Pebeco : en grève pour 50 €
Avril 2004 : l’entreprise Focast est liquidée. Plus d’une centaine de licenciements. Il reste 80 personnes qui sont reprises par PEBECO.
Juillet 2004 : le nouveau patron annonce la suppression de tous les acquis sociaux : jours d’ancienneté, jours fériés accordés en plus du minimum légal, jours accordés aux mères de famille, mais il promet d’appliquer les 35 heures (qui n’avaient jamais été appliquées jusque là).
Les salariés acceptent, parce qu’il faut bien sauver la boite et leur emploi.
Juillet 2006 : l’entreprise tourne bien, le secteur petites pièces n’existe plus mais le secteur grosses pièces est en forte progression. « Nous voyons revenir d’anciens clients, preuve d’une confiance renouvelée » dit le délégué CGT, Gilles Rivaud.
« Le personnel a fait des efforts, il demande maintenant le juste retour. Nous avons participé à une négociation salariale en juillet, sans succès. Nous demandons une augmentation de salaire de 50 € par mois pour tout le monde et la transformation de la prime que nous touchons l’été et à Noël en 13e mois ». Les salariés demandent d’autant plus que les 35 heures, qui leur avaient été promises, n’ont pas été mises en application.
En grève tous les jours
Devant l’échec de la négociation, le personnel décide, en Assemblée Générale, de mener des actions de débrayage, une heure par jour. Quatre fois fin juillet, avant les congés. Puis reprise des débrayages au retour des vacances, à partir du 28 août.
A ce jour, 26 septembre, cela fait 25 heures de débrayage.
Le mouvement est suivi par les trois-quarts du personnel soit 30 personnes le matin et 25 l’après-midi. Les cadres et la maîtrise ne débrayent pas.
Le personnel est amer de voir que son savoir-faire et sa bonne volonté ne sont pas reconnus. « Avec un baccalauréat professionnel et une douzaine d’années d’ancienneté, je ne suis qu’à 70 € bruts au-dessus du SMIC » dit un salarié.
Le SMIC est à 8,27 € de l’heure, brut. Compte tenu des cotisations sociales salariales qui se montent environ à 20 %, il reste 6,62 € de l’heure. Ce qui fait un salaire net de 1118 € environ pour 39 heures par semaine.
50 € représenterait une augmentation de 4,5 % seulement. Excessif ? Non quand on lit, dans le journal Les Echos, du 10 juillet 2006, les augmentations de salaires dont ont bénéficié les Patrons cotés en Bourse au CAC 40 :
AGF + 81,6 % ; Suez + 42,7 % ; BNP Paribas + 24,0 % ; Pernod-Ricard + 20,4 % ; EDF + 17,4 % ; Total + 12,3 % ; Lagardère + 6,9 % ; Axa + 4,8 %
Le pauvre patron de Danone n’a eu que 2,4 % mais il a quand même gagné 207 000 euros par mois en 2005.soit environ 165 fois le SMIC.
Les salaires des patrons vous intéressent ? http://www.lesechos.fr/info/rew_france/200078891.htm
Grève de 24 heures
Mardi 26 septembre : les 55 personnes sont en grève pour la journée, avec défilé en ville.
"Nous avons eu de nouvelles réunions avec la Direction locale, M. Kanieski, et avec le PDG, M. Alleaume et ils proposent :
- 8,27 € de l'heure pour le coefficient 170
- 8,30 pour le coefficient 190
- 8,36 pour le coefficient 215
- 8,67 pour le coefficient 240"
Avec l'augmentation du SMIC il y a des salariés qui ont eu 40 € d'augmentation, et d'autres : 7 € (dans le mois ! même pas de quoi payer un repas ouvrier).
Au delà de ces salaires horaires, il existe des petites augmentations "au mérite". Mais quand le SMIC augmente, plus d emérite ! il est grignoté !
La direction institue aussi une "prime de présentéisme" : mais sur 11 mois seulement.
Déçus, les salariés continuent le mouvement. La direction les a réunis en assemblée générale. "Dialogue" de sourds ... inévitable, quand la Direction commence par dire que le SMIC est trop élevé !
Question bête : la Direction est-elle payée au dessous du SMIC ??
A l'issue de l'assemblée générale les salariés ont décidé 24 h d egrève, mardi 26 septembre, "pour l'instant".
ABP/BP .
Pour retrouver l'histoire de Focast-Pebeco, voir le journal La Mée : http://www.journal-la-mee.info/SPIP-v1-6/article.php3?id_article=415