"Promotion du breton" N° 9 de Septembre 2025 Le billet d'Eric (ICB)

Au-delà des bretonnants confirmés ayant appris le breton à l'école, ou par des stages de longue durée ou de perfectionnement, bien des apprenants de la langue bretonne souhaiteraient s'entraîner à parler breton avec ces bretonnants confirmés mais ne savent pas à qui s'adresser. Et quand ils le savent, ils peuvent être rebutés par maintes difficultés. Comment y parer ?

Car le contact direct de l'apprenant avec autrui ne peut que renforcer l'efficacité de son écoute des émissions de radio-télévision, ou de son utilisation d'outils d'apprentissage en ligne aussi bien que des manuels pourvus de CD. A cet égard, il est évident que la pratique orale et la rigueur écrite sont complémentaires !

A quels bretonnants confirmés s'adresser ?

Par qui commencer ?

Il faut certes commencer par solliciter les bretonnants de la famille et de son cercle d'amis ou connaissances dans la mesure où ils sont disposés à aider les apprenants dans leurs efforts.

Pour aller plus loin

Participer à des cours du soir, à des groupes de discussion, à des clubs de lecture ou à des stages est bénéfique pourvu que l'on soit à l'écoute attentive des propos, que l'on participe – même laborieusement - aux échanges et qu'on fasse preuve d'endurance durant toute une saison. Il va de soi que participer à une chorale est positif pourvu que l'on en profite pour décortiquer ce que l'on chante sans se contenter d'apprendre par cœur.

Il y a aussi des événements privilégiés

Il s'agit des salons, tel celui du livre de Carhaix, fin octobre de chaque année, ou des fêtes dédiées à la langue comme "Gouel ar brezhoneg," où l'on côtoie un certain nombre de bretonnants de bon niveau. Signalons aussi les randonnées bretonnantes, les pièces de théâtre et conférences en breton et des manifestations religieuses telles que les versions en breton de pardons. Parfois aussi, on trouve parfois des bretonnants à l'accueil sur certains sites culturels (tel le musée de l'Abbaye de Landévennec). Bref, il convient de saisir chaque occasion ! Quant aux films et documentaires en breton, leur diffusion en salle est tout à fait rare.

Et dans l'espace public ?

Il est devenu rare d'entendre parler breton dans l'espace public, non seulement en réunions et dans la rue, mais plus rarement encore en entreprises ou en magasins. Il faut donc tenter une démarche systématique d'approche des bretonnants éventuels dans l'espace public.

Cela consiste à utiliser d'abord des mots simples en breton afin de percevoir l'intérêt ou le désintérêt de vos interlocuteurs : bonjour, au revoir, comment allez-vous ?, à la vôtre !, etc.… Par exemple, un simple "kenavo" peut susciter en réponse un "kenavo ar wech all" ou "kenavo da wech all". Un "Mat an traoù ?" peut susciter un "ya 'vat" ou un "Mat-tre !". Pour dire bonjour, la réponse à un "Demat" ou un "Saludoc'h" vous renseignera sur la réceptivité de votre interlocuteur au breton. Et dans certains cas, on découvre alors des bretonnants soit passifs soit actifs et donc capables de dialoguer en breton..

Afficher sa brittophonie

Il fut un temps où étaient diffusés des auto-collants à coller sur sa voiture, du genre "Komzomp brezhoneg" On pourrait les remettre en usage.

Ne pourrait-on aussi imaginer des insignes révélant sa brittophonie ?

Comment oser parler breton ?

Difficulté N° 1

L'interlocuteur bon bretonnant parle trop vite, ou ne parle lentement guère plus d'une minute, et passe au français au plus vite pour se faire comprendre et comprendre aisément le néo-bretonnant, pour peu que l'un parle un breton de base et l'autre un breton assez littéraire.

Dans ce cas, l'apprenant ou néo bretonnant (un peu plus aguerri mais encore hésitant) ne doit pas se décourager : même si le dialogue se limite à quelques minutes ou à un quart d'heure, son parler, pour peu que le dialogue se renouvelle, ne pourra que s'améliorer.

Difficulté N° 2

L'apprenant sait bien que son breton est malhabile : vocabulaire insuffisant, syntaxe incorrecte, mauvaise prononciation. Dès lors, soit il n'ose pas parler breton, soit il se lasse vite, soit il craint d'excéder son interlocuteur bon bretonnant.

Pour autant, c'est par immersion linguistique, même cantonnée à quelques contacts individuels à défaut d'un environnement bretonnant, que l'on devient progressivement un bon locuteur.

Difficulté N° 3

Les échanges entre bons bretonnants et apprenants se limitent opiniâtrement à des banalités : formules de politesse, santé, pluie et beau temps… Les apprenants se sentent démunis pour parler en breton sur des thèmes plus ambitieux : nouvelles des enfants, petits-enfants ou amis, évocation de ses activités (domestiques, professionnelles, culturelles), livres ou films, actualités locales ou générales …

Pour y parer, c'est-à-dire enrichir son vocabulaire et consolider sa syntaxe, il faut avoir la motivation de lire du breton, même en version bilingue, et le plus régulièrement possible, au minimum une fois par semaine. Romans, poésie, théâtre, essais, souvenirs, livres pour les jeunes, bandes dessinées, il y en a pour tous les goûts.

A défaut de livres, on peut s'abonner aux revues littéraires ou d'actualités, bimestrielles ou trimestrielles (Al Liamm, Al Lanv) ou même hebdomadaire (Ya !) qui paraissent régulièrement (la revue Bremañ paraît ces dernières années beaucoup moins régulièrement mais cela ne diminue pas son intérêt).

A noter que la page hebdomadaire "Spered ar vro" du quotidien "Le Télégramme", publiée depuis nombre d'années, est attendue chaque Jeudi par un large public. Quant aux revues pour enfants et adolescents (Rouzig et Louarnig), elles seront agréables et utiles à lire pour nombre d'apprenants adultes.

De quoi illustrer que l'oral et l'écrit sont complémentaires !