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- Rapport -
Bollardière : le général breton qui a dit non à la torture
Inauguration officielle de l'avenue Jacques Pâris de Bollardière vendredi 28 septembre 2007 à Saint-Nazaire à 11 heures. A 20 h à la Maison des Association Agora, projection-débat,'Escadrons de la Mort, l’École Française' de Marie-Monique Robin
Par Daniel Houguet pour ABP le 29/09/07 10:43

L'inauguration officielle de l'avenue Jacques Pâris de Bollardière, a eu lieu vendredi 28 septembre à Saint-Nazaire à 11 heures dans le quartier neuf de Saint-Marc-sur-Mer, en présence de Monsieur le maire de Saint-Nazaire, Mme de Bollardière, de nombreux élus municipaux, Mme la députée ainsi que du Collectif Solidarité Algérie Presqu'île (Mouvement de la Paix, Femmes Solidaires, MRAP, Union Pacifiste, CFDT, CGT, FSU, LCR, PCF, UDB, Verts), avec le soutien d'Amnesty International, ANACR, FNACA, LDH, ACAT, Alternatifs.


Dans son intervention, pour le Collectif Solidarité Algérie, Albert Loizil rappelle que de Bollardière, compagnon de la Libération, avait rejoint de Gaulle avant l'Appel du 18 juin et qu'il avait été condamné à mort par Vichy.

En Algérie on a senti l'influence qu'avait eue sur lui Lyautey, qui préférait le développement d'un pays à son encadrement militaire.

Yvon Simon, pour l'Union Pacifiste, rappelle que Bollardière avait manifesté au Larzac en août 73 contre l'extension du camp militaire et qu'il y était retourné plusieurs fois ensuite pour manifester.

Il rappelle que Jacques de Bollardière était venu en 1984 faire une conférence à Saint-Nazaire au Foyer du Jeune Travailleur à l'appel des objecteurs de conscience, de l'ALARP et de l'Union Pacifiste.

Évoquant la mémoire de son mari, madame Simone de Bollardière rappelle qu'en tant que Compagnon de la Libération il avait utilisé des armes car c'était le seul moyen qu'il connaissait alors. Ce n'est qu'après qu'il a connu la non-violence.

Dans son intervention, Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire, déclare qu'on peut être « un grand militaire sans pour autant être une brute ni un va-t-en guerre » .

Historique

Jacques Pâris de Bollardière est né le 16 décembre 1907 à Châteaubriant (Loire-Inférieure).

Il fait des études au collège Saint-Sauveur de Redon, à la Prytanée militaire de la Flèche et Saint-Cyr en 1927, d'où il sort sergent.

Lieutenant en 1932, il entre en 1935 à la Légion Étrangère.

Il combat les Allemands à Narvik (Norvège) en mai 1940.

Le 13 juin 1940 il embarque à Paimpol sur un chalutier pour l'Angleterre. Il s'engage dans les Forces Françaises Libres.

En septembre 1941, il participe à la campagne de Libye.

Le 23 octobre 1942 il est gravement blessé à El Alamein. Il est hospitalisé 6 mois.

Le 15 juin 1943 il rejoint son unité en Algérie.

Affecté en Grande-Bretagne en octobre 1943, il suit un stage de parachutisme pour être envoyé en France. Il est parachuté à Mourmelon le 12 avril 1944. Mission Citronnelle : maquis dans les Ardennes.

JP de Bollardière rentre de mission : il est lieutenant-colonel.

Il est affecté au 3e Régiment de Chasseurs Parachutistes en Angleterre et débarque à Southampton en février 1945. Il est parachuté en Hollande le 7 avril 1945.

Le 20 avril 1945 il rentre en Angleterre et ensuite en France.

En février 1946 il embarque à Toulon avec le Premier Bataillon de Parachutistes pour Saïgon. Il revient en France en 1948 pour repartir de 1950 à 1953 en Indochine.

En octobre 1953 J.P. de Bollardière enseigne au Centre de Hautes Études Militaires puis à l’École de Guerre.

En juillet 56 il commande deux brigades dans l'Atlas Blidéen en Algérie.

Il est nommé général de brigade.

Le Général de Bollardière a demandé en 1957 d'être relevé de son commandement en Algérie car il désapprouvait l'usage de la torture.

 

Il a soutenu Jean-Jacques Servan-Schreiber, son ancien subordonné en Algérie, inculpé pour atteinte au moral de l'armée, à la suite de la publication d'articles dans L'Express décrivant ce qui se passait en Algérie.

Ce soutien public vaut à JP de Bollardière 60 jours d'arrêt de forteresse.

 

Chronologie des engagements du général de Bollardière de 1961 à 1986

Il quitte l'armée en avril 196161 à la suite du Putsch des généraux. D'ailleurs il écrit « le putsch militaire d'Alger me détermine à quitter une armée qui se dresse contre le pays. » (Bataille d'Alger, bataille de l'Homme, livre de J.P. de Bollardière) et devient non-violent, anti-nucléaire, comme on le verra à Mururoa et Plogoff...  car on ne peut pas dissocier le nucléaire civil du nucléaire militaire, me disait Madame de Bollardière.


