Rencontre avec Bang Hai Ja, Maël Bellec, Matthieu Dorval et Christine Jordis.
Samedi 6 août à 15 h.
À l'occasion de leur venue à l'École des filles, écrivain, peintres et commissaire d'exposition confrontent leur point de vue sur les rapports entre tradition et peinture contemporaine, en Corée et en Asie.
Partant de la vie et de l'oeuvre de Chusa, un des plus grands maîtres de la calligraphie coréenne au XIXe siècle, Christine Jordis, les artistes Bang Hai Ja et Matthieu Dorval et le conservateur du musée Cernuschi, Mael Bellec, cheminent dans les traces d'un sage, entre Orient et Occident.
Un aller-retour entre calligraphie et abstraction, littérature et peinture, encre et couleur, péninsules coréenne et bretonne.
Née en Algérie, Christine Jordis a étudié à la Sorbonne et à Harvard. Elle a été responsable de la littérature au British Council et a dirigé pendant vingt ans la littérature de langue anglaise aux éditions Gallimard. Collaboratrice du Monde des livres, elle est membre du Prix Femina et, depuis 2013, fait partie du comité de lecture de Grasset.
Des éditions du Seuil (Gens de la Tamise et d'autres rivages) aux éditions Gallimard (Une vie pour l'impossible), elle est l'auteure d'une quinzaine de livres, tous primés. William Blake ou l'infini, paru chez Albin Michel, a reçu le Grand prix SGDL de l'Essai en 2014. Son dernier ouvrage, Paysage d'hiver. Voyage en compagnie d'un sage, retrace la vie de Chusa, de son vrai nom Kim Jeong-hui, est né en 1786 et mort en 1856. Son domaine, c'était l'écriture, il en inventa d'ailleurs une : à la fois peinture et poésie, le « chusache ». Mais il fut aussi ministre du roi, inspecteur royal secret, directeur de la grande université confucéenne, jusqu'à ce jour de 1840 où il est envoyé en exil sur l'île de Jeju. Tout fascine dans la vie de Kim Jeong-hui : sa pensée, son art, la façon dont il sait lier action et contemplation, sa sérénité absolue obtenue au travers d'une vie déchirée. « C'est tout cela, écrit Christine Jordis, qui m'a décidée à entamer ce voyage intérieur et à enquêter sur l'art et la sagesse de celui qui est considéré comme le plus grand calligraphe de son époque. Qu'il ait vécu en un temps si lointain, en une partie du monde si éloignée de la nôtre, ne me fut pas un obstacle. Bien au contraire. Les valeurs auxquelles il adhérait dans la Corée confucéenne, l'écoute de l'autre, sens des responsabilités, pourraient bien s'imposer comme un contrepoids nécessaire à la brutalité d'une époque, la nôtre, qui a perdu ses repères ».
Immense artiste de la première génération de peintres abstraits coréens, Bang Hai Ja n'a jamais oublié l'influence fondamentale sur son propre travail de Chusa et de sa calligraphie.
Installée en France depuis 1961, elle entretient en permanence un pont entre Orient et Occident, à partir de papiers coréens, d'ocres de Provence, de techniques anciennes et modernes. Elle nous fait entendre sa voix et son regard de peintre, primée de nombreuses fois à travers le monde et présente dans les musées internationaux comme l'a montrée, cette année, l'exposition « Séoul, Paris, Séoul » du musée Cernuschi. Mais c'est aussi une parole poétique de celle qui a eu l'occasion de s'initier à une profonde spiritualité des monastères bouddhistes jusqu'aux chapelles occidentales, au plus près de l'art de l'icône et du vitrail.
Artiste incandescent, coloriste redoutablement doué, Matthieu Dorval n'a jamais laissé personne indifférent. Son style inégalable, entre expressionnisme abstrait et peinture chinoise, ses bleus et sa lumière accompagnent un monde en pleine mutation, à l'assaut d'un nouveau siècle. Au-delà des époques, au-delà des continents, entre Orient et Occident, ses oeuvres résonnent dans un inconscient collectif et continuent d'enchanter notre quotidien. De retour de Chine, évoluant dans les pas de Marco Polo, il nous offre un aller-retour entre des esthétiques diverses, de continuités en ruptures, entre tradition et modernité.
Maël Bellec, conservateur au musée Cernuschi, spécialisé en art extrême-oriental et commissaire de l'exposition « Séoul, Paris, Séoul » reviendra sur les nombreux liens qu'entretient l'art contemporain coréen avec son contenu traditionnel. Il montrera comment la modernité tapageuse de Séoul et des grandes industries coréennes, tout autant que la vogue de l'art coréen contemporain, notamment lorsqu'il s'agit de l'art des nouveaux média, font souvent oublier les bases traditionnelles sur lesquelles s'appuient de très nombreux artistes de la péninsule, comme Bang Hai Ja ou Won Sou Yeol. Pourtant, la compréhension de leur travail, au-delà de sa simple appréciation esthétique, gagne souvent en richesse lorsque son ancrage dans l'histoire coréenne ancienne est ramené au jour.
Informations pratiques
25 rue du Pouly
29690 Huelgoat
+33 (0)2 98 99 75 41
contact [at] ecoledesfilles.org
Retrouvez toute la programmation sur : (voir le site)