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Gael Roblin lors d'une manifestation contre la venue du  président Sarkoky à Rennes en septembre 2007.
Gael Roblin lors d'une manifestation contre la venue du président Sarkoky à Rennes en septembre 2007.
- Interview -
ABP interviewe Gael Roblin
Alors qu'il était le porte-parole d'Emgann, mouvement de la gauche indépendantiste bretonne, Gaël Roblin avait été arrêté comme de nombreux militants indépendantistes et écroué le 6 mai 2000 dans le cadre de l'enquête sur des attentats revendiqués ou attribués à l' Armée révolutionnaire Bretonne, notamment l'attentat de Quévert
Par Philippe Argouarch pour ABP le 20/03/08 12:14

Alors qu'il était le Porte-parole d'Emgann, mouvement de la gauche indépendantiste bretonne, Gaël Roblin avait été arrêté comme de nombreux militants indépendantistes et écroué le 6 mai 2000 dans le cadre de l'enquête sur des attentats revendiqués ou attribués à l'Armée révolutionnaire Bretonne, notamment l'attentat de Quévert qui a fait une victime. Le mystère reste entier sur cet attentat et ses auteurs. Il n'y a en fait aucune preuve que l'armée révolutionnaire bretonne (ARB) en soit l'auteur.

Gaël a toujours nié avoir participé à aucune action armée et clamé son innocence après avoir dénoncé publiquement cet attentat. Maintenu en détention contre l'avis du parquet anti-terroriste, il comparaissait devant la cour d'assises spéciale de Paris avec dix autres militants bretons indépendantistes, en mars 2004.

Gaël Roblin qui avait avoué des contacts avec l'ARB, a été relaxé pour les actions armées mais condamné à trois ans de prison, couverts par sa détention préventive de quatre ans, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Le parquet ayant fait appel de cette décision, l'affaire attend d'être rejugée.

Fils d'ouvrier cégétiste du pays de Guingamp et d'une assistante sociale syndiquée CFDT, il a grandi entre la Bretagne, l'Alsace et la région parisienne. Il a vécu dans le Goëlo, puis à Saint-Herblain, dans la banlieue nantaise, où il a été successivement ouvrier du bâtiment, salarié d'une association d'aide aux immigrés, et employé à l'école Diwan.

Ancien objecteur de conscience, il est passé par les comités Juquin et très rapidement aux Jeunesses communistes révolutionnaires. Beaucoup plus tard, il participe à la création de la section universitaire du SLB (Syndicat des travaileurs de Bretagne). C'est dans ce cadre qu'il a participé activement à Rennes au mouvement anti-CPE de 2006. Il a appris le breton en cours du soir et grâce à l'enseignement à distance en prison où il obtint sa licence, et enfin à la fac de Rennes où il obtint un master 1. Il enseigne aujourd'hui le breton dans le cadre de la formation aux adultes dans un centre de formation Rennais. Gaël Roblin, aujourd'hui âgé de 35 ans, était numéro 4 de la liste "Rennes à gauche" qui a obtenu 4,98 % au premier tour des municipales.

[ABP] Emgann, combat breton, SLB, Breizistance et maintenant LCR , on s'y perd un peu dans tous ces groupes où vous militez, pouvez-vous nous récapituler brièvement où vous vous situez et où vous militez?

[G. ROBLIN] J'ai rencontré des militants d'Emgann-MGI en 1987, à l'époque cela s'appelait en sous-titre « Mouvement socialiste breton de libération nationale » au cours d'un séjour dans la maison paternelle. J'ai tout de suite été séduit par leurs discours indépendantiste et socialiste. À l'époque ils étaient très impliqués dans les luttes de terrains anti-nucléaires, contre l'extraction d'uranium, la langue bretonne,... J'avais 15/16 ans, j'ai pris contact avec eux. Faute de fédération extérieure ils m'ont conseillé de me dégrossir politiquement dans les comités Juquin à l'occasion des présidentielles de 1988 puisque je vivais à l'extérieur de la Bretagne. J'y ai côtoyé des militants du Parti socialiste unifié, de la LCR/JCR...etc... C'était très formateur. Dans la même logique j'ai fait un passage éclair aux JCR (trois mois je crois)...C'était pas trop ce que je recherchais. Je suis rentré définitivement en Bretagne en 1990 j'ai rejoint Emgann-MGI et j'en suis toujours adhérent, je ne suis plus porte-parole mais chargé des relations extérieures avec d'autres formations. Breizhistance est le titre du manifeste-programme de la gauche indépendantiste élaboré pour offrir un cadre aux militants membres d'Emgann-MGI ou non, pour les élections de mars 2008 (cantonales et municipales). C'est sous cette étiquette que nous avons présenté des candidats aux cantonales. Par ailleurs aux municipales de Nantes, Rennes et Saint-Herblain les programmes que nous avons co-élaborés avec nos partenaires locaux (c'est à dire des militants de gauche, syndicalistes, féministes non organisés politiquement et de la LCR dans ces trois communes et seulement dans ces trois communes) reprenaient plusieurs éléments de ce manifeste programme qui est toujours disponible sur simple demande à emgann at no-log.org

