Catherine Nay, éditorialiste et biographe bien connue, commente à sa façon, lundi matin 26 Mai sur Europe 1, la reconnaissance parlementaire des langues régionales, qui, après deux siècles de présence sans papiers, se voient enfin attribuer un permis de séjour officiel sur le territoire de la République.
Quatre arguments principaux viennent étayer une désapprobation de fond.
D'abord, stigmatisation : parmi tous les qualificatifs possibles s'agissant des défenseurs de ces langues, elle n'en retient qu'un : lobbies. Sans doute pas l'étiquette que ces résistants culturels auraient privilégiée, mais pourquoi diable serait-il question de leur avis dans cette affaire ?
Puis, mise en garde sérieuse : une éducation bilingue accélèrera fatalement la dégradation du français, déjà mal en point sans ce fardeau supplémentaire. On sent tout de suite la patte de la spécialiste de ces questions !
Ensuite, c'est le recours à l'un des éléments du triptyque républicain : autant dire qu'on touche là au sacré ! La déclaration est donc solennelle : l'apprentissage de ces langues par des petits Français et pas par d'autres, constituerait ainsi une atteinte caractérisée au principe intangible de l'Egalité Républicaine... Beaucoup d'humour, malgré tout, involontaire ou pas...
Enfin, sinon l'apocalypse, du moins la submersion de la Ville d'Ys : après ce premier coup parlementaire, porté par surprise, c'est la porte ouverte au danger bien connu de babélisation. Car n'en doutez pas : on nous tient en réserve, avec la bénédiction de l'Europe, le déferlement brutal des 75 idiomes de tout poil parlés sur le territoire national, turc, wolof, mandarin, berbère, hindi, kirghize et consorts, qui submergeront alors sans recours une langue française sans défense et ne demandant qu'à vivre...
On est frappé par la pertinence globale de l'analyse et on ne peut qu'être fier de voir la France des Lumières aussi brillamment défendue.