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Carlos Nùñez est l'ambassadeur de la musique galicienne
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- Chronique -
Carlos Nùñez sur scène à Lorient
C'est un magicien. Les critiques l'ont surnommé le Jimi Hendrix de la gaita, la cornemuse du Finistère espagnol, en raison de l'incroyable dextérité de son jeu. Le 06 août, Carlos
Par David Raynal pour ABP le 31/07/09 5:27

C'est un magicien. Les critiques l'ont surnommé le Jimi Hendrix de la gaita, la cornemuse du Finistère espagnol, en raison de l'incroyable dextérité de son jeu. Le 06 août, Carlos Nùñez sera l'ambassadeur de la Galice, la région à l'honneur du 39e Festival Interceltique de Lorient. Cette année, il a décidé de partager l'affiche avec le bagad de Lann Bihoué et l'artiste brésilien Lénine. En attendant le spectacle et la sortie imminente de son dernier album Alborada do Brazil retour sur Cinéma do mar, le cinquième album studio de ce maestro génial et atypique.

A treize ans, Carlos Nuñez illuminait déjà les foules. Invité au Festival Interceltique de Lorient, le jeune prodige avait fait une entrée fracassante en associant la gaita, la cornemuse de Galice, à un orchestre symphonique sur une composition de Shaun Davey. Quelques années plus tard, celui qui allait devenir l'infatigable ambassadeur de ce 7e pays celtique solidement ancré aux confins du Finistère espagnol, se retrouve propulsé pour un premier vrai concert aux côtés des légendaires Chieftains. C'est à cette époque qu'il parcourt le monde dans le sillage déjà bien tracé du groupe irlandais. « Quand j'ai commencé à jouer avec les Chieftains, j'ai découvert que la musique était une profession » explique t-il simplement. Puis ce fut l'aventure de l'Héritage des Celtes avec Dan Ar Braz, les fructueuses collaborations avec le flamenquiste Vicente Amigo, l'Israélienne Noa sur « Os amores libres » ou encore Roger Hodgson (ex-Supertramp) et Jordi Savall pour « Mayo longo » et « Un Galicien en Bretagne » . Cinq albums, une multitude de voyages et plusieurs centaines de concerts plus tard, Carlos Nùñez n'a rien perdu de son enthousiasme. « Cinéma do mar » , son dernier opus, poursuit à travers la musique, le temps et l'exploration des continents, une quête inlassable et salvatrice vers l'autre. Cette fois-ci, le virtuose de la gaita a décidé de se tourner vers le cinéma. Une autre passion, qu'il entretient depuis son premier enregistrement en 1989 – toujours avec les Chieftains - pour la B.O. du film L'Ile aux trésors de Stevenson avec Charlton Heston et Oliver Reed. « Je me souviens de mes premiers films de jeunesse, l'été, lorsque la plage de Vigo se transformait en un immense cinéma à ciel ouvert » confie t-il avec nostalgie.

CASTING D'INSTRUMENTS

Une nouvelle rencontre, avec le cinéaste espagnol d'origine chilienne Alejandro Amenabar lui donne l'envie d'aller plus loin. Pour la bande originale de son dernier film Mar Adentro, le réalisateur demande au jeune gaitero, Negra Sombra, un morceau réalisé sur son premier album « Brotherhood of Stars » avec la complicité de la chanteuse espagnole Luz Casal et du guitariste américain Ry Cooder. Mar Adentro, c'est l'histoire de ce film bouleversant qui pose avec une extrême sensibilité le douloureux problème des malades incurables et de leur éventuel droit à mourir dignement. A sa sortie, le film obtiendra de nombreux prix dont l'Oscar 2005 du meilleur film étranger et le Goya de la meilleure musique de film. « Après avoir composé et enregistré ensemble les premiers thèmes du film en Galice, j'ai dit à Alejandro « Ca c'est de la musique celtique qui sonne Hollywood » . Je n'imaginais pas une seule seconde que nous allions décrocher un Oscar ! » Cinema do mar naîtra de cette étonnante rencontre. Après les voyages, Carlos Nùñez revisite avec passion les grands thèmes du 7e art et de la musique classique. Un peu à la manière d'un metteur en scène, le galicien entreprend un véritable «casting d'instruments » , uilleann pipe irlandaise, zanfona (vielle à roue) galicienne, ocarina, ou viole de gambe, tout en laissant à la gaita le rôle principal. Au final, le résultat est surprenant. Avec la maîtrise qui sied aux grands musiciens, l'artiste réussit à juxtaposer dans une parfaite harmonie, des thèmes classiques ou cinématographiques que d'aucuns auraient pu considérer comme inconciliables.

SONORITES GALICIENNES

Le Parrain (Nino Rota), le Concerto d'Aranjuez, le Boléro de Ravel, The Mission (Ennio Morricone), cessent soudain d'être des mélodies parmi les plus connues de la planète. Désormais, magnifiées par l'écho virginal de la gaita, elles laissent éclater au grand jour toutes les couleurs de leurs palettes imaginaires. « A l'ocarina, la mélodie italienne du Parrain a paradoxalement une sonorité très galicienne. C'est également le cas du Bolero de Ravel, que je joue depuis l'adolescence et qui emprunte la gamme en do de la gaita » souligne t-il. Décidément, à en croire Carlos Nùñez, la cornemuse serait bel et bien l'instrument de l'alliance, celui de la synthèse entre les époques, par lequel toutes les musiques prennent forme, même un certain prélude à la suite pour violoncelle n°1, signé Jean-Sébastien Bach. « Je vois bien dans la musique de Bach l'influence de la cornemuse. Au 18e siècle, c'était l'instrument européen par excellence. Un contemporain de Bach, Georg Philipp Telemann disait d'ailleurs : si un compositeur fait l'effort d'écrire toutes les variations du jeu à la cornemuse, cela lui donnera des idées pour le reste de sa vie » . Des idées ? Voilà bien quelque chose dont Carlos Nùñez ne manque pas. Cette année, le maestro a justement décidé de jouer sur la scène du Festival Interceltique de Lorient en compagnie de l'artiste brésilien Lénine pour la sortie de son dernier album Alborada do Brazil et du Bagad de Lann Bihoué…

Nouvel album Alborada do Brazil (sortie en France le 03 août)

Avec Alborada do Brasil” (”l’Aube et/ou l’aubade du Brésil”) Carlos Núñez part sur les traces d’un arrière grand-père galicien émigré au Brésil pour remonter le fil des traditions galicienne, irlandaise, voire bretonne, avec la crème des chanteurs et musiciens brésiliens (Lenine, Carlinhos Brown, Adriana Calcanhotto, l’accordéoniste Dominguinhos etc.)

Ce sixième album fait entendre la plupart des genres majeurs de la musique brésilienne (samba, chorros, forro) pour un “Brésil celtique” où la cornemuse arrivée dès 1500 avec les conquistadores a toute sa place dans le creuset bouillonnant des cultures de ce pays continent.

Cinema do mar/Columbia / Sony Bmg

Site de l'artiste : www.carlosnunez.com

Concert de Carlos Nùñez au Festival Interceltique de Lorient Jeudi 06 août, Espace Marine, 22 heures. (voir le site)

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David Raynal est journaliste et photographe de presse.
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