Depuis juin dernier, la Bretagne a changé d'époque, les vraies décisions tardent…mais elle est pleine mutation.
Après les signes avant-coureurs en 2O12 chez Doux, le modèle agro-alimentaire breton qui aurait dû revoir son mode de production, a continué de produire sans rien changer ni se tourner vers un avenir où le fruit de leur travail bénéficie aussi aux ouvriers. Les restitutions de Bruxelles se sont arrêtées. C'était prévu. Le prix des céréales a grimpé, l'¤uro fort a cassé l'exportation. La production s'est grippée, les agriculteurs n'en pouvant plus de produire sans salaire quand ce n'est à perte, déposent bilan ou se suicident ! La grande distribution, sans état d'âme, pressure toujours pour des marges plus larges. Sans compter le dumping social de l'abattage de porcs en Allemagne par des ouvriers de l'Est, sous-payés : une situation que les patrons bretons ont utilisé sans vergogne. Dumping que devait décourager l'écotaxe ! Mais elle “impactait” tant l'agro-alimentaire qu'elle augmentait les prix de production et cassait encore plus l'exportation. La boucle était bouclée : l'écotaxe a fait l'unanimité contre elle.
“Re zo re ” : trop c'est trop !
L'écotaxe, élément détonateur, a cristallisé toutes les ranc½urs. Et la révolte s'est levée en masse : 30 000 manifestants à Quimper… La Bretagne a concentré les projecteurs de l'actualité sur ses Bonnets Rouges. Morceau d'histoire de Bretagne inconnu de ces ouvriers, mais qu'ils ont découvert, tant les hoquets du passé secouent l'Histoire présente…l'histoire que l'État ne veut surtout pas voir enseigner dans nos écoles !
Et dès lors se sont déversées sur le pays des tonnes d'analyses de la presse parisienne qui fabrique l'opinion, analyses économiques incompréhensibles car déconnectées de la réalité humaine des “provinces”. Cette presse qui officie à l'intérieur du “périph'” entre ministères, chambres des députés, sénat, Matignon, ou Élysée et autres lieux de pouvoirs. En boucle, elle distille la pensée dominante. Analyse subliminale par excellence, celle que tout un chacun doit adopter au final, à savoir : “pourquoi ces Bretons se révoltent-ils en rappelant leur identité spécifique, et comment dans le même temps peuvent-ils réclamer une autonomie régionale et l'aide de l'État ? Il y a contradiction, dit la presse parisienne !
Béance d'incompréhension !
Alors expliquons le B-A Ba régional. Comme chacun sait l'État central lève l'impôt – mais ça va changer avec Écomouv qui se servira grassement comme les fermiers généraux de l'Ancien Régime ! Décidément on n'arrête pas de faire le saut dans ce passé, dit révolu !!! - et la Constitution fait que l'État, avec à sa tête un monarque élu tous les cinq ans, décide de tout. Il faut donc s'adresser à cet État qui, à défaut de se réformer, dépense l'argent du contribuable pour entretenir son millefeuille administratif d'un autre âge.
Le budget de la région Bretagne est inférieur au budget de la ville de Rennes !!! Elle n'a pas de pouvoir et le transfert de compétences et l'expérimentation dans différents domaines lui sont refusés.
Et nos médias parisiens, la main sur leur c½ur républicain, ne peuvent évoquer ce remède et dire les mots “réformes de l'État et décentralisation”. Ni même lorsqu'ils plaident pour une meilleure coordination avec le poumon économique et maritime que devrait être Nantes pour la Bretagne, pas plus, ils ne peuvent évoquer le mot “réunification”. Du bout des lèvres cependant, ils noient le poisson de temps en temps en parlant, d'un besoin de “réformes structurelles”. Ainsi vont les courroies de transmission qui préfèrent voir crever un pays plutôt que d'appeler à un sursaut salvateur pour être au niveau administratif des autres pays européens. Et permettre une gestion au plus proche des citoyens, la subsidiarité prônée par l'Europe.
Mais d'autonomie administrative que nenni ! Le conseiller quimpérois spécial de Hollande n'est pas autonomiste, nous dit-il. Alors pourquoi les Bretons le seraient-ils ? Il décide ainsi de leur avis urbi et orbi cependant que démocratiquement la question ne leur a jamais été posée !
Voilà pour l'aspect politique, économique et “démocratique” de la gestion centralisatrice qui fait violence à ce peuple.
Venons-en au culturel
Paris s'arroge 65% du budget de la culture et les 22 autres régions se partagent ce qui reste. Est-ce démocratiquement équitable ? La charte des langues minorisée ne sera pas signée malgré la promesse du candidat Hollande pas plus que de décentralisation, au contraire, on ajoute une tranche avec les métropoles !
Lundi 18 novembre prochain, un militant d'Aï'ta sera jugé en appel à Rennes. Jugé en son absence et à son insu par le tribunal de Quimper, il a déjà été condamné à plus de 7 000 euros pour du collage en journée au vu de tous, demandant de respecter le nom breton sur la signalétique officielle. Où est le crime dans cette démarche pacifique et juste ?
Mme Taubira, et à juste titre, s'insurgeait contre les propos racistes dont elle a fait l'objet ces jours derniers. Nous sommes solidaires de son intervention à l'Assemblée Nationale. Elle a pu protester et c'est chose importante. Mais pourquoi les propos de Brice Hortefeux contre les arabes ou de Jean-François Coppé avec « ses petits pains au chocolat », sont-ils restés sans jugement ?
Pourquoi suite à leur plainte, les Bretons traités de “porcs” et décrits de façon abjecte par Jacky Berroyer, pourquoi le procureur du tribunal de la cour d'appel de Paris a-t-il fait savoir qu'“après examen des éléments de cette affaire, estime ne pas devoir mettre en cause la décision prise par le procureur de la république. En effet, il n'apparaît pas opportun d'engager une procédure qui n'aurait de chance d'aboutir qu'au prix d'un revirement de jurisprudence.” (…) car rappelait le procureur évoqué “vous n'êtes ni juif ni musulman”.
En omettant de dire que seul le peuple français existe et donc que le peuple breton n'existe pas selon la loi républicaine française ! On peut donc continuer à l'insulter comme ces jours-ci en traitant les protestataires de “benêts rouges ” !
CQFD
Le mépris pour toute réponse à tout niveau. Sommes-nous des citoyens au même titre que les autres ? Pour payer des impôts oui ! Et les Bonnets Rouges bretons de 2013, ont encore bien des rappels à faire pour d'équitables mesures de l'État à l'égard des citoyens que nous sommes ! Et obtenir enfin, une autonomie administrative incluant la Loire-Atlantique qui nous sortirait de cette ornière “d'assistés-payeurs” de l'État et de ses frasques dispendieuses !