Association GLAS Fay de Bretagne, le 12 mars 2023
FAY-DE-BRETAGNE
(Environnement et Cultures)
A Monsieur Le Maire de BOUVRON
(Lettre Ouverte)
Monsieur Le Maire,
L’impensable pourrait se produire, avec la destruction du logis d’un manoir du 15e
siècle au cœur du bourg de BOUVRON, manoir que vous réduisez au rang de simple vestige du 15e siècle, alors qu’il est considéré par les services de l’Inrap comme un patrimoine rare et «remarquablement conservé» .
Vous minorez complètement l’importance de ce bâtiment au cœur de l’’histoire et de l’identité de BOUVRON, puisque c’est autour de cet édifice ancien qu’a été construit par la suite, au 19e l’îlot DATIN, lié à une époque de développement agricole intense après le partage et la mise en culture des landes de Bretagne (naissance de la commune de Notre Dame des Landes). La famille d’entrepreneurs DATIN (venue du département de la Manche), présente également à CAMPBON et
PRINQUIAU, a fait ériger ce bâtiment pour répondre aux besoins de production et de commercialisation des produits agricoles.
Il est intéressant de noter que les bâtisseurs modernes du 19 siècle ont respecté ce cœur historique, en sacralisant en quelque sorte le logis du manoir du secrétaire des ducs de Bretagne puisqu’ils ont construit autour de cet édifice.
Dans ces conditions, il n’y a de « guerre de clochers » que dans votre imaginaire, Monsieur le Maire.
Les partisans de la conservation de l’ilot DATIN, avec son nécessaire réaménagement n’ont pour seul objectif que la défense du patrimoine et de l’identité de BOUVRON, comme l’ont fait par le passé les responsables de la commune.
La redécouverte récente de l’importance historique de ce patrimoine, lié à l’histoire de la Bretagne, impose sa sauvegarde. Plutôt que de voir des mises en cause personnelles sur les réseaux sociaux (même s’il peut y avoir des dérapages), il faut savoir reconnaître l’attractivité et l’émotion suscitées par la perspective de disparition de ce patrimoine dont l’enjeu a très vite dépassé le cadre de
l’association de défense du patrimoine de BOUVRON.
De ce fait, cette préservation ne peut qu’être bénéfique à la commune pour son image et son attractivité, y compris touristique.
Si vous daignez recevoir l’association après de multiples refus et reports, l’intérêt de la préservation de ce patrimoine vous sera, à nouveau, présenté.
Quand on veut défendre le petit patrimoine rural, il n’est pas possible de faire l’impasse sur un édifice unique de cette importance historique qui n’a pas d’équivalent. Outre la rénovation d’une multitude de moulins, fours, fontaines, mares et chapelles, notre environnement comporte aussi des rénovations plus rares, telles que le manoir de la Cour Mortier à BLAIN, les murs des résidences des
maîtres des eaux et forêts au GAVRE, le pont du Moyen Age, dit pont romain à Vilhouin entre FAYDE-BRETAGNE et BOUVRON.
De la même manière, à BOUVRON, dont le patrimoine a été en partie détruit pendant la 2d guerre mondiale, vos prédécesseurs ont su préserver la minoterie, à défaut d’avoir pu conserver la vieille église romane et les moulins.
C’est pourquoi, nous vous appelons à ne pas ajouter à la destruction, et à intégrer la préservation du patrimoine dans la nécessaire recherche de modernisation et de transition énergétique.
Il n’y pas d’un côté les tenants de la modernisation et de l’autre les tenants de l’ordre ancien.
La modernité n’est pas de « faire table rase du passé » pour écrire sa petite histoire.
La véritable modernité impose d’intégrer les recommandations des organisations internationales qui, comme l’Unesco, appelle à la préservation du patrimoine et des cultures populaires et, s’oppose aux destructions du patrimoine partout dans le monde (cf. destruction de Palmyre en Syrie ou bouddhas de Bamiyan en Afghanistan).
Par ailleurs une restauration nous paraît répondre davantage aux exigences du développement durable (Réduire, Réutiliser, Recycler) qu’une destruction-reconstruction impliquant une noria de camions de transport de matériaux, ainsi qu’une importante extraction en amont. Elle permettrait de mieux intégrer la population au projet (Convention Rio 1992).
Monsieur le Maire, le choix de préserver ou non le patrimoine Bouvronnais et sa culture bretonne dépend avant tout de vous.
Vous pouvez choisir de vous inscrire dans la lignée de vos prédécesseurs qui, jusqu’à aujourd’hui, ont globalement préservé le patrimoine de la commune et devenir un maire fédérateur de BOUVRON, ou au contraire laisser le souvenir de quelqu’un qui a détruit le patrimoine de la commune dont il avait
la charge.
Pierre BIHAN,
Association GLAS, FAY-DE-BRETAGNE
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