Après ses concerts de Lézardrieux donnés avec Gilles Servat, en hommage à Brassens, (voir notre autre article), "Claude Besson chante Georges Brassens"
Il y a trente ans, Georges Brassens nous quittait…
Par son nouveau CD, Claude Besson lui rend hommage et quel hommage !
Originalité, créativité, novation des arrangements sont au rendez-vous de cet amoureux album dédié à l'un de ses maîtres.
Brassens… tant de fois chanté, rechanté et même, dont les musiques furent reprises par des artistes à l'univers musical très divers et si différent de celui du libertaire français.
Nous retiendrons particulièrement le travail de Christian Escoudé faisant « jazzer » , avec une terrible efficacité, les notes du poète. Souvenons-nous, également, des merveilleux albums de Maxime Le Forestier, et du non moins remarquable opus de Renaud.
Aujourd'hui, et c'est un événement, une grande et belle voix de la Bretagne, Monsieur Claude Besson, s'approprie, et de quelle manière, les textes et les musiques du célèbre interprète du « Gorille » , devenu, depuis les années 50, un amoureux du pays d'Armorique où il passait régulièrement ses vacances près de Paimpol et qui avait, même, souhaité, sur le tard, avoir un joli pied à terre baptisé « Ker Flandry » à Lézardrieux.
Marquant une parenthèse, après un très bel album personnel, « Arbres » , Besson se penche, avec talent, sur l'œuvre de l'homme à la pipe.
Il ne s'agit, aucunement, d'un énième disque consacré au « très grand Georges » , mais d'une authentique et très respectueuse re-création de certaines chansons connues ou moins connues…
Parmi cette œuvre immensément riche, Claude a parfaitement réussi à trouver les textes qui le touchaient tout particulièrement et qu'il souhaitait nous faire découvrir ou redécouvrir. Il nous présente, ici, d'authentiques perles.
De sa voix chaude, naturelle, teintée d'émotion, il interprète à merveille douze chansons auxquelles il donne, et c'est là toute l'originalité, une touche nouvelle grâce à des arrangements musicaux très subtils sculptés à la guitare. Claude est, sans conteste, un excellent musicien, il nous le prouve une fois encore nous entraînant dans la magie de ces versions, revisitées.
C'est avec le superbe poème d'Antoine Pol, « Les passantes » , mis en musique par Georges Brassens au début des années 70, que Claude ouvre ce nouvel album. L'émotion est au rendez-vous dans cette interprétation, accentuée par des accords rappelant, un peu, le jazz manouche, et par quelques notes « slide » . Des sons cristallins s'échappent de sa guitare, le résultat est magnifique. On retrouve cette coloration dans « Mouton de panurge » .
De beaux soli de guitare introduisent et concluent « La non demande en mariage » qu'il réactualise avec beaucoup de talent. Parfois, cette même guitare s'enhardit, créant un léger suspens dans « Comme une sœur » , l'instrument prend, alors, des sonorité de harpe dont les notes s'écoulent légères et claires comme le doux chant du ruisseau. On croit entendre, aussi, le gracieux gazouillis d'un oiseau dans la magnifique chanson « A l'ombre du cœur de ma mie » grâce au jeu précis et délicat de Claude sur les cordes de sa « Martin » .
Besson excelle, également, dans l'art du « sifflement » . Un véritable chant de rossignol s'échappe de sa gorge accentuant la nostalgie du pauvre croque-notes héros de « la princesse et le croque-notes » . C'est un pur joyau par l'interprétation autant que par l'ambiance musicale. Les personnages deviennent vivants.
Le musicien breton a su, aussi, garder des tonalités plus classiques dans « Bécassine » ou dans « Sale petit bonhomme » . Accords plus sobres aussi lorsqu'il accompagne, à la guitare, la jolie voix claire et rythmée de son épouse, Françoise Bihannic Besson qui interprète trois chansons : « Les oiseaux de passage » , « Histoire de faussaire » et « L'orage » . C'est Françoise qui donne alors la connotation jazz. Dans cet hommage au Maître, Claude a associé sa Baladine, le bonheur est complet.
Le résultat est étonnant et fascinant à la fois, car, malgré ces nouveaux arrangements, la tonalité reste proche et fidèle aux célèbres accords de Brassens. Quelle alchimie ! Avec des accords de guitare novateurs, on redécouvre ces poèmes remarquables et, plus que jamais, d'actualité, comme « Mourir pour des idées » et « Les quatre bacheliers » . L'album s'achève par les « Philistins » , un hymne aux chevelus, poètes. Il mérite une écoute attentive avec le cœur, l'évasion est assurée.
Les perles ont toujours un écrin, la jaquette du CD est, aussi, un bijou.
Un petit livret intérieur s'ouvre sur deux portraits du grand poète : le premier réalisé par Fanch Bernard et le second, dessiné par Kawrantin Le Goff jouxtant le décor de Margaux, fille de Claude. Au dos, un mot de l'artiste est un beau prélude à l'écoute de ce magnifique opus tout en étant, aussi un beau message pour la jeune génération.
« Pour toutes ces chansons si belles, ces diamants sonores impérissables que nous continuerons à chanter de notre mieux avec tant de bonheur jusqu'à la fin de l'éternité voir plus loin…Un grand merci à toi Georges Brassens. Claude Besson » .
Ecoutez ce CD et chantez, chantez, chantez !
Evelyne Pernel
1 - Les passantes
2 - Le mouton de Parnurge
3 - La non demande en mariage
4 - La princesse et le croque-notes
5 - Mourir pour des idées
6 - Le testament
7 - Comme une soeur
8 - Les quatre bacheliers
9 - Les oiseaux de passage - avec Françoise Bihannic-Besson
10 - Histoire de faussaire - avec Françoise Bihannic-Besson
11 - L'orage - avec Françoise Bihannic-Besson
12 - Bécassine
13 - Sale petit bonhomme
14 - A l'ombre du coeur de ma mie
15 - Philistins
Paroles et musiques : Georges Brassens, sauf :
- titre 1 "Les passantes" - poème d'Antoine Pol
- titre 9 "Les oiseaux de passage"
- titre 15 "Philistins" 2 poèmes de Jean Richepin
Pour tous les détails sur l'artiste, le site officiel : (voir le site)
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