[ABP] Avant les élections, Emgann a fait le tour des popotes, des autres partis pour étudier des alliances possibles, quels étaient ces partis ?

[G. ROBLIN] La LCR en Ille-et-Vilaine et en Loire-Atlantique, le Parti Breton du pays de Rennes...Il y a eu aussi une rencontre avec l'UDB et une demande de rencontre avec les Verts de Bretagne qui n'a pas abouti... pour l'instant.

[ABP] Pourquoi une alliance avec la LCR ? Emgann a déclaré "Jamais nous n'appelons à voter pour les partis français, fussent-ils de « gauche » parce qu'ils défendent tous une politique anti-Bretonne, anti-populaire, anti-ouvrière, et bien souvent xénophobe." En quoi la LCR est-elle différente ? Ne faites-vous pas avec la LCR ce que vous avez reproché à l'UDB de faire avec le parti socialiste ?

[G. ROBLIN] Il n'y pas d'alliance entre Emgann-MGI et la LCR, il n'y a pas d'accord entre les bureaux de ces deux organisations. Il y a eu des rapprochement locaux à Rennes, Nantes et Saint-Herblain pour des municipales où il faut présenter des programmes locaux. Nous n'avons jamais mis notre drapeau indépendantiste dans notre poche. Comparer la LCR avec le PS est simplement ridicule... La LCR n'a jamais eu de responsabilités au niveau de l'hexagone et on se retrouve avec leurs militants dans pas mal de luttes (anti THT, EPR, sociales...), enfin ils ont soutenu (comme d'autres) les prisonniers politiques bretons...pas le PS qui siégeait à Paris quand nous croupissions dans les géôles parisiennes. Nos différences restent importantes mais je remarque qu'en Corse ils reconnaissent le fait national, comme en Écosse d'ailleurs, la confrontation d'idées, le débat peut les faire évoluer sur ces questions en Bretagne. Concernant la phrase « jamais nous n'appelons à voter pour les partis français fussent-ils de « gauche » parce qu'ils défendent tous une politique anti-Bretonne, anti-populaire, anti-ouvrière, et bien souvent xénophobe », elle a bien été écrite par Emgann-MGI mais me semble maladroite car Emgann-MGi a conclu un accord aux régionales de 1986 avec l'UDB... le PSU Bretagne et la LCR... dans le cadre de la liste « Convergences Bretonnes ». Nous n'avons toutefois jamais appelé à voter pour des formations hexagonales, à l'exception des Européennes de 1989 car des nationalistes corses figuraient en place éligible sur la liste des Verts. Cette année je le répète c'était des accords ville par ville. Même si Emgann-MGI doit évoluer et changer de sigle et de mode de fonctionnement nous garderons comme ligne de ne pas voter ou faire voter pour des partis ne reconnaissant pas le droit à l'autodétermination nationale du peuple breton. Mais aux élections municipales je le répète il n'y a que des accords sur des enjeux locaux (logement, transports, environnement....) sur lesquels tout le monde a remarqué que nous avions des choses intéressantes à dire, c'est normal et réjouissant de se retrouver avec des gens qui nous acceptent tels que l'on est c'est-à-dire en tant qu'indépendantistes de gauche et qui ont les mêmes analyses que nous sur ces problèmes locaux.

[ABP] Il n'y a pas si longtemps le slogan d'Emgann que l'on voyait partout était "pour l'indépendance de la Bretagne et la révolution socialiste", vous avez temperé votre slogan depuis ? Le site http://www.emgann.org/ ne semble mentionner que la lutte pour l'indépendance. Par contre wikipedia vous définit comme indépendantiste et anti-capitaliste.

