Bruit du sport et silence politique
Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne laisse l'ovalie à la place qu'elle prétend occuper : le jeu populaire, l'amuse-foule, le loisir. La présence de l'équipe du Pays de Galles ne rendra pas les Bretons plus performants en rugby et elle ne leur assurera pas des lendemains enchanteurs.
Il serait assez inquiétant de prendre à témoin une horde dionysiaque chantant le Bro Goz pour y voir autre chose qu'un monde, provisoirement retiré du monde historique, rassemblé dans une enceinte soudainement sacralisée.
Nous avons eu la soule ; nous avons le rugby.
Hier il s'agissait de porter la soule, malgré les adversaires, dans un endroit décidé d'avance : une mare dans le rite païen, ou une porte d'église après que le christianisme ait adopté la pratique pour mieux la contrôler.
Les buts où les Bretons doivent porter le ballon ne sont pas entre deux poteaux de bois.
Ils sont dans le développement économique, la libéralisation des pratiques, la prise de conscience de la responsabilité individuelle, la liberté.
Il ne s'agit pas de se lamenter sur les problèmes administratifs rencontrés par les associations pour obtenir des subventions, comme à Redon, mais d'imaginer des associations autonomes qui s'autofinancent : des associations responsables qui ne vivent pas du fruit du travail des autres.
Les lamentations des prédateurs d'argent public ne sont d'aucun intérêt car ce monde-là est un monde périmé.
L'argent public coûte cher. Il est bien souvent à l'origine d'une certaine misère car les entreprises qui ne sont pas parvenues à payer ces taxes et autres impôts disparaissent sous le poids de la pression fiscale, avec une cohorte de chômeurs qu'elles allongent.
Hayek a bien décrit cette économie invisible mais bien réelle, plus réelle que ce qui peut être perçu. La redistribution après destruction est non seulement un leurre, mais on crée moins que ce qu'on a détruit. Il convient donc de relativiser le concept d'investissement public.
Un euro d'argent public, c'est de la sueur et de la peine prélevées sur l'effort quotidien de ceux qui sont les véritables artisans d'une Bretagne vivante.
Ceux qui font profession d'obtenir le plus possible d'argent public par le biais des subventions devraient prendre garde.
Ils ne vivent que d'une opération de transfert peu honorable et économiquement désastreuse.
Les Bretons doivent culturellement sortir de ce paradigme mental bien français qui consiste à faire payer les masses pour entretenir une classe auto-proclamée qui ne s'ennoblit pas en prouvant son incapacité à satisfaire ses propres besoins autrement que par la taxation du travail du peuple.
Oui, nous devons nous associer et nous agréger.
Non pour obtenir du Prince, mais pour être plus fort, créer, inventer, produire et par là, être autonome.
L'aide publique doit aller directement à ceux qui on ont besoin , sans frais d'intermédiation. Elle doit être versée à la personne et non à des organismes créés en réalité pour en capter la part la plus importante. Ces associations font de la misère un fonds de commerce, à l'instar d'organismes comme l'ANPE qui n'est pas seulement inutile, mais coûteuse. Les entreprises privées concurrentes de l'ANPE qui proposent des emplois aux chômeurs paient l'impôt sur les sociétés. Non seulement elles ne sont pas une charge, mais elles contribuent au budget de la nation.
Quand le bons sens est taxé de libéralisme, il est naturel que le Mouvement Fédéraliste de Bretagne soit considéré comme libéral alors qu'il est seulement pragmatique et cherche à privilégier la raison.
Il est vrai que la raison commune dérange les intérêts particuliers ou corporatistes.
Il est aussi vrai que c'est la mission d'un mouvement politique de se prononcer sur l'intérêt général et d'ignorer les caquètements bruyants de ceux qui voient leurs privilèges honteux être questionnés.
La Bretagne fédérale que nous voulons, dans une France et une Europe fédérales, ne saurait être construite sur les paradigmes dépassés d'une vieille France qui n'a pas fait, en réalité, sa révolution.
Soule ou rugby, carnaval ou héroïsme, mélange du national et de l'universel, on dissimule ce qu'on simule.
Le 7 septembre 2007
Jean-Yves QUIGUER Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne