Classée dans les "nouvelles campagnes en recherche d'équilibre" par la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (Datar)*, la Bretagne intérieure engage le débat sur son devenir. «Nous devons nous battre pour notre région», exprime Paul Houée, sociologue, faisant allusion au scénario qualifié de «plus probable mais inacceptable» par les experts de la Datar : les campagnes fournissant aux villes ce qui leur fait défaut.
Conscient de la position fragile du pays du Centre Bretagne, le Conseil de développement présidé par Pierre Norée, souhaite mettre en œuvre une stratégie de développement répondant à différents enjeux. «La fonction résidentielle s'affirme globalement dans les campagnes. Pour l'améliorer en Centre Bretagne, nous devons mener un travail sur les services, l'enseignement, l'animation culturelle, la qualité de vie… Nous manquons actuellement de logements». Le pays revendique son identité propre et compte sur une complémentarité ville-campa- gne, plutôt que sur une dualité.
«Même si nous n'avons pas d'entreprises de pointe (électronique…), nous devons diversifier les activités économiques et aussi apporter de la valeur ajoutée à notre agriculture. La Bretagne est la première région de production dans ce secteur, mais chute à la 16ème place pour le revenu par actif agricole», précise Paul Houée, pointant par ailleurs les incertitudes sur l'avenir de l'agriculture et des IAA générées par la Pac et la mondialisation.
Les mêmes effectifs qu'en 1962 en Bretagne centrale
Avec le retour de populations depuis les années 80, la Bretagne rurale a aujourd'hui retrouvé les mêmes effectifs qu'en 1962. Mais les habitants de l'intérieur de la région ont bien changé. «Les agriculteurs ont fortement diminué : les ménages agricoles actifs représentent aujourd'hui 8,5% de la population. Le nombre d'artisans, de commerçants et de petits entrepreneurs a aussi baissé. Les ouvriers se maintiennent».
«En tête des effectifs, les retraités représentent le 1/3 de la population. Ils ont des demandes en équipements et services et apportent du temps et des ressources. Les professions intermédiaires, le tertiaire, les cadres renforcent leur présence dans les campagnes». Toutes ces catégories devront se chercher de nouveaux modes pour vivre ensemble.
Agnès Cussonneau
* La Datar a présenté en septembre dernier une étude prospective intitulée «Quelle France rurale pour 2020 ». Parmi la diversité du monde rural français, les auteurs de l'étude dégagent 3 principaux visages : les campagnes des villes (périphérie des pôles urbains), les campagnes les plus fragiles (faible densité de population, moyenne d'âge élevée, activité à forte dominante agricole), les nouvelles campagnes (démographie stabilisée, activité agricole et agroalimentaire ou industrielle dynamique mais fragile).
Conférence-débat le 4 décembre à Loudéac
Concernant toutes les populations de la Bretagne intérieure, une conférence-débat est organisée le 4 décembre 2003 à 20 h au foyer municipal de Loudéac. Elle sera l'occasion d'un échange sur le développement du territoire et des relations avec les métropoles régionales. La soirée débutera par les interventions de Vincent Piveteau, conseiller Datar co-auteur du rapport, et de Paul Houée. La table ronde animée par Serge Hamon, rassemblera Marie Douillard (maire d'Allineuc), Jean Hélias (vice-président du Conseil régional), Jean-Claude Moy (président de la Chambre des métiers 22) et un représentant de la vie associative.
source: Le paysan breton
Philippe Argouarch