[G. ROBLIN] Emgann-MGi n'a jamais eu le slogan dont tu parles... Emgann-MGi n'est pas une organisation révolutionnaire mais un mouvement progressiste de libération nationale pour l'indépendance politique du peuple breton. Au sein d'Emgann-MGI il y a des militants plutôt socialistes, d'autres communistes ou de sensibilités libertaires... ou simplement partisans d'une Bretagne souveraine dans une perspective de progrès social et de défense de la démocratie. Chacun a le droit à l'expression mais l'unité se fait sur l'axe dont je viens de parler. Par ailleurs je ne sais pas ce que dit ou pas Wikipedia tout le monde peut y mettre ce qu'il veut... quant au site dont tu parles il n'est plus actif.

[ABP] WInston Churchill a écrit: "Le vice inhérent au capitalisme c'est le partage inégal des richesses, tandis que la vertu inhérente au socialisme c'est le partage équitable de la misère." Cette phrase résume bien le dilemme. Partager la misère est absurde. Le fait politique le plus important des 50 dernières années semble la réalisation par les leaders des pays communistes comme l'ex-URSS et la Chine, que le socialisme, s'il pouvait bien réduire les inégalités, ne pouvait pas produire de la richesse et qu'il fallait mieux avoir un gâteau qui grandisse avec des parts inégales qu'un gâteau à parts égales (sauf pour les dignitaires du parti certes) mais allant en ce rétrécissant. Devant la déconfiture totale de cette idéologie ; devant les chiffres de croissances de la Chine ou de Irlande, comment pouvez-vous vous allier à un parti dont le nom est "Ligue communiste révolutionnaire". Le mot 'communiste' ne vous dérange-t-il pas ? Le nom ligue fasciste révolutionnaire vous choquerait j'en suis sûr ! Et pourtant ces deux idéologies du 20e siècle ont amené les aberrations et les cataclysmes que l'on connaît. Le livre noir du communisme parle de 100 millions de morts au 20e siècle, c'est un chiffre sans doute exagéré mais ça dépasse certainement les 60 millions. Beaucoup sont morts dans les goulags. Beaucoup auraient été des soi-disant « petits bourgeois nationalistes » ukrainiens, baltes, polonais ou hongrois. Beaucoup étaient surtout de simple gens, des pauvres, morts de faim comme en Russie pendant la grande famine des années trente, et tout dernièrement en Corée du Nord. Des millions de victimes d'un système incapable de produire de la richesse.

[G. ROBLIN] Il est évident que nous n'avons pas les mêmes références. Emgann-MGI n'a pas de position sur la nature du régime post-soviétique ou celui ultra-capitaliste et violent de Chine. Winston Churchill était le premier ministre d'un royaume qui a ravagé la planète, l'a pillée allègrement, a massacré des centaines de milliers de gens, a nié le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, de l'Irak à l'Inde en passant par l'Irlande ou l'Écosse par exemple. C'est tout ce que j'ai à dire à son sujet. L'idéal socialiste ou communiste a été dévoyé c'est sûr. Pour autant le mettre sur le même plan qu'une idéologie (le fascisme) qui a comme base la négation de l'égalité entre être humains sur la base de critères racistes c'est simplement n'importe quoi. Les vieilles puissances d'hier (la France, le Royaume Uni, l'Allemagne...) ont conquis militairement la planète avant d'être supplantées par d'autres (dont les USA, la Chine...). Cette concurrence est facteur de guerres sanglantes en Irak, en Afghanistan, dans de nombreux pays africains... Pour les peuples concernés cela signifie exaltation de l'ethnisme, du tribalisme, du fondamentalisme religieux, de dictatures, d'exils, de misères et d'oppressions... Tant que cela existera des hommes et des femmes se lèveront pour lutter en mettant en avant la nécessité d'un autre monde basé sur la satisfaction des besoins réels de chacun, le droit à l'égalité absolue entre les nations (grandes ou petites), sur la base du droit à l'autodétermination et se référeront aux expériences passées pour les dépasser et faire mieux. Je fais partie de ce camp là. Les chiffres du livre noir sont sujets à débat comme tu le reconnais et il ne faut négliger aucune souffrance humaine. Je doute que quelqu'un de sérieux voie quoi que ce soit de communiste dans la nature des régimes Nord Coréens ou Cambodgiens... Quoi qu'il en soit c'est tous les jours que s'écrit le livre noir du capitalisme, du libéralisme et de l'impérialisme dans le sang des peuples opprimés... Ces jours-ci on célèbre le cinquième anniversaire de l'invasion de l'Irak... Les chiffres de décès attribués à ce conflit immoral me font frémir. Je suis choqué que certains ne soient plus choqués par l'utilisation du terme fascisme = communisme et banalisent les idées d'extrême-droite.