Madame Simone de Bollardière étant née à Nantes et son mari à Châteaubriant, en Loire-Atlantique, ils se sentent profondément bretons. Deux de leurs petits enfants ont fréquenté l'école Diwan et Jacques de Bollardière a été président d'un comité Skoazell Diwan.

A partir de 1962, pendant au moins dix ans, il dirige et anime l'«  Institut Culture et Promotion » qui est une décentralisation en Bretagne des Centres Sociaux Parisiens. Des gens de tous les milieux sociaux participent à ses séminaires en choisissant leur sujet. Il organise dans toute la Bretagne quelque 360 stages et séminaires dans le cadre de l’Éducation permanente de l'Association.

Il y a eu des échanges dans le cadre de l'Europe qui a donné des subventions à l'association. Des Bretons partaient en car à Strasbourg pour ensuite aller rencontrer des Allemands.

Juin 1968 : J. de Bollardière se présente aux législatives sur la liste Progrès et Démocratie Moderne de Jacques Duhamel et J.-J. Servan-­Schreiber.

Octobre 1970 : Rencontre avec Jean-Marie Muller lors d'une conférence Violence et Evangile.

1972 : Le général de Bollardière publie Bataille d'Alger, bataille de l'Homme.

1972-1978 : Il fait un passage à l'association Bleun Brug (Fleur de bruyère), défendant l'identité bretonne.

Tout en condamnant le choix de la violence fait par le FLB, S. et J. de Bollardière témoignent chacun à un procès du FLB. Après avoir connu la situation coloniale en Algérie, l'analyse politique du FLB sur la situation politique de la Bretagne leur semblait intéressante.

J. de Bollardère devient président de l'association Logement et promotion sociale.

A partir de 1972, le général de Bollardière s'engage à fond dans les actions non-violentes et prône le recours pour l'armée, en cas d'agression, à des méthodes de stratégie non-violente.

Conférencesà

— Millau (1.500 auditeurs) 17-12-72

— Orléans : 18-01-73

— Toulon : 23-05-73

En 1973 il est mis à la retraite d'office pour avoir manqué à son devoir de réserve en participant à bord du bateau néo zélandais, le FRI, à une expédition contre les essais nucléaires à Mururoa, organisée à l'initiative de J-J. Servan-Schreiber, aux côtés de Jean Toulat, Brice Lalonde, Jean-Marie Muller, du père Avril, du pasteur Richard-Molard, mais aussi des députés : Anne Marie Fritsh (réformateur), Louis Besson et Charles Josselin (socialistes).

Le général de Bollardière écrit alors au Président Pompidou pour lui demander de le rayer de l'Ordre de la Légion d'Honneur.

Après la création du MAN (Mouvement d'Alternative Non­-Violente) à Poitiers en novembre 74, J. P. de Bollardière participe à des conférences dans différentes villes, dont Saint-Nazaire, sur le thème de la non-violence.

« La non-violence est le contraire de la passivité. » disait-il

1977 : le général de Bollardière soutient les objecteurs de conscience.

1978 Jacques de Bollardière s'engage aux côtés du Front autogestionnaire et une 'Nouvelle gauche'.

1982 : Le général de Bollardière comme l'Amiral Sanguinetti signent l'Appel des 100.

1983 : Mouvement de protestation contre le ralliement des évêques de France à la dissuasion.

Le général de Bollardière est mort le 22 février 1986 au Talhouet (Morbihan).


A 20 h à la Maison des Association 'Agora', projection-débat, documentaire TV, 1 h : « Escadrons de la Mort, l’École Française » réalisé par Marie-Monique Robin.

Intervenants : Marie Monique Robin (réalisatrice), Simone de Bollardière et Charles Silvestre (journaliste).

On y append que les tortionnaires d'Algérie ont exporté leur méthodes en Amérique du Sud (opération Condor).

Lors du débat, on apprend aussi que la torture n'existe pas seulement sur d'autres continents, mais aussi en Europe.

« Il faut proclamer qu'aucune fin ne justifie la torture comme moyen »

« En Algérie,...nous avons refusé de voir une réalité monstrueuse qui remettait en cause les fondements mêmes de notre civilisation »

(déclarations du général de Bollardière).


Le collectif Solidarité Algérie affirme son soutien :

- aux appels des 31 octobre 2000 et 18 mai 2001 des douze intellectuels français (Henri Alleg, Josette Audin, Simone de Bollardière, Nicole Dreyfus, Noël Favrelière, Gisèle Halimi,

Albert Liechti, Madeleine Réberioux, Laurent Schwartz, Germaine Tillon, Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet) pour un travail de vérité et de prise de conscience ;

- à la demande des Nations Unies que soit inscrite dans le droit pénal la définition de la torture (session du 7 au 25 novembre 2005 du Comité contre la torture) et de « prendre des mesures Pour faire échec à la torture et aux tortionnaires où qu'ils se trouvent » (journée internationale du 26 juin 2007 des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture).

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Voir aussi sur le même sujet : Bollardière,violences,guerre d'Algérie
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