Il ne reste plus que 107 000 personnes qui parlent breton en Bretagne administrative, selon la dernière étude socio-linguistique, commandée par la région Bretagne à l'institut TMO et publiée le 20 janvier 2025. Cette étude ne comptabilise pas les enfants de moins de 15 ans, qui sont 20 000 à être scolarisés, soit en filière bilingue dans les enseignements public et privé, soit en immersion (“dre soubidigezh”) dans les écoles du réseau Diwan créé en 1977.
Ce chiffre de 107 000 locuteurs est deux fois moindre que celui de l’étude précédente de 2018. Le gallo recule aussi, mais moins fortement. Cet effectif "bretonnant" est toujours majoritairement composé de personnes âgées, dont une grande partie parle le breton sans pouvoir le lire ni l’écrire, faute d’avoir bénéficié d’un enseignement de leur langue.
Les jeunes locuteurs scolarisés en breton constituent certes un vivier important, d’autant que certains deviennent des locuteurs actifs et militants. Mais pour renforcer cet effectif et multiplier les occasions d’échanger en breton, il est indispensable d’inciter les adultes non bretonnants mais sympathisants à franchir le pas. Il faut leur montrer que les obstacles à l’apprentissage sont surmontables.
Ces obstacles ne sont d’ailleurs pas plus décourageants que ceux que l’on surmonte pour se lancer dans des loisirs comme le sport, la voile, la musique, la danse, la broderie ou le jardinage. Ce qui compte, c’est la motivation, l’organisation et la persévérance.
"Apprends donc !" — c’est ce que signifie "Desketa", un site lancé le 7 juin 2024 par l’OPLB, à la demande de la Région. Grâce à une conférence de presse et à sa couverture médiatique, le site a réuni 300 inscrits dès les premiers jours. Un an plus tard, en juin 2025, on compte déjà 13 000 inscrits en Bretagne et ailleurs dans le monde.
L’idée est partie d’un constat : selon les sondages, 1,6 million de personnes se disent prêtes à apprendre le breton. Pourtant, seules 3 000 à 4 000 personnes s’y engagent chaque année via les cours du soir, stages, cursus universitaires, ou méthodes en ligne. Il existe pourtant une grande diversité d’approches, adaptées à tous les profils.
Desketa.bzh propose un apprentissage gratuit, progressif, et fidèle au breton d’aujourd’hui. L’accent est mis sur la pratique orale, tout en introduisant les bases de la lecture et de l’écriture dans le standard orthographique commun. Le site est disponible en six langues : français, breton, anglais, allemand, espagnol et gallois.
Le premier niveau permet de découvrir les sons, les lettres (consonnes et voyelles), la prononciation, les règles de liaison, etc. Le niveau suivant enseigne à se présenter, parler de ses loisirs, construire des phrases affirmatives, négatives et interrogatives, ou encore découvrir les chiffres.
Le lancement de Desketa intervient dans le cadre du Plan régional de réappropriation des langues 2024–2027, adopté en 2023. Malgré les politiques linguistiques volontaristes, le déclin du nombre de locuteurs du breton et du gallo se poursuit. Ce plan repose sur deux piliers : la transmission par l’enseignement, et la présence dans la vie quotidienne.
Il ne reste plus qu’à espérer que les mesures concrètes soient bien mises en œuvre — et que les Bretonnes et les Bretons relèvent le défi, en choisissant enfin d’apprendre leur langue.
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