Publié le 8/07/22 9:28 -- mis à jour le 09/07/22 09:51

En 1970, Morvan Lebesque publiait "Comment peut-on être Breton ? ". En écho à cette interrogation, cinquante ans plus tard, le philosophe breton, auteur bilingue et musicien Tugdual Kalvez repose la même question, Comment peut-on ne pas être Français ?
Ce livre est à contre-courant de ces valeurs de la république que nos politiques et nos medias nous vendent à longueur de temps. La France est principalement un État-système, un projet politique qui se résume essentiellement à une citoyenneté donnant un certain nombre de droits (pouvoir voter, avoir un passeport) et de devoirs (respecter les lois et s'assimiler). Si dans le passé il s'est agi d'assimiler des peuples aussi divers que les Corses, les Alsaciens ou les Bretons, aujourd'hui, les bouleversements climatiques , les famines en Afrique, les guerres du Moyen-Orient et maintenant le retour de la guerre aux portes de l'Europe, provoquent une augmentation massive de l'immigration que la France se croit obligée d'assimiler. Paris renforce donc son jacobinisme et refuse toute évolution vers une différentiation ou une simple reconnaissance de sa diversité.
Certes, on a le droit et la liberté de se dire breton ou même indépendantiste corse ou arabe ou je ne sais quoi. Cette liberté de parole est garantie par le système et reste une valeur fondamentale que l'on retrouve dans d'autres démocraties et que l'on ne retrouve pas dans les régimes autoritaires comme en Chine ou en Russie. Cette liberté se limite à la parole, les institutions bloquent tout développement d'une identité, d'une culture ou d'une nationalité qui remettrait en cause le pouvoir central parisien. L'égalité est mise en avant, mais elle cache aussi la francisation de tous y compris et encore des Bretons.
Tugdual Kalvez a d'ailleurs parfaitement compris que derrière les valeurs de la république et son universalisme se cache un nationalisme français. Il y oppose la diversité et la véritable démocratie du respect de la différence. Il cite Aimé Césaire «ma conception de l'universel est celle d'un universel riche de tous les particuliers» ou Senghors «La France a réussi à faire passer son nationalisme pour de l'universalisme».
Tugdual calvez résume ainsi le dilemme que Morvan Lebesque appelait La découverte ou l'ignorance : «Si être Français, c'est devoir renoncer à notre langue (non reconnue), à notre culture (marginalisée dans les médias et l'enseignement), à nos droits imprescriptibles de peuple et de nation; si être Français c'est devoir accepter la domination sans partage de Paris; de devoir encore reporter indéfiniment la réunification administrative de notre pays; si c'est encore le refus de l'accès de nos jeunes à une histoire bimillénaire ... Alors oui, vous savez pourquoi nous ne pouvons être Français».
L'Auteur
Tugdual Kalvez, linguiste, militant de la langue et de la culture bretonnes, a été professeur de psychopédagogie aux Écoles Normales de Vannes et professeur de philosophie en lycée. Philosophe, il a notamment publié un « Dictionnaire bilingue de la philosophie », breton-français, édité par l’Université Européenne de Bretagne (CRBC Rennes-2). Membre de l'Institut culturel - Skol Uhel ar Vro, il a reçu le collier de l'Hermine pour son oeuvre et plus spécialement en défense de la langue bretonne.
Philippe Argouarch
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- Le début de la fin du jacobinisme par Philippe Argouarch le 01/12/2018
- Michel Onfray démolit le jacobinisme sur France 2 par Philippe Argouarch le 03/06/2018
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- Rencontre-dédicace avec Gaël Briand pour les "Chroniques bretonnes" de Morvan Lebesque par Librairie L'Encre de Bretagne le 08/12/2016
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Oui cette liberté de parole est « tolérée », concernant les domaines dans lesquels sont prônés, défendus et demandés des changements, parfois exigées (parolement) des restructurations en profondeur, géographiques, territoriales, culturelles et politiques, économiques !
