Mesdames, Messieurs,
Comme vous ne pouvez let#8217;ignorer, le breton a été déclarée langue menacée det#8217;extinction par let#8217;UNESCO. Sur 4 millions det#8217;habitants, la Bretagne ne comptait plus que 270 000 locuteurs bretons en 2001. En raison du villeissement de la population, et faute det#8217;un nombre suffisant det#8217;enfants à apprendre le breton, 10 000 locuteurs continuent de disparaître chaque année, soit, en gardant une marge det#8217;optimisme par rapport à let#8217;implacable logique statistique, un locuteur breton en moins à chaque heure qui passe.
A la rentrée scolaire, 11 090 enfants fréquentaient des classes bilingues breton-français, en progression de 684 élèves par rapport à let#8217;an passé (+6,6%). Une progression qui, tant en valeur absolue quet#8217;en valeur relative, à let#8217;exception de 2004, ne cesse de chuter depuis 2000.
- 2000 : 6 552 élèves
- 2001 : 7 365 élèves : + 813 élèves (+12,4%)
- 2002 : 8 171 élèves : + 806 élèves (+10,9%)
- 2003 : 8 873 élèves : + 702 élèves (+8,6%)
- 2004 : 9 668 élèves : + 795 élèves (+8,9%)
- 2005 : 10 406 élèves : + 738 élèves (+7,6%)
- 2006 : 11 090 élèves : + 684 élèves (+6,6%)
Pourtant, fin décembre 2004, le Conseil Régional de Bretagne, à let#8217;unanimité de ses élus, toutes tendances politiques confondues, a voté un plan pour la sauvegarde de la langue bretonne qui prévoit notamment det#8217;atteindre un seuil de 20 000 enfants scolarisés en classes bilingues breton-français det#8217;ici à 2010.
Soutenu par 80% de la population bretonne qui souhaite voir la langue bretonne préservée et enseignée à nos enfants, porté par let#8217;ensemble des conseillers régionaux de Bretagne, de nombreux députés, conseillers généraux, maires et élus locaux, appuyé par les associations de parents det#8217;élèves Div Yezh, Diwan et Dihun, appuyé par les syndicats enseignants dont let#8217;UGB, cet objectif est raisonnable.
La volonté citoyenne est là. La volonté des élus est là. Let#8217;administration de let#8217;Education Nationale va-t-elle enfin let#8217;entendre ?
En refusant det#8217;ouvrir les classes bilingues demandées par les parents, en surchargeant les effectifs des classes existantes, en refusant de porter un nombre suffisant de postes aux concours de recrutement det#8217;enseignants à let#8217;IUFM, en refusant de titulariser les suppléants en postes depuis de nombreuses années, en omettant det#8217;informer les parents et les enseignants sur la filière bilingue, let#8217;administration de let#8217;Education nationale porte aujourdet#8217;hui la responsabilité historique du déclin du breton.
A ce titre, les récents refus det#8217;ouverture des classes bilingues à Bulat-Pestivien et à Languidic ont valeur de symbole.
Les demandes étaient conformes aux propres circulaires de let#8217;Education Nationale et étaient appuyées par les élus locaux et les députés des circonscriptions concernées. Les groupes PS, UDB, UDF du Conseil Régional les ont également soutenues et de nombreux élus régionaux se sont personnellement impliqués pour défendre ces dossiers. M. Jean-Yves le Drian, Président du Conseil Régional, est directement intervenu auprès du Recteur. Une pétition citoyenne, signée par plus de 1 300 personnes dont, parmi beaucoup det#8217;autres personnalités de tous horizons, Mme Marylise Labranchu, ancienne Garde des Sceaux, a interpellé le Ministre de let#8217;Education Nationale. En vain.
Cela doit changer. Cela va changer.
Les 11 090 enfants fréquentant cette année les classes bilingues sont répartis de la façon suivante :
- Côtes-det#8217;Armor : 1 825 élèves, soit 17% du total,
- Finistère : 4 673 élèves, soit 42%,
- Ille-et-VIlaine : 762 élèves, soit 7%,
- Loire-Atlantique : 380 élèves, soit 3%,
- Morbihan : 3 433 élèves, soit 31%.
