Claude Allègre, ancien ministre de l'Éducation nationale sous le gouvernement de Lionel Jospin, est décédé à l'âge de 87 ans. Figure controversée de la scène politique et scientifique française, il était connu pour ses positions tranchées, souvent polémiques, sur des sujets allant du changement climatique à l’éducation, et notamment sur la place des langues régionales dans l’enseignement.
Claude Allègre a marqué les esprits par ses déclarations acerbes à l’encontre des politiques de soutien aux langues régionales. À une époque où des initiatives étaient prises pour renforcer l’enseignement bilingue, notamment en breton, occitan et alsacien, il s’était fermement opposé à ces mesures, qu’il qualifiait de "pêche aux voix".
Lors d’une interview en 1998, il avait déclaré :
« Je ne crois pas que ce soit le rôle de l’État de financer le recrutement d’enseignants bilingues. »
Selon lui, les priorités éducatives de la France devaient être le français et l’anglais, qu’il considérait comme des outils essentiels pour la réussite économique et la compétitivité internationale. Il avait ajouté :
« La première priorité, c'est le français, et les enfants ont déjà des difficultés en français. La deuxième priorité, c'est de parler anglais. Les langues régionales, ça vient après. Il faudrait que la France fabrique des informaticiens sachant parler anglais, et on nous propose de fabriquer des bergers parlant breton ou occitan. Je ne suis pas sûr que l’on va gagner la compétition internationale avec ce genre de mesures. »
Ces propos avaient suscité une vive indignation parmi les défenseurs des langues régionales, qui voyaient en lui un symbole de la centralisation jacobine et du mépris pour la diversité linguistique et culturelle de la France.
Claude Allègre n’a pas seulement laissé son empreinte sur les débats linguistiques. Climatoseptique affirmé, il avait minimisé pendant des années l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique, s’attirant les critiques de nombreux scientifiques. Ses positions tranchées, souvent en décalage avec le consensus scientifique, lui avaient valu autant d’admirateurs que de détracteurs.
En matière d’éducation, son mandat de ministre reste associé à des réformes ambitieuses mais controversées. Alors qu’il visait à moderniser le système éducatif, ses méthodes, perçues comme autoritaires, et ses déclarations provocatrices avaient généré des oppositions, y compris au sein de sa propre majorité.
Les propos de Claude Allègre sur les langues régionales résonnent encore aujourd’hui dans un contexte où la question de leur survie reste un sujet brûlant. Si ses critiques avaient trouvé un écho parmi certains partisans de la centralisation, elles avaient également renforcé la mobilisation des associations et des militants en faveur des langues minoritaires.
Plus de vingt ans après son mandat, l’enseignement des langues régionales reste un combat permanent. Malgré des avancées comme la loi Molac de 2021, qui avait tenté de renforcer les droits des écoles bilingues, les langues comme le breton ou l’occitan continuent de faire face à des menaces, que ce soit par manque de moyens ou par des décisions politiques parfois contradictoires.
Claude Allègre aura marqué son époque par ses positions sans compromis, souvent provocatrices, sur des sujets majeurs comme l’éducation, le climat et les langues régionales. S’il a laissé une empreinte durable dans les débats publics, son héritage est loin de faire l’unanimité. Pour les défenseurs des langues régionales, il restera le symbole d’un État centralisateur et sourd aux richesses de sa diversité culturelle. Pourtant, c’est peut-être grâce à l’opposition qu’il incarnait que le mouvement en faveur des langues minoritaires a trouvé une énergie renouvelée pour poursuivre son combat.
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