
L’affaire du magasin Mr Bricolage construit sur un ancien site mégalithique à Carnac connaît un nouveau rebondissement devant la cour administrative d’appel de Nantes. En cause, la manière dont l’État aurait – ou non – notifié l’obligation de réaliser des fouilles archéologiques avant les travaux. L’association Koun Breizh dénonce une chaîne de responsabilités défaillante et alerte sur la fragilité de la protection du patrimoine mégalithique...
L’affaire du magasin Mr Bricolage construit sur un ancien site mégalithique à Carnac (Morbihan) rebondit sur le terrain administratif. Jeudi 20 novembre 2025, la cour administrative d’appel de Nantes a examiné le recours visant l’annulation du permis de construire, délivré en 2022, pour fraude. Selon la rapporteure publique, les recours devraient être rejetés, faute de pouvoir prouver que la mairie de Carnac et l’aménageur avaient connaissance, de façon certaine, de l’obligation de réaliser des fouilles archéologiques préalables.
Dans un communiqué daté du 22 novembre, l’association Koun Breizh demande désormais à la DRAC Bretagne (Direction régionale des affaires culturelles) de confirmer officiellement qu’elle n’a pas notifié, par lettre recommandée avec accusé de réception, l’arrêté préfectoral prescrivant des fouilles préventives, ni à la mairie de Carnac, ni au porteur de projet.
Un arrêté de fouilles de 2015 au cœur du dossier
Par un arrêté du 31 juillet 2015, le préfet de région avait prescrit une fouille préventive avant tout aménagement de la parcelle concernée, après un diagnostic archéologique révélant la présence de monolithes dressés.
Des autorités qui assuraient que “tout avait été fait conformément à la loi”
Les militants bretons rappellent qu’à la suite de la polémique de 2023, la DRAC et la préfecture du Morbihan avaient assuré publiquement que tout avait été fait dans les règles et qu’il n’y avait plus lieu de contester la procédure.
Pour Koun Breizh, la révélation, en audience, de cette éventuelle absence de notification en recommandé vient contredire ces assurances antérieures : « Aurait-on voulu éteindre un incendie au mépris de la vérité ? »
Elle juge également difficilement croyable que le propriétaire du terrain n’ait ni reçu le courrier simple, ni été informé des résultats du diagnostic archéologique, ni même de l’inscription de sa parcelle dans le périmètre de la candidature au patrimoine mondial.
Une enquête pénale toujours en cours
Parallèlement à la bataille administrative autour du permis de construire, une enquête pénale a été ouverte en 2023, à la suite d’une plainte déposée notamment par Koun Breizh et l’association nationale Sites & Monuments pour destruction de vestiges archéologiques.
Cette enquête, menée par la brigade de recherches de Lorient, est toujours en cours. Les associations espèrent qu’elle permettra de clarifier qui savait quoi, et à quel moment, sur la valeur archéologique du terrain et sur l’arrêté de fouilles préventives.
« la protection de notre patrimoine archéologique breton demeure un objectif secondaire ». Elle annonce vouloir lancer une réflexion plus large sur l’amélioration des dispositifs de protection.
Koun Breizh avance une piste concrète : rendre accessibles au public, via un portail numérique comme Géoportail ou l’Atlas du patrimoine, tous les arrêtés de prescription de fouilles préalables, afin d’en assurer une large publicité et d’éviter la répétition de destructions sur des terrains pourtant signalés à risque.
La décision de la cour administrative d’appel de Nantes sera rendue ultérieurement. Quel qu’en soit le sens, la bataille autour des menhirs disparus de Carnac a déjà relancé, en Bretagne et bien au-delà, le débat sur la manière dont l’État, les collectivités et les aménageurs prennent – ou ne prennent pas – en compte la fragilité des sites archéologiques face à la pression immobilière et commerciale.
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Koun Breizh
Le communiqué
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