- Paris : 17 élèves.
De telles disparités par départements sont injustifiables. Elles sont la traduction directe de la mauvaise volonté des inspections det#8217;académie concernées.
En Loire Atlantique, un seul site à Nantes est visiblement insuffisant. Pour ne citer quet#8217;un exemple, let#8217;ouverture immédiate de classes bilingues dans les quartiers Zola-Chantenay-Sainte-Anne, est une nécessité au regard de la population bretonne de ces quartiers. Et il net#8217;y a pas que Nantes en Loire-Atlantique ! Det#8217;autres communes doivent avoir leur classe bilingue.
Le constat net#8217;est guère meilleur pour let#8217;Ille et Vilaine où la création de nouveaux sites doit réprendre, notamment en reprenant let#8217;inscrption des enfants de deux ans.
Le refus det#8217;ouverture de tout nouveau site depuis cinq ans dans les Côtes det#8217;Armor fait que ce département connait, par rapport au Morbihan dont le structure de population est comparable, un déficit de 1 600 élèves. Cela aussi doit changer.
Dans le Finistère, trop de communes demeurent dépourvues de classes bilingues. La progression doit set#8217;amplifier.
Une méthode simple.
Cette rentrée aura confirmé un vieil adage : les recteurs changent, les mauvaises politiques restent. Il en de même pour les Ministres. Elections présidentielles obligent, M. Gilles de Robien ne nuira plus très longtemps à la tête de let#8217;Education Nationale. Let#8217;exigence citoyenne net#8217;attendra pas pour autant son successeur. Quel quet#8217;il soit.
Le Ministre ignore les citoyens. Le recteur les méprise. Les Inspections académiques refusent les demandes parentales. Quet#8217;en sera-t-il des inspecteurs de cironscriptions ?
Les prochaines commissions paritaires de let#8217;Education auront lieu en janvier/février prochains. Pour chaque département, elles sont le lieu où se décideront les ouvertures de classes pour la rentrée prochaine.
Pour quet#8217;en 2010, 20 000 élèves apprennent le breton, il faut que, pour les quatre prochaines années, la progression du nombre det#8217;élèves soit de 16 % par an. Atteindre cet objectif dès la rentrée 2007 nécessite det#8217;accueillir 1 774 élèves supplémentaires dans les classes bilingues. Sur la base de 25 élèves par classe, il faut donc ouvrir 70 classes bilingues nouvelles auxquelles il faut ajouter les dédoublements déjà demandés et refusés (comme, pour let#8217;exemple, à Languidic ou Plougastel-Daoulas).
Il appartient aux IEN des 79 circonscriptions académiques des cinq départements bretons de préparer ces ouvertures. Cela représente 0,9 ouverture de classe par circonscription.
Mesdames et Messieurs les IEN, à vous det#8217;agir !
Dans votre circonscription, il vous faut, dès aujourdet#8217;hui, préparer let#8217;ouverture det#8217;une classe bilingue nouvelle pour la rentrée 2007.
A vous, IEN, det#8217;informer les parents et les enseignants sur la possibilité det#8217;unenseignement bilingue breton-français.
A vous de faciliter la remontée des demandes parentales.
A vous de les défendre devant les Inspecteurs det#8217;académie dès les commissions paritaires de janvier.
De votre démarche volontaire dépend le sauvetage de la langue bretonne. Les citoyens bretons seront là pour vous appuyer. Ils seront aussi là pour vérifier que vous faites bien ce quet#8217;ils vous demandent.
Quant aux inspecteurs det#8217;académies, ils doivent sans tarder organiser le recutement det#8217;enseignants bilingues en nombre suffisant pour assurer ces postes. Pour ce faire, la titularisation des suppléants déjà en place est une première exigence. Let#8217;augmentation du nombre de postes bilingues offerts au concours à let#8217;IUFM net#8217;en est pas moins impérative.
Salutations citoyennes.
P.-S. Le site Ouiaubreton se fera let#8217;écho de toutes les intitatives prises, comme de toutes les difficultés rencontrées par les citoyens, les associations et les élus bretons, pour que ces objectifs soient atteints dès la rentrée prochaine.