[ABP] Dans toute société démocratique, il y a une extrême-gauche, une gauche, une droite et une extrême-droite, cela semble faire partie des constantes de la vie politique moderne. Si la Bretagne redevenait souveraine, ces composantes existeraient aussi, donc pourquoi ne pas former un grand parti breton où toutes ces tendances politiques seraient représentées dès le départ, mais dont le but principal, la création d'institutions bretonnes dans le cadre d'un État fédéral français ou européen, serait le dénominateur commun ? Autrement dit, au na ruz na gwenn, "Ni rouge ni blanc , breton seulement ", slogan du PNB des années 20 et 30, ne serait-il pas judicieux de dire plutôt : ruz ha gwen ou plutôt "de gauche et de droite, rassemblement pour la Bretagne". Quelle est la priorité pour la Bretagne : créer des institutions bretonnes ou proposer un projet de société ?

[G. ROBLIN] Pour l'organisation de l'échiquier politique dans une Bretagne souveraine on est dans la science-fiction totale... Par contre beaucoup de Bretons non organisés ou affiliés seraient preneurs je crois d'une convention pour un parlement breton, qui rassemblerait très largement sur la question démocratique du seul droit du peuple breton à maîtriser son destin à travers une institution spécifique, une collectivité territoriale unique comme nous le défendons dans le cadre de notre manifeste programme, comme nous le défendrons par ailleurs dans le cadre des prochaines échéances électorales même si nous changeons de dénomination. En Écosse les conventions pour le parlement ou l'indépendance ont rassemblé et rassemblent encore très largement (à l'exclusion de l'extrême droite). Il y a sans doute de quoi alimenter notre réflexion.

[ABP] Revenons aux élections municipales. Aux municipales de 1989, une liste conduite par Hervé ar Beg, militant d'Emgann, avait atteint les 9,8 % à Guingamp http://fr.wikipedia.org/wiki/Guingamp . On est loin de tels résultats aujourd'hui. Comment expliquez vous ce recul ? Certes, Belle -Isle-en-Terre (Jan-Maï Salomon) a obtenu 9,11 % et 349 voix, mais ce n'est pas Guingamp et c'est juste 349 voix.

[G. ROBLIN] C'est une bonne interrogation qui pose la question de la régularité de la présence de la gauche indépendantiste dans les scrutins. Pour Guingamp nos militants avaient recommencé en 1995 avec je crois 6 % des suffrages (mais sans les Verts cette fois contrairement à 1989). Après c'est l'UDB qui a assuré le leadership de cette liste jusqu'à cette année… avant de se rallier au PS... On verra dans 6 ans pour Guingamp mais il est clair que d'ores et déjà nous devrons tenter de réoccuper cet espace pour faire vivre au niveau municipal le projet indépendantiste de gauche et une gauche indépendante du PS qui a une volonté hégémonique. Ce manque de régularité ne doit pas cacher le fait que les candidats Breizhistance aux cantonales de 2008 ont réalisé d'excellent scores notamment en pays nantais. Il y en avait plus qu'en 2004, ce qui constitue un progrès indéniable et enfin aux municipales nous étions présents sans cacher qui nous étions. Jamais autant de suffrages ne s'étaient portés sur des listes ou candidatures reprenant tout ou partie de notre programme. Il est clair que c'est un acquis que nous allons essayer de faire fructifier pour les prochaines luttes et échéances électorales pour faire progresser l'idée d'une Bretagne souveraine et solidaire, idée qui n'a été défendue par personne à grande échelle y compris par les régionalistes siégeant au conseil régional.

[ABP] Au premier tour, la liste Rennes à gauche a obtenu 4,98 %, ce qui ne lui permet pas de faire une fusion, alors pourquoi ce meeting avec la liste Delaveau ? Avez-vous négocié quelque chose ?

