L'annonce le 20 octobre dernier, du fourre-tout territorial sarkosyste, n'a fait qu'entériner nos craintes et le constat d'une classe politique incapable de se réformer, trop crispée sur des sièges électoraux vissés sur le millefeuille administratif !
Á juste titre, les partis d'opposition dénoncent la recentralisation mais c'est un peu court pour servir de contre-proposition ! L'état financier du millefeuille administratif, avec les abysses que l'on sait, génère des dérives de pressions fiscales insupportables par manque de réformes dans ce domaine comme dans l'autre… Le serpent se mord la queue !
On peut faire confiance à ce petit monde attaché à ses privilèges, pour vendre le département à ses électeurs afin de préserver ses assises : c'est déjà commencé et porte ses fruits, les sondages sont au rendez-vous. Mais de propositions de réformes nécessaires et en profondeur, point… Ils ne sont pas d'accord avec le nouveau statut d'élu territorial car cela coupe les effectifs d'élus en deux. Mais ouf ! cela préserve le département, fusse-t-il purement honorifique ? Là-dessus, à droite comme à gauche, à quelques détails près de façade, on est d'accord ! L'UMP se lézarde ? Hum ! Il refera ses rangs. Le PS se déchire et descend toujours vers l'abîme, incapable de juguler ses « égos » .
Pendant ce temps les décisions du monarque se mettent doucettement en place. Á l'avant-garde de la haute-administration, les super-préfets régionaux, nouveaux centurions à la tête d'une escouade de préfets départementaux et sous-préfets d'arrondissement – eh ! oui, cela existe encore et personne ne proteste ! – s'avancent. On les voit déjà revenir ces préfets, à la rencontre des communautés de communes, et dans un style de 3ième République dépoussiérée, nouer des « bonnes » relations avec les élus locaux… Ainsi se fait déjà en douceur la confiscation du pouvoir… Et la verticalité du droit d'Etat jacobin s'appliquera directement depuis l'Elysée.
Ah ! Oui, n'oublions pas : il y aura la discussion de cette fameuse réforme à l'assemblée législative. Une assemblée qui peut fronder un peu plus puisque qu'une réformette le lui permet. Le sénat « fera barrage » … Mais la montagne risque fort d'accoucher d'une souris et Grippeminaud n'aura plus qu'à croquer. Jusqu'à quand le bas-peuple acceptera-t-il d'être ainsi cornaqué, votes et référendum n'étant plus que parodies de démocratie depuis des lustres ?
Au fait : que devient la réunification dans tout cela ? Le texte nouveau ne règle pas l'hypothèse d'un démantèlement d'une région par rattachement d'un département à une autre région, voire sa disparition pure et simple, nous apprend un spécialiste en droit.
Au regard de ces textes donc, la petite phrase de Sarkozy à Nantes, c'était bien sûr du pipeau comme les promesses faites dans les palais nationaux aux délégués successifs de Bretagne Réunie dans une démarche qu'ils voulaient, eux, citoyenne. Mais, comme disait un orfèvre en la matière, les promesses ne valent que pour ceux qui y croient, pas ceux qui les font. Á Paris, et notre histoire bretonne nous l'apprend – mais elle est interdite d'enseignement, et pour cause - le pouvoir n'a aucune parole. Il fait pression sur nos Marches comme sur notre culture : la loi concernant les langues régionales doit aussi venir en discussion. Des propositions sont en cours d'élaboration entre quelques élus bretons et le monde culturel…
Nous sommes aux antipodes des réformes réalisées ces dernières années dans toute l'Europe des 27. Nous descendons toujours les marches, à rebours de l'autonomie administrative afin de respecter la gestion au plus proche du citoyen - lois de subsidiarité européennes, non respectées en France -. Car de plus, en matière de gestion l'Etat, en faillite, n'a pas de leçon à donner aux régions.
Millefeuille administratif à dégraisser y compris la préfectorale, réforme fiscale, découpage territorial arbitraire, loi sur les langues régionales : le tout se fera aux forceps si nous ne faisons pas de propositions concrètes. Pire, si nous ne réagissons pas, nous serons happés par un maelström plus centralisateur que jamais.
Protester ensuite servira à quoi ? Si nous avons laisser faire.