Deux événements récents, quasi simultanés, de notre vie politique nous paraissent valoir ici la peine d'un commentaire : le premier est les démêlés du gouvernement avec les chauffeurs de taxis, le second est un débat télévisé sur la 5, à propos du déséquilibre chronique du budget de la France.
Concernant le premier, n'est-il pas navrant que le gouvernement d'une nation de plus de 60 millions d'habitants soit saisi d'une affaire de nombre de taxis, et doive la traiter sur la base propositions d'une Commission présidée par un haut-fonctionnaire dépourvu de tout mandat électif ? Et que, l'affaire tournant au drame, ce soit le Président de la République en personne qui doive la dénouer ? Merveilleux exemple de centralisation jacobine ! Nous pensons, nous fédéralistes que la question du nombre des licences de taxi dans une agglomération devrait être l'affaire des autorités dûment élues de cette agglomération. Pour Paris, la mairie de Paris (ou pour le "Grand Paris", les élus de la Ville avec les élus de la Région ou de la couronne parisienne) y suffisait. Pour nous, un Président et un gouvernement national ne devraient s'occuper que des grands intérêts de la Nation. Justement, un des grands intérêts d'une Nation est l'équilibre de son budget ! La conclusion du débat de la 5 était plutôt pessimiste : les dépenses de l'Etat ont été en 2007 très supérieures à ses recettes (de bien plus que les fameux 3 % considérés comme raisonnables), et tout laisse prévoir que le déficit se creusera encore en 2008 ! Les invités du tour de table sont tombés d'accord pour déplorer l'impuissance de nos gouvernements successifs, de droite comme de gauche, dans ce domaine.
Dans ce domaine ?
Mais il n'y a pas que dans ce domaine que nos gouvernements sont impuissants ! Dans son ouvrage "La France est-elle vraiment une démocratie ?" (Editions Amalthée 2007), Charles Rouxel nous rappelait (Chap. 12) que, lors des élections présidentielles de 1995, les candidats de nos deux partis de gouvernement (M. Chirac et M. Jospin) avaient publié chacun une plaquette pour présenter leurs programmes. Tous deux en soulignaient les priorités, et les priorités des priorités. Et comme priorités des priorités, tous les deux désignaient : - le drame des "banlieues", - le drame du chômage, - le drame des sans-logis.
Depuis 1995, la droite et la gauche se sont succédé au pouvoir, et les priorités de l'actuel gouvernement sont aujourd'hui strictement les mêmes ! Quant au déficit budgétaire, on pouvait lire, dans l'accablant rapport Péberau (demandé par le gouvernement lui-même en 2005), que le désastre de nos finances n'était pas du à des déficits occasionnels, mais à une accumulation ininterrompue de déficits depuis vingt-cinq ans !
Qu'en conclure ?
Que l'impuissance de nos gouvernements ne date pas d'aujourd'hui ; qu'elle n'est en rien circonstancielle, qu'elle s'étend à tous les domaines : elle est en fait structurelle. Elle est le fruit d'une série de constitutions qui ont fini par placer l'Etat au centre de tout, et ne concèdent aux régions et aux municipalités que des pouvoirs apparents, strictement encadrés légalement et financièrement. Nos régions, nos villes ne jouissent d'aucune parcelle d'autonomie réelle, pas même – par exemple - pour définir librement le nombre de leurs licences de taxis !
Souvenez-vous, lors des prochaines élections municipales, que les grands partis de gouvernement veulent en faire un test national !
Donnez plutôt vos voix à ceux qui vous paraissent les plus sincèrement préoccupés par les plus terre-à-terre de vos problèmes locaux, et ne manquez aucune occasion de réclamer pour eux plus d'autonomie par rapport aux politiciens et hauts fonctionnaires parisiens !
Jean Yves Quiguer Président du Mouvement fédéraliste de Bretagne
"La France est-elle vraiment une démocratie?"
Charles ROUXEL
(éditions Amalthée 2007)
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