[G. ROBLIN Il n'y a pas eu de meeting avec Delaveau... mais une rencontre entre cinq délégués de la liste Rennes à Gauche (S. Legrand, Jean Claude Farré, Jean-François Vial, Valérie Faucheux et moi-même). Le PS était représenté par Daniel Delavau, Nathalie Appéré, Frédéric Boursier et Sylvie Robert. Nous leurs avons fait part de nos reproches sur la façon dont le PS semble en Bretagne vouloir être hégémonique sur sa gauche ce qui s'est traduit par un refus d'alliance avec les Verts à Rennes. Après que le PS ait reconnu que nous avions mené une campagne de terrain sur des préoccupations locales nous les avons interrogés sur le logement, les sans papiers , l'école Diwan et l'eau. C'est ce qu'auraient pu faire des élus de Rennes à gauche s'ils avaient été représentés au conseil municipal. Leurs réponses ne nous ont pas toutes convenu. Ils nous ont fait part de vouloir nous rencontrer de nouveau. Nous verrons bien et nous n'avons pas appelé à voter pour eux. Nous publierons d'ici peu un compte rendu complet.

[ABP] À propos de l'arrivée des Anglais en Centre Bretagne et de l'arrivée de Parisiens, retraités ou pas, qui achètent sur la côte bretonne en particulier vers Saint-Malo, Dinard et dans le Morbihan, sans parler de La Baule, vous avez dénoncé la spéculation immobilière et la flambée des prix, qui empêchent les locaux de pouvoir accéder à la propriété. On peut toutefois observer le même phénomène à Paris où les Parisiens eux-mêmes ne peuvent plus vivre en ville mais doivent se relocaliser en banlieue. Les Anglais et les Européens achètent en Bretagne mais aussi des appartements à Paris faisant monter le prix des loyers, des appartements et des maisons. Nous sommes dans un marché immobilier mondial, ne pensez vous pas que le fond du problème est l'appauvrissement général de la France et la disparition progressive de la classe moyenne ? Il y a des Européens qui ont de l'argent et d'autres comme les Français qui en ont de moins en moins. Que voulez-vous dire par 'spéculation' ? N'est ce pas simplement la loi du marché ? La solution n'est-elle pas une économie forte en Bretagne plutôt que de réguler le marché immobilier comme on suppose vous aimeriez faire ?

[G. ROBLIN] Je n'habite pas à Londres où à Paris et je n'ai pas de résidence secondaire à Marrakech... La spéculation c'est le fait de faire gonfler artificiellement les prix en réservant de fait certains logements ou terrains à ceux qui ont le plus fort pouvoir d'achat. Cela contribue à la désertification rurale et à l'éloignement des plus faibles économiquement des centres et des transports. C'est une transposition dangereuse du schéma ville/grande banlieue en Bretagne. En Bretagne les salaires sont plus bas qu'a Paris et la flambée des prix a été plus rapide qu'ailleurs... Il s'y ajoute un problème spécifique sur le littoral et à cause des résidences secondaires. Ce qui est scandaleux c'est que les communes n'utilisent pas plus le droit de préemption ou de réquisition des logements vides alors que beaucoup de gens rencontrent de très grandes difficultés sur ce terrain. N'oublions pas que cela se traduit aussi par l'octroi de droits linguistiques à certains dans les services publics comme à la sous-préfecture de Guingamp par exemple où l'on peut s'exprimer en anglais ce qui est refusé aux Bretons brittophones et aux travailleurs immigrés. Ce qui est scandaleux c'est qu'aucune force, à part la gauche indépendantiste, ne dénonce l'absence de souveraineté bretonne sur ce sujet, surtout après le refus du conseil d'État de laisser la Bretagne administrative se doter d'un Établissement Public Foncier Régional pour aider les communes à faire des réserves foncières. Tout ça c'est simple et concret et faisable de suite. Enfin beaucoup de richesses sont produites par les salariés qui assurent des bénéfices plus que substantiels à certains grands employeurs sans aucun retour sur les salaires en termes d'augmentation. Ça n'empêche pas de réfléchir à une économie forte en Bretagne qui passe par une représentation de la Bretagne dans les institutions européennes et mondiales au nom de l'égalité absolue entre les nations grandes ou petites.

Merci de m'avoir donné la parole et d'avoir pu éclaircir certains points.

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Philippe Argouarch

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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