Bloavez mat : à vos flèches…
1908-2008
Il y a des legs qui revêtent une importance plus précieuse que d'autres. Quand la jeune Amérique s'est rendue adulte en se séparant du cordon ombilical qui la liait au Royaume britannique elle a certes bénéficié de la vigueur du marquis de La Fayette, mais elle a aussi reçu le concours de l'intelligence du « Colonel Armand » , Armand-Charles Tuffin, marquis de La Rouërie.
Lire absolument le livre de Philippe Carrer La Bretagne et la guerre d'indépendance américaine aux éditions Les Portes du Large. Aucun démocrate breton qui se respecte ne peut pas ne pas avoir lu ce livre, car au-delà du titre, il s'agit de la naissance de la liberté politique moderne et, que des Bretons y aient été associés, est un honneur pour la Bretagne et une fierté pour chaque Breton. Si aujourd'hui, en France, il ne manque pas de policiers mais de Victor Hugo, en Bretagne on manque assurément de Tuffin de La Rouërie.
La Bretagne peut s'honorer de sa participation décisive à la naissance d'une démocratie qui démontre que des membres les plus éminents de l'aristocratie bretonne partageaient l'esprit des Lumières et qu'ils étaient libéraux, proches du tiers-état.
La France a laissé des traces en Amérique. En réalité, il s'agit souvent de Français isolés qui œuvraient pour leur compte personnel ou pour les entreprises ou ordres religieux qui les avaient commandités.
Il est cependant un legs bien français : le F.B.I
Le F.B.I est né en 1908, il y a juste un siècle, créé par un Français : Charles J. Bonaparte.
Jérôme, petit frère de Napoléon Bonaparte, s'est marié avec Elizabeth Patterson à Baltimore. Mais la jeune mariée ne plaît pas au grand frère qui lui intime de divorcer. Chose ordonnée, chose faite, mais la belle était enceinte. Le 7 juillet 1805 elle met au monde Jérôme Napoléon. Jérôme poursuivra des études à Harvard avant d'épouser une milliardaire, Susan May Williams. Il aura deux enfants dont Charles Jérôme Bonaparte.
Charles Jérôme Bonaparte fit aussi des études à Harvard et fut remarqué par Théodore Roosevelt. Il devint Secrétaire d'état à la Marine avant d'être nommé ministre de la Justice.
C'est à ce poste qu'il imagina de former un corps d'agents investigateurs : les G-Men. Il créa le Bureau of Investigations qui deviendra, en 1935, le Federal Bureau of Investigation : le FBI.
L'Américain moyen, qui vit en dehors des mégalopoles, n'apprécie guère les agents du F.B.I. On peut dresser un parallèle entre cette méfiance et la distance qui sépare les « Provinciaux » des Parisiens.
Avouons qu'il n'est guère surprenant que cet Uncle Sam is Watching You ait une origine française.
On ne soulignera jamais assez cette schizophrénie bien française qui consiste à créer le FBI et offrir une statue de la Liberté, rétribuer Javert et affectionner Jean Valjean.
Cette duplicité, davantage qu'une schizophrénie, rend toutes les entreprises plus ardues.
Il en est une que nous devons particulièrement remercier en ce temps de fin d'année. Il s'agit de l'Agence Bretagne Presse
Souffrez, cher lecteur, que le Mouvement Fédéraliste de Bretagne tienne à saluer le travail effectué par Philippe Argouarch et qu'il l'en remercie vivement et très sincèrement.
Cette agence bretonne, unique dans l'hexagone, outre son exception, fait preuve d'une ouverture qui la grandit. La libre parole s'y exerce dans la pluralité des sources.
L'Agence Bretagne Presse n'existerait pas qu'il faudrait la créer.
C'est pourquoi nous nous devons de la soutenir pour en assurer la pérennité.
En 2008, le Mouvement Fédéraliste de Bretagne maintiendra son positionnement hétérogène au système politique ambiant.
Le MFB n'est pas un parti. Il est un mouvement. Il ne fixe pas de lignes, n'émet pas de directives. Il laisse les flux circuler, errer, se trouver, disparaître et renaître. Il est de l'ordre du vivant quand un parti est de l'ordre de la mort silencieuse, chacun devant taire sa pensée pour se mettre en conformité avec le mot d'ordre.
Le MFB ne formule pas de simples vœux qui ne seraient que des souhaits conduisant à une position de passivité hypothéquant le réel.
Il présente une espérance, chevillée au présent, greffée sur l'action en cours.
Dans l'histoire des hommes il y a eu une succession de périodes riches et de périodes pauvres.
Nietzsche disait que quelqu'un lance une flèche : c'est une période riche, la flèche poursuit son vol et se niche dans la terre : période pauvre. Un jour, quelqu'un ramasse la flèche et la lance à nouveau.
La création se promène sur des déserts.
Le MFB attend que vous saisissiez ces flèches qui vous espèrent. Voilà quel est son vœu.
Bloavez Mat d'an Holl ! Bonne Année à tous !
Le 29 décembre 2007, Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne