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- Chronique -
Comment se décider à apprendre le breton ?
Penaos divizout da zeskiñ brezhoneg da vat ?
Le billet d’Eric (ICB) "Promotion du breton" N° 7 de Juillet 2025
Par Eric Pianezza Le Page pour ABP le 3/07/25 13:33

Le nombre de bretonnants s'effondre

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Il ne reste plus que 107 000 personnes qui parlent breton en Bretagne administrative, selon la dernière étude socio-linguistique, commandée par la région Bretagne à l'institut TMO et publiée le 20 janvier 2025. Cette étude ne comptabilise pas les enfants de moins de 15 ans, qui sont 20 000 à être scolarisés, soit en filière bilingue dans les enseignements public et privé, soit en immersion (“dre soubidigezh”) dans les écoles du réseau Diwan créé en 1977.

Ce chiffre de 107 000 locuteurs est deux fois moindre que celui de l’étude précédente de 2018. Le gallo recule aussi, mais moins fortement. Cet effectif "bretonnant" est toujours majoritairement composé de personnes âgées, dont une grande partie parle le breton sans pouvoir le lire ni l’écrire, faute d’avoir bénéficié d’un enseignement de leur langue.

Apprendre le breton à l’âge adulte : une nécessité

Les jeunes locuteurs scolarisés en breton constituent certes un vivier important, d’autant que certains deviennent des locuteurs actifs et militants. Mais pour renforcer cet effectif et multiplier les occasions d’échanger en breton, il est indispensable d’inciter les adultes non bretonnants mais sympathisants à franchir le pas. Il faut leur montrer que les obstacles à l’apprentissage sont surmontables.

Ces obstacles ne sont d’ailleurs pas plus décourageants que ceux que l’on surmonte pour se lancer dans des loisirs comme le sport, la voile, la musique, la danse, la broderie ou le jardinage. Ce qui compte, c’est la motivation, l’organisation et la persévérance.

Comment se mettre au breton ? Pourquoi pas en ligne via Desketa ?

"Apprends donc !" — c’est ce que signifie "Desketa", un site lancé le 7 juin 2024 par l’OPLB, à la demande de la Région. Grâce à une conférence de presse et à sa couverture médiatique, le site a réuni 300 inscrits dès les premiers jours. Un an plus tard, en juin 2025, on compte déjà 13 000 inscrits en Bretagne et ailleurs dans le monde.

L’idée est partie d’un constat : selon les sondages, 1,6 million de personnes se disent prêtes à apprendre le breton. Pourtant, seules 3 000 à 4 000 personnes s’y engagent chaque année via les cours du soir, stages, cursus universitaires, ou méthodes en ligne. Il existe pourtant une grande diversité d’approches, adaptées à tous les profils.

Desketa.bzh propose un apprentissage gratuit, progressif, et fidèle au breton d’aujourd’hui. L’accent est mis sur la pratique orale, tout en introduisant les bases de la lecture et de l’écriture dans le standard orthographique commun. Le site est disponible en six langues : français, breton, anglais, allemand, espagnol et gallois.

Les premiers niveaux de Desketa

Le premier niveau permet de découvrir les sons, les lettres (consonnes et voyelles), la prononciation, les règles de liaison, etc. Le niveau suivant enseigne à se présenter, parler de ses loisirs, construire des phrases affirmatives, négatives et interrogatives, ou encore découvrir les chiffres.

Quelles perspectives ?

Le lancement de Desketa intervient dans le cadre du Plan régional de réappropriation des langues 2024–2027, adopté en 2023. Malgré les politiques linguistiques volontaristes, le déclin du nombre de locuteurs du breton et du gallo se poursuit. Ce plan repose sur deux piliers : la transmission par l’enseignement, et la présence dans la vie quotidienne.

Il ne reste plus qu’à espérer que les mesures concrètes soient bien mises en œuvre — et que les Bretonnes et les Bretons relèvent le défi, en choisissant enfin d’apprendre leur langue.

