En 2016, la région Bretagne comptait 11 600 exploitations laitières, 772 000 vaches laitières et a produit 5,3 milliards de litres de lait. La Bretagne est leader en ce domaine même si souvent il y a surproduction.
Une bonne nouvelle, et dieu sait si les producteurs de lait bretons ont besoin de bonnes nouvelles puisque beaucoup d'entre eux produisent à perte, c'est la découverte récente que l'on peut fabriquer des plastiques biodégradables et hydrolysables avec des molécules issues du lait. Certes on peut aussi en faire avec des algues mais le lait semble plus prometteur du fait des difficultés évidentes de collecte en milieu marin.
En 1893 Auguste Trillat (1861-1944), avait découvert comment utiliser la caséine pour produire un polymère qu'il baptisa Galalithe. Ce plastique est biodégradable. Plus récemment, Frédéric Prochazka, chercheur à l'université Jean Monnet de Saint-Étienne, a trouvé une solution pour transformer plus facilement les protéines du lait - et tout spécialement du lait périmé, en une matière première plastique 100 % biodégradable, sans nocivité pour l'environnement et hydrosoluble à chaud et à froid, ce qui pourrait réduire la pollution de plastiques dans les océans. Ce plastique est même comestible !
Pour rappel : les plastiques traditionnels à base de pétrole contiennent des perturbateurs endocriniens et des métaux lourds. Ils sont dangereux pour la santé. La pollution des océans aurait atteint un tel point qu'un poisson sur dix contiendrait du plastique. Leur combustion produisent des fumées toxiques. Selon une étude de l’Université San Barbara de Californie (2017), 9,1 milliards de tonnes de plastique ont été déjà produites à date dans le monde ! Plus de la moitié de ce volume, soit 5,4 milliards de tonnes, a fini dans l’environnement.
Lauréate de nombreux prix, la start-up Lactips de Saint-Jean-Bonnefonds, près de Saint-Étienne, se lance dans la production industrielle en 2018 avec un prêt de 400 000 euros de Total Développement Régional (TDR). L'usine de production aura comme matière première la caséine et produira des polymères sous formes de granulés de plastiques.
Des tonnes de lait sont détruites tous les jours en Bretagne car périmées et impropres à la consommation. Très peu sont transformées en fromage ou finissent dans des aliments pour bétail à cause des réglementations sanitaires. Des tonnes sont déversées sur les champs. La production de plastiques pourrait-elle devenir une filière rentable pour le lait breton ? La filière est prometteuse d'autant plus que les principales usines de production de caséine sont en Bretagne. Un litre de lait produit 30g de protéines sous forme de caséine. La compétition sera rude puisque un litre de pétrole peut produire 430g de polystyrène !
Complété le 21/12/2017 10:00
Philippe Argouarch