La Cour administrative d'appel de Nantes a reconnu, ce mardi 24 juin 2025, la responsabilité pour faute de l'État dans la mort de Jean-René Auffray, joggeur décédé en 2016 dans une vasière envahie d'algues vertes à l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor).
La Cour a jugé que l'État avait manqué à ses obligations réglementaires — tant européennes que nationales — visant à prévenir la pollution agricole, principale cause de la prolifération des algues vertes.
S'appuyant sur des pièces inédites non prises en compte lors du premier jugement en 2022 à Rennes, la cour conclut que le décès — causé par un œdème pulmonaire massif — est directement lié à une intoxication à l'hydrogène sulfuré (H₂S) émis lors de la décomposition des algues.
L'État est reconnu responsable à 60 %, la Cour considérant que la victime avait « coupé une zone à risque » .
L'indemnisation comprend :
277 343 € pour l'épouse de la victime,
15 000 € pour chacun de ses trois enfants,
9 000 € pour son frère.
Selon Le Télégramme et Le Figaro, il s'agit de la première fois qu'une juridiction française établit un lien direct entre un décès et les carences de l'État dans la gestion des marées vertes.
L'avocat de la famille a salué une "victoire collective", appelant les pouvoirs publics à renforcer la lutte contre ce fléau environnemental.
Le travail de journalistes comme Inès Léraud, autrice de la BD Algues Vertes, l'histoire interdite, et Morgan Large, journaliste à Radio Kreiz Breizh, a été essentiel pour mettre en lumière les dangers liés aux marées vertes et à la pollution agricole. À travers ses reportages et ses recherches, qui ont abouti au film réalisé par Pierre Jolivet, Inès Léraud a révélé l'ampleur du phénomène des algues vertes, souvent ignoré des autorités publiques, et a sensibilisé l'opinion publique à la réalité de ce fléau environnemental. De son côté, Morgan Large, par son investigation et ses reportages en Bretagne, a joué un rôle clé dans la mise en lumière de la responsabilité de l'État dans ce problème écologique. Ces voix ont été incontournables dans le débat public sur la gestion des algues vertes, dont les effets sanitaires et environnementaux sont désormais reconnus par la justice.
Les algues vertes, alimentées par les nitrates issus de l'agriculture intensive, libèrent du gaz H₂S, hautement toxique en concentration élevée.
Présentes en Bretagne depuis les années 1960, ces marées vertes constituent un risque majeur pour la santé publique.
Cette décision de justice met la pression sur les autorités pour qu'elles revoient le modèle agricole actuel et intensifient les mesures de prévention.
La Cour de Nantes reconnaît une faute de l'État dans la mort d'un joggeur en 2016.
Lien établi entre pollution agricole, algues vertes et intoxication mortelle à l'H₂S.
Indemnisations versées à la famille, l'État tenu pour responsable à 60 %.
Reconnaissance judiciaire inédite en France, signal fort pour une action publique plus volontariste.
Cette avancée judiciaire décisive pourrait marquer un tournant dans la prise en compte des risques sanitaires liés à l'environnement, et appelle à une refondation des politiques agricoles bretonnes.
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