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drapeau breton
- Communiqué de presse -
Les artistes de Bretagne : pour une vraie politique linguistique régionale
La politique linguistique de la Région Bretagne est en échec depuis plusieurs années. Les artistes et auteurs de Bretagne tirent la sonnette d'alarme et en appellent à une vraie politique linguistique, qui doit devenir la priorité politique régionale, avec comme objectif affirmé la généralisation de l'enseignement de nos lanques. Ils sollicitent un entretien avec le Président du Conseil régional.
Par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier le 7/11/19 7:07

Le Collectif des Artistes, Auteurs, Morlaix, le 6 novembre 2019, de Bretagne

A Monsieur Loïg CHESNAIS-GIRARD Président du Conseil régional de Bretagne

Copie à : Monsieur Jean-Michel LE BOULANGER, Premier Vice-Président, chargé de la culture et de la démocratie, Madame Lena LOUARN, Vice-Présidente, chargée des langues de Bretagne

Madame Kaourintine HULAUD, conseillère régionale en charge du gallo

Monsieur le Président,

Récemment, vous avez été informé de l’Appel des Auteurs et Artistes, des Universitaires, opposés à la francisation des noms de lieux en breton et gallo. La manifestation de Telgruc-sur-Mer qui répond à cet appel, a rassemblé près de 600 personnes. Depuis cet événement, nous recevons des centaines de signatures de particuliers qui s’associent à cette opposition.

Dans ce contexte, vous avez pris l’initiative d’écrire au Président de la Poste afin de lui demander des éclaircissements, ce dont nous vous sommes reconnaissants.

Mais au-delà de ces actions ponctuelles qui ont touché un large public et suscité un émoi médiatique, la question posée par ces auteurs, artistes, universitaires est celle de la politique linguistique du Conseil régional de Bretagne.

En effet, ils s’inquiètent de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent aujourd’hui les langues de Bretagne et leur enseignement. A droits et moyens constants et en l’absence de réaction énergique, il en sera bientôt fini de nos espérances de voir sauvegarder nos langues, ce trésor qu’il nous appartient de léguer aux générations futures.

3% seulement de nos enfants sont scolarisés en classe bilingue alors qu’ailleurs la situation est beaucoup plus favorable : 50 % des jeunes Basques du nord reçoivent désormais un enseignement dans leur langue.

Nous ne pouvons accepter cet échec et il est difficile de ne pas y voir un manque de volonté politique.

Combien de générations d’enfants sacrifiées, privées de leur langue, de leur culture et de leur histoire ? En faudra-t-il de nouvelles ?

Il est temps d’élever la politique linguistique au rang de priorité première de l’action publique en Bretagne et de décupler l’effort consenti. Avec moins de 1% du budget de la Région, cette politique demeure secondaire, ce qui n’est plus tolérable.

Nous demandons solennellement au Conseil régional de Bretagne de placer la sauvegarde de nos langues au rang de priorité première :

- de consacrer à la politique linguistique un budget digne d’une principale politique publique.

- de mettre en place un rapport de forces politiques avec les services de l’État afin de former au plus vite, plusieurs centaines d’enseignants dans nos langues, comme cela se fait en Corse, afin d’aboutir à moyen terme à la généralisation de leur enseignement.

Cette action résolue doit passer par la création d’une licence d’enseignement dans chaque université bretonne ainsi que par des aides significatives aux étudiants désireux d’investir ces formations.

L’introduction de l’anglais ou d’une troisième langue, pourra se faire dès la maternelle selon les nouvelles pédagogies. À défaut, le développement de l’enseignement bilingue français/anglais se fera au détriment de nos langues.

La réussite scolaire de nos enfants est également en cause tant il est établi que le bilinguisme précoce est l’une des clés de la construction de l’enfant et du développement de son intelligence. Pour l’instant, ce n’est pas un hasard : c’est à Paris que le bilinguisme éducatif se développe.

Nous sommes à un moment crucial de notre histoire collective bretonne.

C’est un véritable plan Marshall qu’il faut pour nos langues. Ne rien faire ou si peu, tergiverser plus longtemps, nous conduira à l’effacement et à la disparition de notre Histoire et de nos langues, ces piliers de notre existence collective.

C’est une responsabilité historique qui pèse à présent sur les épaules de nos élus du Conseil régional et du Président de la Région Bretagne.

Un échec en la matière, quelles qu’en soient les raisons, ne serait plus tolérable. La survie de nos langues est à ce prix.

Les signataires de la présente lettre vous prient de bien vouloir les recevoir pour un entretien portant sur cette question fondamentale pour notre avenir collectif.

Cette lettre, compte tenu de la situation critique dans laquelle se trouvent nos langues, sera une Lettre ouverte adressée à la presse.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de notre haute considération,

Pour le Collectif,

Paolig Combot, Président d’Ar Falz

adresse téléphone et mail d’Ar Falz

Liste des signataires :

Philippe ABJEAN, président de la Vallée des Saints - Yannig BARON, fondateur de Dihun - Kristian BRAZ, traducteur - Alain BIENVENU, directeur ESRA Bretagne Rennes (École de cinéma et d'audiovisuel) - Philippe BLANCHET, professeur de sociolinguistique Université Rennes 2, écrivain en langue provençale - Michel BOUVIER, secrétaire général de Bretagne Prospective - Olivier CAILLEBOT, auteur - Anne-Sophie CLOAREC, auteure - Paolig COMBOT, président d'Ar Falz / Skol Vreizh - Michel CHAUVIN auteur, producteur, réalisateur, Président fondateur de Dihunerien - Cédric CHOPLIN, maitre de conférence en breton et celtique, université Rennes 2- Frank DARCEL, musicien, écrivain, producteur, – François DE BEAULIEU, écrivain, ethnologue et naturaliste - DENEZ, auteur, compositeur, chanteur - Gwendal DENEZ, professeur de littérature et langue bretonnes à Rennes2 - Patrice DERIANO, linguiste - Daniel DEVAUX, secrétaire des Assembllées Gallèses - Jean-Claude EMEILLAT, président de l'association "War roudoù ar Gelted" - Jean FAILLER, auteur de romans policiers, historiques, de pièces de théâtre- Gabrielle GARCIA, auteure - Ronan GUÉBLEZ, président de Dastum - Yann GUESDON, auteur - Hervé GRALL, auteur - Patrick HERVE, auteur et dessinateur de presse (DRIG) - Maripol GOURET, Conservateure du Patrimoine, Présidente du KDSK (Centre de Ressources Culturelles Celtiques) Nantes - Glenn GOUTHE, musicien/ilin-pipe, professeur de breton - Bernard HOMMERIE, responsable des éditions Kerig - Angèle JACQ, écrivaine, présidente de Galv, Collectif Breton pour la Démocratie et les Droits de l'Homme - Mike JAMES, musicien - Tieri JAMET, éditeur, Le Temps éditeur - Paol KEINEG, poète, auteur de pièces de théâtre - Tugdual KALVEZ, philosophe, écrivain, professeur de breton - Yann-Bêr KEMENER, auteur en langue bretonne - Lukian KERGOAT, universitaire, écrivain - Per-Vari KERLOC’H, Grand Druide de Bretagne - Nolwenn KORBELL, auteure, compositrice, interprète, actrice - KRISMENN, rappeur, auteur compositeur, interprète - Jean-Luc LACQUITTANT, auteur, conteur - Youenn LANGE, chanteur, musicien - André LAVANANT, ancien président de Diwan - Yves LEBAHY, géographe, ancien président des Géographes de Bretagne- Ronan LE COADIC, professeur de langue et de culture bretonnes université Rennes2- Fañch LE HENAFF, graphiste, créateur de la police Brito - Dominique LE PAGE, professeur d'histoire à l'Université de Dijon - Jean-René LE QUÉAU, rédacteur en chef des éditions Skol Vreizh - Pierre-Yves LE PRIOL, journaliste - Jean-Claude LE RUYET, professeur de breton, auteur - Hervé LOSSEC, écrivain, ouvrages sur la culture bretonne et langue bretonne : les Bretonnismes - Bérénice MANAC'H, auteure - Rozenn MILIN, journaliste, directrice du programme de sauvegarde des langues, Sorosoro- Stefan MOAL, maître de conférences HDR en langue et culture bretonnes, université Rennes 2 - Emmanuel MORUCCI, docteur en sociologie - Pierre MORVAN, président du Festival du Chant de marin, Paimpol - Bèrtran ÔBRÉE, linguiste du gallo et chanteur-parolier gallophone - Yvon OLLIVIER, auteur - Gunevel PEDRON, président de l’Association des Géographes de Bretagne - Fañch PERU, auteur en breton - PLANTEC Yannick, Odran, musiciens, compositeurs - Lucien POUËDRAS, auteur et peintre - Émilie QUINQUIS, musicienne, compositrice - Serj RICHARD, universitaire professeur de breton et de didactique du breton, traducteur- Gaël SQUIBAN, président de Breizh Impacte - Yann TIERSEN, musicien, compositeur.

