La vie politique de notre pays est actuellement secouée par l'affaire du "Contrat de Première Embauche", dit CPE. Notre Premier ministre, ne souhaitant évidemment pas perdre la face à un an des présidentielles, se cherche une issue honorable et peine à la trouver. Ses adversaires politiques, ayant tout intérêt à l'affaiblir, ne font évidemment rien pour l'aider.
Ce n'est pas la première fois qu'une proposition de loi risquée est ainsi mise à flot par un gouvernement qui, pour l'opinion publique, prétend en attendre des miracles. Pour ne pas tout mettre sur le dos de la droite, pensons à la loi sur les 35 heures, en son temps annoncée comme porteuse de grands et heureux effets, et qui s'est plutôt révélée un flop, dont les effets négatifs sont encore sensibles, dans nos hôpitaux notamment ; mais il est aujourd'hui difficile d'abroger cette loi : comment revenir décemment sur un "avantage acquis" ? Alors on la contourne par des acrobaties juridiques qui ne satisfont personne.
On se prend à regretter que nos hommes politiques, de droite comme de gauche, ne lisent pas plus attentivement Montesquieu. Dans son ouvrage classique, "De l'esprit des lois", publié en 1748, il nous rappelle (Livre II, Chapitre II) qu'à Athènes comme dans la République romaine, il était possible de décider de lois qui prenaient effet immédiatement, mais ne devenaient définitives qu'au bout d'un an par exemple, délai qui permettait de mieux évaluer leurs effets et conséquences pratiques. Au bout du terme prévu, elles étaient tout simplement confirmées, ou cessaient d'être valides.
Si nos législateurs avaient retenu cette leçon, s'il avaient été moins présomptueux, combien de fièvres la société française n'aurait elle pas évité !
J Y QUIGUER, président du Mouvement fédéraliste de Bretagne