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Marie-José Wilborts
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Mireille Chrisostome
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Résistantes bretonnes
Le rôle parfois héroïque, toujours courageux, des résistantes bretonnes pendant la Seconde guerre mondiale est méconnu mais relativement bien documenté dans les archives départementales. L'historienne Isabelle Le Boulanger a dépoussiéré tout cela.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 23/11/18 1:38

Le rôle, parfois héroïque, toujours courageux, des résistantes bretonnes pendant la seconde guerre mondiale est méconnu mais relativement bien documenté dans les archives départementales. L'historienne Isabelle Le Boulanger a dépoussiéré tout cela pour nous.

Resistantes bretonnes

Traditions et transgressions

Elle publie chez COOP BREIZH un ouvrage majeur sur l'épopée ou le calvaire de ces oubliées dans un ouvrage intitulé Bretonnes et Résistantes (1940-1944) Une approche sociologique d'un engagement hors norme. "Hors normes" ? Oui car il faut se rappeler que ces femmes n'avaient à l'époque pas de droits civiques. Même dans la résistance, les hommes ne leur confiaient le plus souvent que des rôles subalternes comme héberger ou convoyer des pilotes alliés abattus, transmettre des courriers cachés dans le guidon de leur vélo, espionner la werhmacht ou voler des cartes d'identité quand elles travaillaient à la mairie. Pourtant ces Bretonnes ont transgressé à la fois les lois en vigueur, le dictat de l'occupant, et le rôle traditionnel attribué aux femmes dans la société de 1940.

Isabelle Le Boulanger a dépouillé 1173 dossiers de Bretonnes ayant obtenu à la libération une carte de combattante volontaire de la résistance (CVR). Elle a fait une fiche biographique pour chacune d'entre-elles. L'historien Christian Bougeard, dans la préface, pense qu'il y en a eu bien plus que ces 1173 car beaucoup n'ont pas estimé devoir faire la demande de la carte CVR. Toujours cette modestie de nos Bretonnes, cette extrême pudeur, qui existe encore aujourd'hui.

Un combat pour la liberté

Même si elles n'avaient pas porté les armes, beaucoup ont été torturées par la Gestapo afin d'obtenir des informations sur les réseaux auxquels elles appartenaient. Les pires violences dont elles ont étés victimes se sont déroulées en France, aux sièges régionaux de la Gestapo à Angers ou à Rennes, parfois à Brest. Certaines y ont été assassinées après avoir été torturées comme Mireille Chrisostome des Côtes-du-Nord. Ayant refusé de parler, elle est torturée par la milice et sera fusillée dans les bois le 14 juillet 1944 à l'âge de 20 ans. Dans son réseau se trouvait Alain Poher, futur président du Sénat et Président de la république par intérim.

Celles qui ne sont pas libérées par manque de preuves sont condamnées à mort, mais leurs peines sont souvent commuées en travaux forcés. Déportées en Allemagne, elles vécurent la faim, le froid, la promiscuité, la vie de misère avec pour seules possessions une couverture et une gamelle. Ce travail forcé était tout simplement de l'esclavage. Bien pire même, car l'oncle Tom avait sa "case". Les esclaves américains avaient des familles, élevaient des enfants, cultivaient des légumes. Dans les camps de travail c'était l'enfer.

La question qu'on peut se poser : savaient-elles ce qu'elles risquaient quand elles glissaient un message dans le guidon de leur vélo ? Pouvaient-elles imaginer la cruauté des miliciens ? Pouvaient-elles imaginer un camp ce concentration ?

Le Boulanger a comptabilisé 430 arrestations sur les cinq départements et 201 déportations principalement vers le camp de prisonniers pour femmes de Ravensbrück près de la frontière polonaise au nord de Berlin. Sur 132 000 déportées à Ravensbrück, entre 70 000 et 90 000 y périront. 7% des prisonnières étaient des Françaises et parmi elles des Bretonnes. En 1945, à la fin de la guerre, comme les Russes approchaient, les déportées survivantes furent redirigées vers Mauthausen en Autriche, dans des conditions effroyables appelées "marches de la mort".

Henriette Le Belzic : De Nantes à Mauthausen en passant par Ravensbrück

Seulement 33 Bretonnes seraient mortes en déportation, un chiffre bas surprenant, mais les résistants n'étaient pas exterminés systématiquement comme le furent les juifs ou les tziganes. Même condamnée à mort, Henriette Le Belzic reviendra, échappant de justesse à la mort à Mauthausen. Elle a laissé un mémoire poignant de 25 pages dactylographiées qu'Isabelle Le Boulanger publie en même temps dans un petit livre intitulé Henriette Le Belzic, résistante déportée. Mémoire d'une Bretonne dans l'enfer concentrationnaire nazi.

L'auteure

Isabelle Le Boulanger est docteur en histoire contemporaine, enseignante et chercheuse associée au Centre de recherche bretonne et celtique de Brest. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages sur les mentalités bretonnes à l’époque contemporaine notamment

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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