L'ancien ministre socialiste Charles Josselin et l'actuel président PS du conseil général des Côtes-d'Armor Claudy Lebreton ont été reconnus coupables dans un jugement rendu le 4 avril.
Les magistrats les ont cependant dispensés de peine en soulignant que les infractions, de prise illégale d'intérêts pour Claudy Lebreton et d'abus de confiance pour les six autres prévenus, étaient constituées mais que le dommage avait été "réparé", les sommes en cause ayant été remboursées.
Puisqu'il n'est pas permis de contester une décision de justice rendue au nom du peuple, quand bien même c'est le peuple costarmoricain qui a été le dindon de la farce, on doit s'attendre à ce que tout voleur ne soit plus condamné dès lors qu'il restitue le bien détourné à la demande d'une autorité.
Selon que vous soyez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir La Fontaine
Responsable mais pas coupable : on se souvient de cette formule rendue célèbres par Georgina Dufoix lors du scandale du sang contaminé. Il conviendra d'ajouter une formule inédite : coupable, mais dispensé de peine. Voilà qui arrange bien le commerce de Claudy Lebreton, 59 ans, réélu le 20 mars à la tête du conseil général des Côtes-d'Armor et actuel président de l'Assemblée des départements de France (ADF), en lui permettant d'échapper à une inéligibilité automatique.
Le Code électoral (art. L.7) prévoit en effet que les personnes reconnues coupables de prise illégale d'intérêt sont radiées des listes électorales pendant cinq ans.
Voilà qui n'arrange pas l'image des hommes politiques et qui ruine celle de la démocratie.
On nous répondra, dans le style d'une dissertation de terminale, que si la culpabilité est un état déterminé à l'issue d'un jugement, elle est aussi un sentiment qui affecte un sujet. Manifestement les élus bretons n'éprouvent pas ce sentiment. Pourtant, le parquet de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, où le procès a été délocalisé au terme d'une instruction menée après des dénonciations de la Chambre Régionale de la Cour des Comptes de Bretagne, avait anathématisé les pratiques interlopes des deux dirigeants costarmoricains. "Ce qui est en cause, c'est l'argent de nos concitoyens qui n'ont que faire des règles non écrites et du droit coutumier local", avait souligné le procureur Philippe Bourion, tout en dénonçant les pratiques consistant à "utiliser à des fins personnelles ce qui vous est remis à des fins professionnelles". Conseillons à nos élus de lire Spinoza quand il écrit que « C'est le sentiment de culpabilité qui provoque la prise en charge de soi par soi » Cette prise en charge porte un nom : la responsabilité. Dans ce département, le plus pauvre des quatre départements bretons, l'argent public n'a pas d'odeur. La farce électorale pourra donc se poursuivre.
Le 5 avril 2008
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne