Le directeur de la DIRO vient d'informer notre collectif, par courrier daté du 29 mars, que les panneaux installés sur les voies express de l'Etat en Bretagne seront désormais bilingues. Les premiers panneaux verront le jour au mois de juin. Ces panneaux seront paritaires, c'est-à-dire que les mentions en breton seront du même format que les mentions en français, évitant ainsi toute discrimination. Nous resterons cependant vigilants lors de leur mise en œuvre. Nous souhaitons par ailleurs que cette signalétique soit installée le long des routes de l'ensemble de la Bretagne, Loire-Atlantique comprise.
C'est le résultat d'une longue lutte menée depuis des années par notre collectif, et avant lui par d'autres militants de la langue bretonne. Cette victoire démontre une fois de plus que la lutte porte ses fruits, surtout lorsqu'elle a recours à la désobéissance civile. L'Etat reconnaît ainsi la légitimité et la pertinence de nos revendications.
Cette avancée permettra de combler un peu le retard qu'a la France vis-à-vis des autres pays Européens en matière de respect des peuples et des langues minoritaires. Elle ne doit cependant pas masquer la situation périlleuse dans laquelle se trouve la langue bretonne, toujours classée en sérieux danger d'extinction par l'UNESCO.
Nous espérons que cette avancée de la part de l'Etat entraînera un sursaut de la part des élus des collectivités locales bretonnes. En effet, la politique linguistique de la région Bretagne au stade du symbole et les moyens alloués sont encore ridiculement faibles comparés à d'autres pays en Europe (Pays de Galles, Catalogne, Corse, Pays Basque notamment). De trop nombreuses communes et intercommunalités ne respectent par les engagement pris par les élus eux-mêmes vis-à-vis de la charte "Ya d'ar brezhoneg". La plupart des services publics ne sont pas encore disponibles en langue bretonne, que ce soit à l'écrit ou à l'oral. La place accordée à la langue bretonne reste encore extrêmement marginale dans les médias et les entreprises, alors qu'une demande sociale existe.
Cette avancée devra par ailleurs être accompagnée de progrès en matière d'enseignement en langue bretonne. La prochaine rentrée scolaire s'annonce très difficile pour Diwan. Il est impératif de donner les moyens à ces écoles de fonctionner correctement, et de se développer. De grandes craintes apparaissent également concernant l'enseignement bilingue dans les écoles publiques au vu des premiers pas de Mme. Armande Le Pellec Muller, la nouvelle rectrice de l'académie de Rennes, visiblement en opposée à l’enseignement en breton.
Alors, faut-il en venir à la désobéissance civile pour que nos droits soient respectés? Nous sommes tentés d'y répondre par l'affirmative, constatant trop souvent que les courriers, la pédagogie et les rendez-vous n'y font rien.
Nous appelons donc les élus et les services publics, en premier lieu la région Bretagne, mais également l'Etat, les communes et les intercommunalités à accélérer les mesures en faveur de la langue bretonne. De la même façon, nous appelons la société civile à la mobilisation pour permettre un avenir à notre langue, aux personnes qui la pratiquent et qui y sont attachés.