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- Tribune -
Belgique : de la crise politique à la crise de régime
Après 212 jours de vaines palabres entre le nord flamand et le sud francophone (je simplifie), c'est à nouveau le flop dans la tentative désespérée de former un gouvernement fédéral
Par François Collette pour ABP le 11/01/11 13:28

Après 212 jours de vaines palabres entre le nord flamand et le sud francophone (je simplifie), c'est à nouveau le flop dans la tentative désespérée de former un gouvernement fédéral made in Belgium.

La crise politique, un phénomène récurrent en Belgique, prend cette fois une très mauvaise tournure après le rejet par les deux principaux partis nationalistes flamands (N-VA et CD&V) de la note de compromis laborieusement rédigée par le « conciliateur royal », le très respecté socialiste flamand Johan Vande Lanotte.

Sollicité fin octobre par le souverain pour tenter deux paris impossibles - restaurer la confiance entre les partenaires et leur soumettre un compromis négociable – ledit Vande Lanotte n'a pas ménagé ses efforts. Sa mission a pris du temps, beaucoup de temps – 11 semaines – pendant lequel il a multiplié les rencontres bilatérales avec les sept partis censés se trouver autour d'une table. Ces sept formations ne se sont plus réunies depuis le 3 septembre, après deux clashes successifs. Il y a fort à parier que le retour à la table de négociation n'est pas pour demain.

Irresponsabilité politique ?

Dans les médias francophones mais aussi, et depuis peu, chez certains Flamands, on accuse les partis récalcitrants d'irresponsabilité. Compte tenu de la situation économique du pays et des pouvoirs limités du gouvernement démissionnaire pour les encadrer, c'est peut-être un peu vrai, mais il faut tout de même bien être conscient que le divorce est en cours et que chaque communauté cherche désespérément à sauver ses meubles et à assurer son avenir. Cette attitude est-elle irresponsable ? Bien sûr que non.

Et maintenant ?

Il n’y a plus qu’un tout petit pas à franchir avant de basculer dans la crise de régime qui signifierait la fin de l’État Belgique. Le discours de Noël du Roy, pour une fois très politique et presque désespéré, n’a pas été entendu. C’est dire si son autorité morale, la seule qui lui reste en tant que chef de l’État, n’est plus reconnue dans ce monde politique qui vit sur une autre planète.

La Flandre, majoritaire en terme d’habitants dans ce pays (60 pc), n’accepte plus d’être bridée par cet État fédéral cogéré par la « minorité francophone ». Jusqu’à présent, elle s’est refusée à utiliser sa majorité arithmétique pour défendre ses intérêts. La question est sur toutes les lèvres : jusqu’à quand ?

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