Voir aussi sur le même sujet : langue bretonne
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Eric Pianezza Le Page a fait partie du Comité de rédaction de Armor Magazine. Il est aussi traducteur et connait plusieurs langues dont le breton. Pendant des années il a participé à l'organisation des Bretons de l'étranger (OBE) et il fait partie du CA de l'Institut Culturel de Bretagne (ICB).
[ Voir tous les articles de de Eric Pianezza Le Page]
Vos 6 commentaires
Anne Merrien le Jeudi 3 juillet 2025 15:20
Dans un commerce, une connaissance m'avait demandé comment ça allait. J'avais répondu : "Plaen an traoù" et la personne avait compris que j'avais plein de choses dans mon chariot. D'autres expériences de ce genre ont fini par me décourager et je me suis rabattue sur la langue écrite et sur la toponymie. Il y a quelques jours, je suis allée visiter le boyau du funiculaire de Morlaix qui n'a jamais été construit. Au mur, il y avait une phrase en breton et le guide de la visite m'a dit que les gens capables de la traduire étaient très rares. Arabat dihuniñ un aerouant o kousket.
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B Le Gras le Vendredi 4 juillet 2025 15:51
Bonjour Éric,
Je partage tout à fait ton opinion mais suis devenu pessimiste quant à la survie de notre langue à moyen terme. Un manque de volonté politique à l'échelle régionale et une opposition politique au niveau national n'augure rien de bon. Une solution : l'officialisation de la langue et l'obligation de son enseignement à toute la population scolarisée en Bretagne. Utopie, hélas !
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Pcosquer le Vendredi 4 juillet 2025 23:55
An hent nemetañ eo ober an traoù ni hon-unan:
pezh a vez lâret ganeoc’h a zo gwir e-keñver an trede rummad ; warno eo kouezhet an taol boualc'h da vat ( tud ganet adalek bloavezhioù 50 'nag eo ; kollet o hêrezh rak an dibab graet gant ul lodenn vat eus o zud dezho (un hanter deusouto...) . Pa vez komzet gant an dud emaoc'h o komz deusouto e vez intentet n'int ket a-du gant o zud war dachenn ar yezh a-benn kont hag ul lodenn vihan deusouto a vefe prest da glask adpakañ yezh o bugaleaj... Ar remziad tud-se a zo ivez an hini nemetañ gouest da gomz eus an amzer gozh c’hoazh ha diwar-se lâret o soñj a-zivout ar gevredigezh a-hiziv . Int a zo ar re wellañ neuze d’ober war dro ar re yaouank. Sevel brezhonegvaoù « a-gozh » dezho liesrummadoù o kemer perzh ennañ.
Divisoù zo memestra evit sachañ an dud-se ha lakaat anezho da zeskiñ ar brezhoneg en dro, da skwer : Liammañ an deskiñ gant yezh ar vro kentoc’h eget ar brezhoneg mod peurunvan… petra bennak ma ‘z eus ul lodenn-all a zo dija gant ar peurunvan pe gant ar c’hoant da wellaat o brezhoneg gant ar peurunvan…
Traoù zo d’or memestra evel arc’hantaouiñ an afer hag aze ez eus anv eus ur striv douget gant ar Vretoned o-unan. Ur skodenn !
Ni hon-unan dieub ha dizalc’h diouzh tud n’o deus ket gwall youl da saveteiñ ar brezhoneg pe reoù-all yodet en ideologiezhoù drastus evit ar brezhoneg. Daoust hag-eñ eo ret degas d’an tud da soñj n’eo ket livet ur yezh gant ul liv politikel bennak ?…..Fazioù bras a zo bet graet gant an Emsav hag ez eus deusouto hiziv c'hoazh kement ma z eo aet da bellaat an dud diouzh ar brezhoneg...Poent eo cheñch penn d'ar vazh.
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Jacki Pilon le Dimanche 6 juillet 2025 16:59

