Le 19 juin 2019, le général Gaid Salah chef de l’armée algérienne, décide hors de tout cadre légal, d’interdire les drapeaux Amazighs lors des manifestations populaires qui se déroulent actuellement en Algérie. Dans les jours qui ont suivi, 41 personnes porteuses du drapeau amazigh ont été arrêtées et incarcérées dans différentes prisons algériennes. Elles sont poursuivies sur la base de l’article 79 du code pénal pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » et passibles d’une peine allant de un à dix ans d’emprisonnement et une amende de 3 000 à 70 000 dinars algériens (20 à 500 Euros).
Depuis, quelques unes de ces personnes ont été libérées notamment à Tamanrasset, Chlef et Annaba. Mais à ce jour, 34 personnes sont toujours emprisonnées en attente de jugement.
Le 5 juillet dernier, Amnesty International déclarait « que le fait d’arrêter, de harceler et d’intimider une personne ou d’engager des poursuites contre elle uniquement parce qu’elle a porté un drapeau constitue une violation flagrante des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique et des droits culturels de la communauté amazighe, ces droits étant garantis par la
Constitution algérienne et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, auxquels l’Algérie est partie ».
Pour les avocats des « détenus du drapeau Amazigh », les faits matériels reprochés aux prévenus « ne constituent en aucun cas une atteinte à l’unité du pays, ni à aucune autre infraction prévue par la loi ». Or l’article 1 du code pénal stipule qu’il n’y a pas d’infraction, ni de peine ou de mesure de sûreté sans loi. De plus, l’identité et la langue amazighes sont inscrites dans la Constitution algérienne. « Il est donc inacceptable que des gens soient jetés en prison pour avoir brandi le drapeau amazigh » plaident les avocats des porteurs de l’emblème amazigh.
En conséquence, la fédération Régions et Peuples Solidaires (R&PS) tient à dénoncer fermement la détention arbitraire des porteurs du drapeau Amazigh en Algérie et exige leur libération immédiate et sans conditions.
Par ailleurs, R&PS constate avec consternation les violences systématiques et répétées ainsi que les actes de harcèlement commis contre les Amazighs en Algérie et notamment contre les défenseurs des droits des peuples Kabyle, Mozabite et Chawi. Les abus de pouvoir commis au nom de l’Etat algérien ont conduit à des incarcérations pour motif politique, à l’exil forcé et à la mort comme celle du Dr Kamel-Eddine Fekhar, décédé en prison le 28 mai dernier après 53 jours de grève de la faim. Son avocat, Maitre Salah Dabouz est placé sous contrôle judiciaire sans motif légitime, juste pour le punir de continuer à défendre les Mozabites.
La fédération R&PS dénonce et condamne avec force la politique du gouvernement algérien de stigmatisation et de criminalisation des Amazighs d’Algérie. Elle affirme que le peuple Amazigh, peuple autochtone de l’Algérie et de tout le nord de l’Afrique, doit vivre dans la liberté et la dignité dans son propre pays et qu’elle se tiendra à ses côtés en toutes circonstances.
Vive l’amitié entre les peuples !
Ce communiqué est paru sur RPS