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Reun Kreston 1898-I964
L'artiste et ethnologue René-Yves Creston naissait le 25 octobre 1898 à Saint-Nazaire au 8 rue de la Paix. Il passa son enfance à deux pas de là, rue des Caboteurs, dans une atmosphère imprégnée par le vent du large, la culture ouvrière et les bruits des chantiers navals tout proches.
Un grand Nazairien que l'on redécouvre à travers nombre d'expositions et publications
L'Écomusée de Saint-Nazaire lui a rendu un hommage remarqué en 2003 avec une magnifique exposition sur son travail autour de la construction du paquebot Normandie. De son coté le Musée Bigouden de Pont l'Abbé exposa au printemps 2003 une sélection de 200 œuvres du cofondateur et animateur des Seiz Breur. Le livre monumental publié en 2000 à l'occasion de la grande exposition Ar Seiz Breur, la Création Bretonne entre tradition et modernité met au centre de ce mouvement artistique l'œuvre de René-Yves Creston. Le Musée des Marais Salants du Bourg-de-Batz, sous la direction de son conservateur Gildas Buron, travaille sur de l'œuvre de Creston depuis des années avec en particulier une magnifique exposition en 2005 sur ses rapports avec les marais salants.
Ar Seiz Breur ou les arts au service d'une volonté d'internationaliser et moderniser la Bretagne
Le mouvement Ar Seiz Breur qu'il anima entre 1923 et 1947 s'inscrivait dans ce vaste mouvement d'émancipation nationale des petits peuples d'Europe qui s'exprima à travers les Arts, de la Finlande à la Catalogne, en passant par les Pays Baltes. En 1937 il fut l'un des principaux réalisateurs du pavillon de la Bretagne de l'Exposition Universelle de Paris qui vaudra une reconnaissance internationale à la création bretonne et à son originalité.
Les Seiz Breur et la nouvelle architecture bretonne
Les Seiz Breur ont également profondément marqué le renouveau de l'architecture bretonne de l'entre deux guerres, en s'inspirant en particulier des principes du maître de l'architecture américaine, Franck Lloyd Wright, qui embrassaient aussi bien les arts décoratifs et graphiques, l'urbanisme que la recherche sur les grands édifices et les maisons individuelles. L'inspiration première du grand maître de Chicago étant à la fois son approche de la culture celtique dans laquelle il fut immergé avec son enfance galloise et la civilisation japonaise qui marqua également son contemporain, C. R. McIntosh, le père du design et fondateur de la célèbre Glasgow School. Un des Seiz Breur (Sept Frères) du premier cercle, André Batillat (1901-1965), mit en pratique ces principes dans ses travaux de recherches pour une nouvelle architecture bretonne. Cette autre grande figure nazairienne disparaissait un an après son vieux copain de lutte, Reun Kreston, comme ce dernier aimait signer nombre de ses œuvres pour affirmer son militantisme et sa volonté de réappropriation de la langue bretonne qui était encore bien présente dans le « Vieux Saint-Nazaire » des années 1920.
Charcot et le Pourquoi pas ? La vocation de navigateur de Creston et son amour pour les gens de mer
Comme un hommage indirect, les Chantiers de l'Atlantique lancèrent en 2004 le plus important navire océanographique de l'IFREMER baptisé le Pourquoi pas ? en mémoire du Commandant Charcot que René-Yves Creston, qui était aussi un navigateur dans l'âme, accompagna dans sa campagne au Groenland, en 1933, comme artiste officiel. Suite à cette expédition polaire il sera nommé en 1936 peintre de la marine. Parmi toutes ses activités liées au monde maritime il dirigea, avant la seconde guerre mondiale, le département arctique du Musée de l'Homme et publia en 1955 un Manuel de l'ethnographie maritime qui fait toujours autorité.
Convictions bretonnes et Résistance anti-nazie
Homme de caractère, il n'hésita pas à s'engager dans la Résistance dès août 1940 dans le célèbre Réseau du Musée de l'Homme et à monter un groupe de renseignements sur Saint-Nazaire dont les informations et les plans seront forts utiles pour la préparation de l'Opération Chariot. Rappelons que ce raid britannique (28 mars 1942), d'une audace incroyable, eut une importance considérable dans la Bataille de l'Atlantique. Les autorités de Vichy retireront à René-Yves Creston son titre de peintre de la marine pour “son manque de loyauté” au régime collaborationniste.
De la notoriété internationale à la reconnaissance nazairienne…
Celui qui célébra avec talent la Bretagne à travers une œuvre artistique multiforme et au cours d'une brillante carrière d'ethnologue mérite qu'enfin sa ville natale lui rende un hommage à la hauteur de sa stature. Marie-Andrée Corcuff, conservatrice en chef à l'Institut national du Patrimoine, qui fit une communication sur l'artiste nazairien lors du congrès des Fédérations des Sociétés Historiques de Bretagne le 4 septembre 2008, souligna que « La matière est formidable. René-Yves Creston a eu plusieurs vies. Sa personnalité est très riche. Une ville comme Saint-Brieuc, dont il a été le conservateur, est très fière de lui. À mes yeux, ce devrait être quelqu'un d'important pour sa ville natale ». Devant l'intérêt croissant des Nazairiens pour Creston, gageons qu'il ne devrait plus longtemps rester ignoré par une ville qu'il a tant aimée et qui fut à l'origine de sa conscience bretonne.
Hubert Chémereau
président du Credib.
Saint-Nazaire / Sant-Nazer, 24 octobre 2008.
La revue nantaise Place Publique publie dans son numéro de septembre 2008 un article de Hubert Chémereau René-Yves Creston, une certaine idée de la Bretagne.
(voir le site) du CREDIB, Saint-Nazaire.
(voir le site) “Chemin de mémoire”, page Réseau du Musée de l'Homme.
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