Oui cette « parole » est tolérée, mais seulement parce que, les contenus subversifs lorsqu’ils existent, les aspects révolutionnaires, les discours susceptibles d’engendrer des réactions électorales inquiétantes mais qui ne viennent jamais rien changer, ou les actes de révolte qui restent de l’ordre de l’imagination mentale et s’y confine, ont bien rassuré l’État, qui peut laisser causer, refaire le Monde, qui sans frais peut se revendiquer pur démocrate!
Mais, alors comment/pourquoi ne pas être français par défaut, puisque que l’on ne veut pas être Breton, surtout par excès ? Ou alors, juste un peu dans le « cloud » ?
Le distinguo n'est pas une subtilité. Il démontre la conception du droit de voter pour ceux qui se croient propriétaires de l'État. Avec ce. genre de manipulation à forte connotation idéologique, l'essence de la citoyenneté, soit la capacité de participer à la chose publique en tant qu'électeur ou éligible, est soumise à appréciation du pouvoir en place. Il y a là une possible base juridique à un éventuel État moins, peu ou non démocratique. Grave danger !
AV
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Car, à la différence d'internautes, pressés, brouillons, et parfois énervés, le philosophe lui prend le temps de considérer un problème - et la culture politique française dite jacobine est un grave problème, assurément - , de réfléchir et de s'expliquer calmement.
Dav eo din lenn Tugdual Kalvez, pa soñjan mat. Evit kaout argudennoù ouzhpenn plijadur ur gwir hent-prederiañ, anat deoc'h.
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Seule réserve, à ce stade: la maquette de la couverture qui semble contredire le contenu annonçé et attendu....Notamment par la disposition des couleurs impactant la perception du titre. Donc sa lecture intantanée. Et par conséquent sa compréhension.
L'auteur a-t-il eu son mot-à-dire face à l'éditeur. Il me semble qu'il aurait dû refuser une telle maquette.
Dipitus un tammig eo an doare-livañ choajet evit an titl, hervezon.
L'ouvrage ne tient pas compte que le droit d'option a été abrogé en 2019 et donc que le droit de veto des PDL n'existe plus (sans doute ce veto était-il inconstitutionnel et le droit d'option aussi, parce que le Parlement ne peut se départir ainsi de sa compétence exclusive sur le découpage territorial).
Si la B4 et les PDL ont été créés en 1938 par un simple décret de Daladier, ces regroupements de CCI ont depuis changé de statut. En tant que collectivités territoriales, elles ne peuvent être modifiées à présent que par une loi ou un référendum national, comme celui de 1969 où les Bretons avaient cru bon de voter oui. Cette régionalisation a par la suite été votée par l'Assemblée nationale en 1972 (il y a tout juste cinquante ans) dont les députés avaient été élus en 1968, donc leur légitimité était plus ancienne que celle du référendum perdu.
Qu'est ce qu’il change en France le philosophe, ou dans le Monde (?), en dehors de préciser le sens précis et multiple des mots et concepts tant revisités, avec clarté, et souvent accessoirement armé d'un esprit acéré, bien politisé ou non, dans le confort de n'avoir, ni à les mettre en œuvre ni, s 'y risquant éventuellement d'en assumer la responsabilité de leur inadéquation pratique et des échecs, ce qui est tout un autre travail???
Énervés ? Je suppose que vous les estimez « sous tensions » ceux-là ? Contrairement à l’autre sens ou interprétation qui désigne celui/ceux à qui l’on a ôté les nerfs, et ses aptitudes à s’opposer avec une certaine vigueur ? Intervention qui peut par exemple annihilé toute réaction, soit par lobotomie chirurgicale, soit ingestion médicamenteuse, sans oublier bien sûr nos très intellectuelles et religieuses idéologies anesthésiantes, à mourir. Á précisez donc !
