Attention : un mandat peut en cacher un autre !
Nous allons prochainement être convoqués pour nous prononcer dans le cadre d'une élection municipale. C'est au moins ce que nous croyons et pourquoi en irait-il autrement puisque c'est ce qu'on nous dit.
C'est sans doute vrai en milieu rural dont le poids politique compte peu. A dire vrai, la politique est étymologiquement absente en dehors de la cité, la « polis » .
En revanche, la politisation en milieu urbain des élections municipales trouve son origine dans un enjeu de pouvoir national qui en altère la véritable nature.
Les grands partis nationaux mesureront leur autorité à l'aune du nombre de maires qu'ils auront récoltés.
Cette visibilité politique n'échappera à personne. Elle n'est cependant que la partie visible de l'iceberg.
Dans l'exemple de la ville de Rennes, Daniel Delaveau ne se présente pas seulement pour devenir maire. Sauf accident, il deviendrait aussi président du CHU, de Rennes-Métropole et de l'Audiar.
L'Agence d'urbanisme et de développement intercommunal de l'agglomération rennaise (AUDIAR) regroupe Rennes-Métropole (37 communes) et les autres communes membres du GIP (groupement d'intérêt public de développement local) soit un total de 67 communes.
Les rennais, et eux-seuls, sont conviés à se prononcer sur le choix d'un super-maire, les électeurs des communes périphériques devenant des électeurs résiduels.
Le véritable chef de l'exécutif n'est plus le maire, mais bien le président de la structure intercommunale.
Le problème posé n'est pas l'intercommunalité. Il est dans l'absence de démocratie de la mise en œuvre de la procédure.
L'électeur de Saint-Grégoire est de facto spolié.
Il vote dans le cadre d'élections municipales, convaincu qu'il s'agit de choisir un maire qui agira dans le périmètre communal.
L'électeur rennais choisit son maire qui aura la maîtrise d'un territoire qui dépasse la géographie communale. Il ne la dépasse pas par empiètement. Il devient le « patron » d'un territoire qui englobe 67 communes.
Quand on sait que 90% des dossiers communaux importants relèvent des compétences de la structure intercommunale, le choix du maire d'une commune périphérique, devient adventice.
Les électeurs rennais ne se limitent pas à choisir un maire. Ils décident de ce que seront les choix politiques dans une très grande partie du territoire du département de l'Ille-et-Vilaine
On doit reconnaître que ce département s'est métamorphosé et qu'il s'est développé. On doit aussi reconnaître que son évolution n'a pas été un modèle de démocratie.
On doit aussi s'interroger pour savoir si une ville, toute capitale qu'elle puisse prétendre être, peut ordonner aux communautés de moindre importance du même département, et , en même temps, asservir l'ensemble d'une région.
L'agglomération rennaise est, étrangement, à la Bretagne, ce que Paris est à la France. Une concentration de population et de pouvoirs.
L'opposé de ce qu'il fallait faire.
Le 30 janvier 2007
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne