« Dans une petite niche, il faut aboyer beaucoup. » —Jean-Jacques Hénaff
Avec un chiffre d’affaires de 44,8 millions d'euros, une croissance de 7 % en 2006 et un label de qualité, le pâté Hénaff est devenu le fleuron de l’agro- alimentaire breton. La petite entreprise familiale forte de 190 employés produit 35 millions de boîtes de pâtés par année.
Récit d’une « success story » bretonne qui dure depuis 100 ans.
Produit depuis un siècle à Pouldreuzic dans le haut pays bigouden, le célèbre pâté à la boîte bleue et jaune est maintenant présent sur cinquante marchés étrangers, dont le Japon et bientôt les États-Unis. Il y a quelques années, l’entreprise bretonne a lancé une nouvelle série de produits, frais ceux-là dont les ventes (saucisses et hâchés de porcs) ont augmenté de 28% en 2006.
Au fond des sacs marins, au fin-fond de la Mongolie et dans les boutiques de Tokyo
Fondée en 1907 par Jean Hénaff, pour lutter contre l’exode en Pays Bigouden et sans aucun doute pour empêcher aussi celui de ses 13 enfants, l’entreprise est aujourd’hui dirigée par Jean-jacques Hénaff. Son fils Loïc est directeur du marketing. Hénaff fait partie des rares entreprises familiales qui passent le cap de la troisième génération (moins de 4% en France, le chiffre serait supérieur en Bretagne).
Au début, Hénaff faisait des conserves de légumes, ce n’est qu’en 1915, pour meubler les saisons creuses, que Jean Hénaff se lance dans les conserves de pâtés. Depuis le pâté a fait son chemin, on le trouve aussi bien dans les supermarchés locaux que dans les sacs marins des navigateurs solitaires. On aurait aperçu des boîtes dans une échoppe de Mongolie, le long du fleuve Maroni et dans une réserve aborigène en Australie ! Décidément Hénaff a réussi sa mondialisation tout en restant fidèle à son terroir et à ses valeurs. Il n'y a que la paté de langue de boeuf qui est fabriqué au brésil, tout le reste sort du pays Bigouden. Les boîtes de fer blanc sont faites à Douarnenez.
Pour l’agro-alimentaire moderne, de qualité et à échelle humaine
Modestement Jean-jacques Hénaff avoue « faire un produit assez exreaordianire » avec un « pâté actuel » . C’est toutefois un produit « unique » comme le dit Loïc. « Juste du cochon, du sel et du poivre ». Parfois des épices et des produits naturels comme de l’oignon ou de la tomate. Le secret est dans la fabrication et le succes dans la simplicité et la rigueur et bien sûr la saveur du terroir. Les cochons arrivent vivants et sont abattus sur place dans des conditions « humaines » à raison de 40 porcs seulement par heure, permettant un traçabilité de premier ordre. Intégralité : Tout le cochon passe dans le pâté ou la saucisse ! le jambon comme la poitrine de porc, comme les tripes. La photo et le nom de l’éleveur se retrouvent même maintenant sur l’emballage des produits frais !
Quant à la sécurité alimentaire, les mesure sont drastiques « nous regardons même dans le cul des cochons » nous dit Madame Mireille Peuziat, responsable de la qualité et de la sécurité des aliments. Elle rit mais on la croit. Hénaff entend rester avec une longueur d 'avance et travaille même avec confiance sur une accréditation du très stricte USDA (United States Department of Agriculture) qui lui permettra de pénétrer le marché américain.
Un livre « Hénaff , 100 ans d’histoire » est sous presse aux éditions du Chasse Marée. Un musée « la maison du pâté Hénaff » sera aussi inauguré le 23 juin à l’occasion des célébrations qui auront lieu à la même date. Le musée sera dans le ferme de Pendreff, la maison familiale où tout a commencé il y à 100 ans. Les nombreux descendants plus ou moins connectés à l'entreprise n'oublient pas. D'ailleurs Jean-Jacques Hénaff cite volontier Pierre-jakez Hélias, le grand écrivain breton aussi de Pouldreuzic: "Sans hiers et sans demains, il n'y a rien".
Philippe Argouarch