Ceux qui mettent en avant des décrets dont personne n'a entendu parler , aussi !
Ce qui semble plus concret et plausible pour l'avenir de la Bretagne et de bien d'autres régions est sans aucun doute l'effet du changement climatique et le montée des eaux avec disparition de bandes côtières importantes ...
Ou de tsunamis ...
Perso , je suis née en 1953 à St Nazaire en Loire-Inférieure , en Bretagne , et ce n'est que dans les années "Giscard" que la terminologie "Bretagne-Pays de la Loire" est apparue pour la Loire-Atlantique . Le but étant évidemment de glisser vers PDL uniquement ...
Le décret "Pétain-Darlan" du 30 juin 1941 est lui toujours bien lisible ...
(voir le site)
On y trouve effectivement le terme "Pays-de-la-Loire".
Plus que ces histoires de dates, je voulais surtout mettre en garde contre la fausse analogie "ce qu'un décret a fait, un autre décret peut le défaire". Les PDL du décret de 1938 n'ont pas du tout le même statut que les PDL de la loi de 2015.
La loi du 5 juillet 1972 marque un tournant avec la mise en place d'une politique de débretonnisation/ligérification du 44. Au bout de cinquante ans de lavage de cerveaux, quel bilan en tirer ?
" A chacun l'heure venue la découverte ou l'ignorance "Maiq qu'est-ce-qui a changé,finalement,depuis ce livre
écrit en 1970 ? ce livre que bien des élus devraient lire ainsi que bien des bretons.
Une écossaise,un gallois,un irlandais, se posent-ils la question"comment peut-on ne pas être anglais?"
j'en doute fort.
La France et la Bretagne de 2022 n’ont rien à voir avec celles de 1970.
La France et la Bretagne de 2022 n’ont rien à voir avec celles de 1970.
Si les mots ont un sens, n'importe quel traité suppose, au moins, une vraie négociation parfois rugueuse entre les parties contractantes légales, puis un accord général établi par un écrit reconnu et accepté, puis toujours signé par les parties.
Le fait est que ce "Traité de 1532", n'appartient absolument pas au domaine du Droit International Public (DIP). Il ne comporte aucune des caractéristiques obligatoire d'un acte de DIP. En l'occurence, il n'est signé que par le Roi. En réalité, il s'agit d'un simple Édit royal n'ayant force de droit qu'interne au royaume français. Mais pas en Bretagne souveraine et indépendante mais vaincue et occupée.
Le plus pertinent est de parler d'Édit d'annexion. En effet, en 1532, il n'y eut ni Traité, ni Union mais Édit et annexion.
C'est ce texte unilatéral français que les révolutionnaires annulèrent le 4 août 1789 afin d'en finir avec les Corps intermédiaires, soit, ici, : la Coutume de Bretagne garantissant les droits de la Bretagne et des Bretons, stupidement décrits comme autant de privilèges ! A commencer par la validation des Édits royaux par le Parlement de la Bretagne statuant selon la Coutume de Bretagne.
Comme il est justement écrit (p.111), abolir le pseudo "Traité du 7 août 1532" consistait pour la Bretagne (et probablement tant d'autres provinces annexées), à revenir à la situation d'un État souverain. D'autant que Renée, légitime et légale Duchesse de Bretagne, héritière du Duché mais outrancièrement spoliée par François Ier au bénéfice de sa soeur Claude, avait certainement une descendance, l'uchronique DIP stipulait qu'à ce moment du processus révolutionnaire, et stipule aujourd'hui que la Bretagne était, en droit, souveraine et indépendante.
Ceci devrait suffire à constituer un fondement juridique et politique pour une réforme constitutionnelle faisant de la France un système institutionnel d'autonomies selon les si réputés modèles de nos voisins.
Le dernier texte de DIP entre le Bretagne et la France, soit entre leur souverains : Anne et Louis, est et reste leur contrat de mariage de janvier 1499.
AV