il ne me manquait qu’une brique à mon édifice de réappropriation culturelle, apprendre sérieusement le breton”, poursuit-il. C’est désormais chose faite grâce aux cours auxquels s’astreint à la Mission bretonne ce père de deux enfants, marié à une architecte.
Pour David Raynal, la Bretagne se conjugue au présent dans son “sixième département” : “pour l’heure, en tant que journaliste, je me sens plus utile à la Bretagne depuis Paris”.
RONAN LE FLÉCHER
Pour en savoir plus : (voir le site)
Lire l'article de David Raynal : Olivier Roellinger, la tête dans les étoiles