Voir aussi sur le même sujet : langue bretonne , politique lingistique
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logo Yvon OLLIVIER est juriste, auteur de l'ouvrage "la désunion française essai sur l'altérité au sein de la République" ed l'harmattan 2012 et membre de la coordination des juristes de Bretagne blog associé desunion-francaise.over-blog.com
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Vos 6 commentaires
Didier Jegou Le Jeudi 7 novembre 2019 13:48
Pourquoi parlez vous d'échec de la politique linguistique "régionale" ? Du point de vue du parti jacobin qui est toujours omnipotent dans notre monarchie républicaine, c'est au contraire une réussite totale. Son but n'était pas de revitaliser nos langues mais de leur fournir les soins palliatifs nécessaires pour les faire disparaître en douceur tout en respectant les apparences démocratiques vis à vis de l'extérieur. Les attaques contre les noms de lieux montrent bien que nos responsables ont déjà entériné la mort de nos langues et qu'ils préparent l'étape suivante: l'effacement de toute trace de leur existence. Alors, la fiction jacobine d'une France une et indivisible sera devenue réalité.
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yvon ollivier Le Jeudi 7 novembre 2019 14:14
Nous sommes tout à fait d'accord, Didier Jegou, si l'objectif de la région est de faire semblant, ce n'est absolument pas un échec. C'est pour cela que nous posons clairement l'objectif, voulons-nous sauver la langue et donc généraliser son enseignement à l'ensemble de nos enfants? c'est cela la première question. Et si l'objectif afficher c'est de sauver la langue, alors il faut que nos politiques se bougent enfin…. et donnent un signal fort et mettent une pression sur l'Etat comme jamais. c'est ce que nous leur demandons.
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Bernez Géléoc Le Jeudi 7 novembre 2019 20:53
Il manque CRUELLEMENT, une signature, celle de la présidence de Diwan, comment est -ce possible ?
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Jacques Le Vendredi 8 novembre 2019 07:12
L'absence de la présidence de Diwan?
A mon humble avis, cela s'explique une fois encore par le mode de fonctionnement du mouvement breton...
Pour faire des signatures, c'est pas compliqué... Mais pour comprendre, avoir une stratégie, des idées communes, un soutien commun... c'est autre chose...
Dans l'article il est évoqué l'enseignement de l'anglais dès la maternelle...
D'où vient cette idée?
Actuellement, tous les signataires devraient savoir que la démarche la plus pertinente pour la transmission de la langue est le réseau Diwan... et que c'est aussi à Diwan que l'anglais obtient le meilleur niveau de maîtrise chez l'enfant (au point qu'au collège et lycée, des matières autre que l'anglais sont enseignés)...
Sauf qu'à DIWAN, jusqu'au CE1 l'accent principal est mis sur la langue bretonne comme condition préalable à l'enseignement des autres langues (pour rappel, actuellement seul quelques enfants disposent d'un breton maternel alors que la quasi totalité disposent d'un français maternel), puis en CE1 le français est abordé (avec de très bon résultat), et seulement en CE2 l'anglais (souvent avec des professeurs natifs et là, on pourrait dire qu'en fin de CE2 le niveau est déjà supérieur au CM2 des filières monolingues de l'école publique. Je connais des enfants dans les 2 filières et le comparatif est sans appel).
Résultat : à l'entré au collège, il existe peu de filières autres que Diwan où les langues breton/français/anglais sont maîtrisés au niveau atteint. (le but n'est pas de critiquer les autres filières, mais d'énoncer un fait connu de tous... car il parait qu'en Bretagne nous souhaitons sauver la langue et ouvrir nos enfants sur le monde du 21ème siècle).
En fait, je pense qu'il y a une vrai ignorance/inculture sur comment fonctionne nos filières en terme d'enseignement... et quels en sont les bénéfices... Signer des pétitions, c'est plus simple que de pousser la porte des écoles...!
De plus, DIWAN est atteint d'un syndrome autocensure sur ses qualités pédagogiques... au titre de ne pas provoquer l'EN, l'Etat et les autres filières de Bretagne (il y a un peu du vivons caché... C'est grave au point de nombre des parents de maternelle ignorent que la filière va jusqu'au bac ou que l'anglais devient également au collège langue véhicule... c'est à dire d'enseignement. Diwan est donc d'une certaine manière déjà une filière trilingue).
Et au final, faut-il le rappeler que la majorité des signataires votent ou ont déjà voté PS (le seul vrai parti du mouvement breton mais aussi le plus jacobin... au seul titre de l’argument ''progressiste'').
Le mouvement breton veut le ''progrès'', bien au final c'est ce que nous avons d'une certaine manière...
Et on s'étonne que les citoyens bretons ne suivent pas...
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yvon ollivier Le Vendredi 8 novembre 2019 10:55
A mon avis, il faut laisser la présidente de Diwan en dehors de tout cela, par correction, car je ne pense pas que le texte lui ait été présenté. Il n'est pas possible, pour des raisons matérielles, de présenter le texte à l'ensemble des personnalités bretonnes. Et nous avons choisi de faire vite, cette fois-ci, en transmettant le texte à un panel de gens suffisamment représentatif. Mais des signatures arrivent toujours, il suffit de se baisser pour les ramasser..
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Jo Kergaden Le Mardi 12 novembre 2019 16:08
Yvon Ollivier, il est probable en effet qu'il s'agit pour les élus de la région administrative nommée abusivement "Bretagne", de FAIRE SEMBLANT. Sinon nous n'en serions pas là. Voici un point de comparaison avec la situation actuelle du gallois au Royaume (encore) Uni sous l'éclairage d'un article de Michel Feltin-Palas, dans l'Express:
"Sur le bout des langues". Comparaison situation du gallois / situation du breton:
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