Bonjour,
Je vous cite :
"L’idée est partie d’un constat : selon les sondages, 1,6 million de personnes se disent prêtes à apprendre le breton. Pourtant, seules 3 000 à 4 000 personnes s’y engagent chaque année via les cours du soir, stages, cursus universitaires, ou méthodes en ligne. Il existe pourtant une grande diversité d’approches, adaptées à tous les profils.
Desketa.bzh propose un apprentissage gratuit, progressif, et fidèle au breton d’aujourd’hui. "
Mon commentaire :
L'approche "par l'offre" proposée par Desketa est intéressante mais la question qui demeure est la suivante : comment faire pour qu'une partie non négligeable - bien au delà des 0,25% actuels - des 1,6 million de personnes "prêtes à apprendre le breton" se lancent effectivement dans l'apprentissage et s'inscrivent ?
Je vous cite à nouveau :
"Les jeunes locuteurs scolarisés en breton constituent certes un vivier important, d’autant que certains deviennent des locuteurs actifs et militants. Mais pour renforcer cet effectif et multiplier les occasions d’échanger en breton, il est indispensable d’inciter les adultes non bretonnants mais sympathisants à franchir le pas."
Incitation, renforcement de la motivation : c'est bien là le coeur du problème et ma conclusion est qu'il faut procéder en deux étapes, la première consistant à entrer dans l'intimité des familles de Bretagne (grâce à une campagne de communication ciblée mais massive) pour leur demander un acte civique (ou citoyen), à savoir contribuer avec le concours d'un parent, d'un proche, d'un voisin, d'un ami, à préserver ce trésor immatériel que représentent nos langues bretonnes.
Agir pour préserver notre patrimoine, en demandant une contribution vocale à chaque famille : ceci me paraît un palier moins élevé à atteindre et moins susceptible d'hésitation qu'un acte "direct" d'inscription à un cours - surtout pour adultes -. L'inscription pourra alors se faire, rendue plus facile après cette phase préliminaire.
Vous évoquez la puissance de votre "conférence de presse et [de] sa couverture médiatique, [qui a fait que] le site a réuni 300 inscrits dès les premiers jours."
Laissez-moi vous demander : combien pensez-vous qu'une nouvelle conférence de presse avec la même couverture médiatique MAIS incitant cette fois tous les bretons à produire quelque chose de concret et chargé de sens (un simple enregistrement vocal) pour préserver leur langue...
... toucherait de personnes et les entrainerait dans l'action ? et ensuite leur ferait franchir bien plus facilement le deuxième palier, celui de l'inscription ? et ce d'autant que la publicité entretenue autour des résultats de cette nouvelle campagne de publicité aurait un effet boule de neige ?
Ces considérationss sont développées sur le site du projet Langues de Bretagne du centre culturel breton de Lannion : .
Tous les mécanismes "techniques" permettant de réaliser cette première phase (serveur, appli Androïd, appli web) sont en place.
Malheureusement leur mise en oeuvre a souffert, à ce jour, d'une absence de support auprès de l'OPLB.
Bien cordialement.
Jacki Pilon (@gmail.com)
(0)  Envoyer un mail à Jacki Pilon
Naon-e-dad le Samedi 12 juillet 2025 18:47
@Pcosquer
Da geñver treuskas ar yezh (pe restachoù ar yezh) boblek) eo ret ansav e cheñch an traoù hervez rummad an den, met ivez hervez ar c’horner-bro, hag an istor hiniennel.
E-lec’h m’emaon o vevañ hirio – ha me desket ar brezhoneg, mod-standard lakomp, pellik zo dija – ez eus tud eus ar vro, anavezet ar yezh boblek (distagadur hag all) gante met tud ha n’int ket bet desket war ar yezh standard. Poent m’eus c’hoazh da vezañ em bleud da vat gante pa m’eus tro da selaoù oute pe da gaozeal gante: gerioù eus ar vro a-wechoù, distagadur disheñvelik a-wechoù all. Hag aesoc’h e vefe din ma vefen splujet e bro ma m’eus klevet brezhoneg bev, hini luskellet ma ziskouarn drezhañ e mare ma vugaleaj ? Ne ouian ket.
