Il fallait faire la queue pour voir Gulîstan, terre de roses, au 39e Festival du cinéma de Douarnenez. Des séances supplémentaires ont dû être programmées.
Ce documentaire raconte un autre visage de la guerre presque jamais montré. Il n'y a pas de scènes des combats sanglantes. Pas un seul coup de feu n'est tiré. Le film se penche sur la formation des combattants au coeur des montagnes du Kurdistan dans une région calme: la "Terre des Roses" - ce paradis mythique du Moyen Orient. Ces femmes kurdes du Kurdistan irakien autonome se préparent à mourir debout. Mais avant, arrivées au front dans le désert, le film montre les longues nuits de veilles dans les tranchées autour de Mossoul. La guerre c'est 90 % d'attente et 10 % de carnage.
Le documentaire recrée l'intimité des combattantes, de la vie quotidienne, du partage des repas et des joies, des levers et couchers, de l'esprit de corps et de coeur et des sentiments d'amour qui unissent ces femmes à travers le tragique des combats d'une violence inouïe qui se préparent mais que le film ne montrera pas. Les longs silences dans la nuit avec au loin le bruit sourd des armes automatiques et des bombes, voilà le décor de la peur et de l'angoisse qui entourent ces fières combattantes.
Les femmes kurdes préfèrent combattre et mourir debout plutôt que de finir esclave d'un jihadiste de Daesh ou de croupir dans une prison turque. On regrettera la rhétorique marxiste désuète contre le capitalisme, surtout venant d'une combattante dont les armes sont fournies par les Américains sous un ciel dominé par l'US air Force qui les protège. D'autant plus que la réalisatrice est elle-même réfugiée au Canada. L'aviation américaine les protégera-t-elle aussi contre les chars turcs qui viennent d'entrer en Syrie ? That is the question.