Plusieurs événements se sont déroulés hier à Carnoët à la Vallée des Saints en présence de l'ambassadrice d'Irlande Géraldine Byrne Nason, de deux évêques et de trois prêtres dont l'archevêque de Rennes, Pierre d'Ornellas, de Philippe Abjean, président fondateur de la Vallée des Saints, du sculpteur Cyril Pouliquen, auteur de la nouvelle statue de Saint Colomban, de nombreuses associations et de plusieurs centaines de personnes y compris des motards puisque le pape a décidé récemment que Saint Colomban serait le patron des motards.
À quinze heures, ce fut l'inauguration de la statue qui n'est pas complètement achevée. Saint Colomban est un moine-missionaire irlandais né à Leinster en 540. Il a débarqué en Bretagne à Saint-Coulomb (le nom breton de Saint Colomban), près de Cancale, entre 580 et 590, avant de partir évangéliser une Europe qui venait d'être conquise par des peuples venus d'Outre-Rhin. Saint Colomban et ses disciples ont évangélisé l'Europe germanique. Ils ont fondé des douzaines de monastères en Gaule, en Allemagne et jusqu'en Italie lombarde où Saint Colomban est mort en 615. Sa règle monastique était très sévère et sa version du christianisme dite christianisme celtique fut remplacée progressivement par la version de Saint Benoît avec sa fameuse règle, appelée depuis règle bénédictine qui s'imposa partout dans l'Europe carolingienne et qui fut même la justification de plusieurs invasions franques en Bretagne. Le christianisme celtique prônait une approche mystique via l'ascétisme. Une relation directe avec le Dieu tout puissant. Héritée de Saint Antoine, cette approche sera reprise plus tard par Saint François d'Assise.
Lors de son allocution, l'archevêque de Rennes, reconnaissant l'oeuvre de Saint Colomban, a vite embrayé sur son rival Saint Benoît (480-543) qu'il considère comme le fondateur de la civilisation occidentale. Saint Benoît, en associant dans sa règle la prière et le travail (ora et labora), aurait posé les fondements de notre civilisation. En prônant le travail, il prônait le développement. Ora et labora serait à l'origine de l'expansion des monastères qui deviendront à la fois des centres urbains riches et laborieux et des centres culturels pérennisant traditions et savoirs. Il est clair que les ermitages celtiques isolés des villes correspondaient à une époque où la survie ne pouvait plus se faire dans des cités ravagées par la peste jaune et les invasions barbares. Le calme revenu, Saint Benoît s'est imposé partout, de gré ou de force, avec l'appui des papes, même si Saint Colomban reste celui qui a converti une Europe redevenue païenne, ou qui, pour une grande partie, l'avait toujours été.
Le second événement hier à Carnoët fut la pose de la première pierre de l'oratoire de Saint Colomban qui sera une copie de l'Oratoire de Gallarus situé dans la péninsule de Dingle à l'ouest de l'Irlande dans le Kerry. Composé de 7.000 pierres, chacun peut financer la sienne à raison de 10 euros. (voir le site)
Abjean a réaffirmé " un lien puissant, historique, spirituel entre l'Irlande et la Bretagne". " Il s'agit de réveiller l'âme d'un peuple " dans une " grande aventure culturelle et spirituelle de ce nouveau siècle " a proclamé Philippe Abjean du haut de la colline près de la motte féodale où va être érigé l'oratoire.
En huit ans, la Vallée des Saints a reçu 200.000 visiteurs et se compose déjà de 80 statues. D'autres viendront dans ce lieu de mémoire en passe de devenir le coeur spirituel de la Bretagne. 1.500 villages et lieux-dits bretons portent le nom de ces héros du haut Moyen Âge.