Pa zizoloañ ez eus tud eus ar vro (e bro Gerne) a fell dezhe treuskas ar yezh boblek da dud deuet (hep ober gant an doare-skrivañ « peurunvañ »), on chalet un tamm. Penaos ober ? Din-me eo da Yann Vrezhoneger e-unan sevel ul liamm etre ar yezh klevet (an divskouarn) hag ar yezh skrivet/lennet (an daoulagad). N’eus doare-skrivañ ebet hag a vefe peurvat pe disi (e forzh peseurt yezh er bed). Penaos ober ? Hag un ali ho pefe ?...
Galleg. On peut trouver ici ou là des personnes très attachées à la langue du terroir et à sa coloration spécifique (intonations, certains mots de vocabulaire,..), ce que je comprends bien, mais qui par ailleurs voudraient retrouver jusque dans l’écrit cette coloration. A partir de là, elles recherchent autre chose (à définir) que le « peurunvan » au prétexte qu’il ne les satisferait pas sur tel ou tel point. Autrement dit, elles attendent de l’écrit qu’il sauvegarde l’oral.
.
Démarche sans issue selon moi, car tel n’est pas le rôle de l’écrit. Ce serait supposer que l’orthographe peut et doive parfaitement rendre compte d’une langue parlée. Ce rôle d’ajustement de l’écrit à l’oral (et réciproquement) relève de la « compétence linguistique » (comme disent les pédagogues), compétence acquise en cours d’enseignement précisément. Que l’on puisse déroger sur tel ou tel point mineur, soit. Il m’arrive de le faire moi-même quand j’écris.
.
Mais croire à la possibilité d’une éventuelle orthographe qui serait « phonétique », relève d’une insuffisance de réflexion ou de compréhension du phénomène orthographique (quelle que soit la langue : français, breton, anglais, autre...).
.
Il appartient au locuteur d’effectuer la passerelle entre orthographe standard ou commune et parler local. D’autant plus, qu’après la réforme de Le Gonideg (XIX° siècle) l’orthographe bretonne (même si elle a connu quelques déclinaisons mineures au XX siècle : 1905, skolveuriek, peurunvan, etrerannyezhel) est remarquablement stable, simple, et efficace. Je pense que l’orthographe « peurunvan » - sur quelques point délicats pour l’apprenant francophone, se référer au petit ouvrage « BIEN PRONONCER LE BRETON D'AUJOURD'HUI - Les liaisons », 2012, par J-C Le Ruyet, ancien professeur et inspecteur en bilingue - qui prolonge le KLT de1905 peut traverser le futur.
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L’essentiel est la qualité de la phonologie de l’enseignant et sa capacité à montrer comment lire ou écrire quel que soient ses préférences personnelles ou son ancrage local.
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Qu’en pensez-vous ?
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Naon-e-dad le Samedi 12 juillet 2025 19:14
@Jacki Pilon
« Faire quelque chose de concret, par exemple un enregistrement vocal ».
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Je suis bien d’accord avec vous. Mais en pratique comment faire ? Enregistrer est un travail de professionnel. Un particulier intéressé doit être guidé et, parallèlement, laissé libre pour un projet personnel. Qui contacter ? Pas évident quand l’on n’appartient pas à un certain microcosme. Vous auriez des pistes ?
.
Enrollañ ? Lenn, da skouer evit kemer perzh e sevel ul levraoueg komzet e brezhoneg ? Ya, un dra vat eo evel-just ! Met penaos ? Dre peseurt mekanik ha meziant ? N’eo ket aes da forz piv bennak gouzout hep un tamm sikour ?
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