Ne revenons pas sur le droit des citoyens européens que nous sommes en matière de langues et culture, droits aux fondements desquels l'État français a participé et qu'il a signé car la France est l'un des six membres fondateurs de l'Europe. Lorsqu'une minorité en Europe ou dans le monde subi une répression, l'État français est prompt, et à juste raison, à condamner. Il oblige les nouveaux entrants dans l'Union Européenne à appliquer ces lois et la charte culturelle des langues minoritaires qu'il n'applique pas sur son territoire.
Alors comment se fait-il, qu'en France, le seul « avis » d'une structure administrative, le conseil d'État puisse, ubi et orbi, changer ce que le suffrage universel a largement validé ? Comment l'élu porté à la magistrature suprême sur un programme électoral défini et largement déclaré comme faisant parti du « changement maintenant » peut-il se permettre ce déni de parole donnée pendant sa campagne électorale de l'an dernier ? Et cela dans la plus grande opacité juridique car comment un « avis » peut-il avoir force de loi, et fouler de son mépris, le suffrage universel ?
Un « avis » , fut-il celui du Conseil d'État, n'a en aucune manière force de loi !
Est-ce définitif ? Sans un revirement de rattrapage, par lequel le président de la république se ressaisissant, déciderait finalement la ratification de la charte des langues minoritaires ?
Il est vrai qu'il y avait anguille sous roche. En effet, la création il y a quelques jours d'une commission des langues avait sonné l'alarme. On sait depuis belle lurette que ce type de « machin » est toujours mis en place pour mieux noyer le poisson. En cela, fidèle à sa fielleuse habitude, la haute administration avait déjà anticipé la dérive du conseil d'État. Pas de vagues. On se renvoie l'ascenseur en douceur : « dans le cadre de cette commission nous attendons toute suggestion. » … Pour mieux appliquer « l'exception française » du déni démocratique ?
Mais la France a un président normal ! Redeviendra-t-il face à l'histoire, celui qui prend les choses en main et change la donne ou sera-t-il finalement, à l'image de ses prédécesseurs, sans respect de la parole donnée mais donneur de leçon au monde entier. En bon monarque républicain, hésitera-il à condamner la langue bretonne à mort comme les autres langues et cultures diverses de son territoire ?